SPACE CODEX : L'avènement du Symbiote

Le prix de l'orgueil

— Alors ? Impressionné ?!

Igmar exhibait son nouveau bracelet kantorien devant son invité. Yon ne comprenait toujours pas comment il s'était retrouvé dans cette discussion. Après avoir passé quelques minutes à se réconcilier dans le salon de Mira, les trois compères avaient décidé de descendre profiter de l'hospitalité de l'érudit Igmar. Ce beau-parleur s'était tout de suite jeté sur Yon, afin de se rapprocher autant qu'il pouvait du Fils Prodige de la Cité.

— Il m'a coûté quelques plaquettes, mais avec ce que me paie ton père, j'ai pu aisément me le permettre. L'argent de l'Institution est bien investi pour ma part.

— Dans des breloques ?

Igmar s'esclaffa. Son rire quelque peu forcé fit frissonner de dégoût son interlocuteur.

— Tu n'as pas changé ! Le verbe facile et la répartie cinglante ! Tu n'es pas le fils du Grand Maître pour rien.

— Bon, je vais essayer de me trouver un mets consistant. Tu n'aurais pas vu Ryan ?

— Le mercenaire ? Je ne l'avais même pas vu arriver. Ses neurones risquent de surchauffer s'il entame une discussion avec un autre invité.

Avec un autre éclat de rire, Igmar attrapa un verre des mains d'un de ses invités. Lorsque celui-ci se retourna pour protester, l'érudit supérieur gonfla ses muscles devant lui. Le frimeur profitait beaucoup des salles de culture physique de l'Institution, seul moment où il se mêlait aux mercenaires, et était très fier des résultats de son entraînement. Il ne manquait aucune occasion de montrer sa carrure, ce qui avait pour effet de désoler Yon. Devant la démonstration pleine de testostérone d'Igmar, le jeune invité, probablement un novice, s'éclipsa.

— Dis-moi, mon ami.

« Je ne suis pas ton ami » pensa Yon.

— J'aimerais demander une faveur à ton père.

« Pour changer... »

— Penses-tu qu'il pourrait plaider en faveur lorsque je demanderai aux Joval la main de Mira ?

Yon se plia en deux, pris d'une violente quinte de toux. Tandis qu'Igmar riait à nouveau, le Fils Prodige expulsa, de quelques crachats, le cocktail qui avait fait fausse route. Imaginer son amie mariée à cet animal de foire le révulsait.

— Je sais, c'est surprenant. J'ai effectivement caché cela, mais j'aime Mira depuis plusieurs années déjà.

— Tout le monde est au courant Igmar, tu n'as rien caché du tout. Tu peux arrêter d'y croire, si tu veux mon avis.

Le bellâtre perdit son sourire. Sa houppette blonde, que Yon trouvait ridicule, se pliait au gré du vent. Le Fils Prodige attrapa un verre qui se trouvait sur une table à proximité. Faisant signe à un synthétique, il se fit servir un nouveau cocktail. Se tournant à nouveau vers Igmar, il eut un pas maladroit et manqua de tomber à la renverse. L'alcool décupla son irritation quant à la demande d'Igmar.

— Je ne parlerai pas de cela à mon père. Il y a des affaires bien plus importantes à ses yeux. De plus, Mira ne t'aime pas ; elle a déjà quelqu'un d'autre.

— Ah oui ? Et qui est-ce ?

Yon afficha un sourire narquois.

— Peut-être quelqu'un qui ne craindra pas tes biceps, qui sait. Peut-être même quelqu'un contre qui tu détesterais perdre la face.

— Tu veux dire...

— Oui. Et je pense bien que tout est bien concrétisé entre eux. Tes louanges à l'égard de Mira ne sont plus vraiment appropriées.