Princesse Anastasia

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Consigne : Écrire une scène romantique en incluant dans votre texte trois mots choisis au hasard.

Maximum de mots autorisés: 1300

Le texte doit être original et romantique.

Pour faciliter votre recherche, je soulignerai et mettrai en gras les trois mots qui m'ont été attribués par @apprenti0auteur

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— Henryouuuuuu ?

— Oui mon vilain petit canard ?

Des secondes s'écoulèrent avant qu'Anastasia ne passe sa tête blonde par l'ouverture du dressing.

— Pourquoi tu m'affubles de ce surnom ridicule ? Tu sais à quel point je déteste mon prénom, et maintenant tu en rajoutes un peu plus avec ce... canard.

Depuis quelques jours, Henry sentait son appréhension prendre le dessus, sachant que son patron avait accepté de l'appuyer dans son plan insensé. Tout d'abord considéré comme un simple rancard, le jeune homme avait invité sa dulcinée au spectacle de patinage de Disney sur glace qui se produisait dans l'aréna pour lequel il travaillait. Trop heureuse que son amoureux réalise un de ses rêves de jeunesse, les cris de joie d'Anastasia s'étaient répercutés, des jours durant, dans les oreilles de son petit ami.

Prise d'une allégresse toute nouvelle, elle avait frappé des mains comme une gamine et s'était aussitôt mise à courir dans toute la maisonnée en comprenant qu'elle aurait l'occasion de porter l'une des robes de princesse qu'elle collectionnait depuis des années. C'est à ce moment précis que le jeune homme avait décidé de mettre son projet à exécution, découvrant une nouvelle facette d'Anastasia qui lui plaisait davantage encore, s'étonnant du même coup que cela soit possible de l'aimer encore plus qu'avant. Bien qu'il était serein avec sa décision, le brun resta très angoissé, de peur qu'elle découvre son secret avant l'heure.

En ce beau samedi après-midi, tout se mettait enfin en place, et Henry apprécia d'autant plus de devoir lui rappeler à quel point il l'adorait. Pour l'amadouer, le jeune homme lui fit un sourire charmeur. D'ici la fin de la journée, il espérait bien réussir à lui faire apprécier son prénom, même s'il représentait celui de l'horrible demi-sœur de Cendrillon.

— Tu es ma reine, et non mon vilain petit canard, s'excusa-t-il en lui offrant un baise-main.

— Tu es adorable, Henryouuuuuu ! Avec tout ça, j'ai oublié ce que je voulais te demander, sermonna gentiment la femme.

Elle lui donna un baiser fugace pour lui montrer qu'elle lui pardonnait.

— Mon rouge à lèvre sera ruiné si je t'embrasse davantage, se désola-t-elle en tournant sur elle-même pour soulever les pans de sa lourde jupe bleu ciel parée de rubans de soie blancs.

Comme si le patron d'Henry venait de voir Anastasia dans son corset brodé, le téléphone du jeune homme tinta. Un message très attendu apparut, soulignant du même coup le début de la deuxième phase de son plan. Tel que prévu, le brun apprit à sa douce moitié que celui qui devait passer la surfaceuse à sa place était malade et qu'il ne pouvait se dérober à sa tâche sans risquer que l'un des patineurs ne se blesse.

— Oh ! Mais je suis déjà prête, murmura la jeune femme attristée.

— Viens tout de même avec moi, ma reine, je te promets de venir te rejoindre dès que j'aurai terminé. On pourra regarder la seconde partie ensemble.

— Ce sera moins intéressant sans toi, mon prince.

— Moi ? Un prince ? À moins de me prêter tes bottes roses, je ne vois pas ce que mon jean et mon t-shirt peuvent avoir de si royal. Et encore là, cette couleur ne sied qu'à une jolie princesse comme toi.

— Mhooo ! Je t'aime de tout mon cœur, gloussa-t-elle. Ce n'est pas si grave que tu ne sois pas avec moi. Je vais profiter du spectacle en t'attendant.

Au grand plaisir de la jeune femme, Henry fit un pas de danse avec Anastasia et l'emmena dignement jusqu'à son lieu de travail. Comme un gentleman, il l'installa dans la première rangée, là où elle s'émerveillerait de ses personnages préférés. Quelques enfants l'accaparèrent, croyant rencontrer une véritable princesse. Elle se prêta au jeu tandis qu'Henry s'en alla faire son soi-disant boulot.

Le temps passa agréablement vite pour la jeune femme et les fillettes obnubilées par sa belle robe satinée. À l'entracte, Anastasia eut l'occasion de saluer son amoureux qui lui envoya de doux baisers papillons soufflés du haut de sa surfaceuse. Lorsque le travail d'Henry se termina, la salle s'impatienta car les patineurs ne revinrent pas comme cela était prévu.

Ce n'est qu'à l'instant où un homme en costume à queue-de-pie s'approcha et tendit une main vers la jeune femme que les lumières s'éteignirent et qu'un long tapis se déroula jusqu'aux pieds de la fausse princesse. On ouvrit une porte dissimulée et Anastasia se retrouva à marcher au bras d'un inconnu jusqu'au centre de la glace, le cœur palpitant à cent à l'heure.

Soudain, un patineur habillé d'un magnifique habit princier de couleur rouge fit son entrée. Plus il se rapprocha, plus Anastasia découvrit les détails minutieux qui composaient le splendide ensemble. Les boutons dorés scintillaient, la fine lisière ocre chatoyait et le haut col rond qui frôlait le menton aristocratique du prince le mettait en valeur. En quelques enjambées, le patineur glissa jusqu'à elle en effectuant de superbes arabesques.

Ce n'est qu'au moment où il arriva devant Anastasia qu'elle reconnut enfin son petit ami.

— Henry ?!

— Oh ! Princesse Anastasia, commença-t-il avec véhémence en levant un bras vers les spectateurs. Vous qui êtes la plus belle, oseriez-vous promettre votre si jolie main et devenir la reine de mon cœur. Votre prince Henry se meurt d'amour pour vous et aimerait vous offrir sa loyauté ainsi qu'une vie où il vous aurait à ses côtés pour régner sur son modeste appartement.

Piétinant de ravissement, Anastasia porta ses poings sous son menton et laissa couler une larme. Henry s'agenouilla et lui présenta un écrin ouvert sur un anneau d'or serti de pierres précieuses.

— OUI ! OUI ! s'exclama-t-elle avant de se jeter à son cou.

La glace lisse déséquilibra Anastasia qui s'effondra contre son prince. Celui-ci tomba à son tour à la renverse en l'accueillant dans ses bras protecteurs.

— Alors princesse Anastasia, crois-tu toujours que ton prénom est infâme ?

—Répète-le, mon chéri. Répète-le !

— Princesse Anastasia, lui souffla-t-il à l'oreille en rigolant.

Inconsciente de la salle qui hurlait sa satisfaction face à un si beau spectacle, Anastasia embrassa son prince charmant avec toute l'ardeur dont elle était capable. Peu lui importait de perdre son rouge à lèvre, l'important c'était la réalité, et elle s'avérait encore plus belle qu'un conte de fée.

Rose bleuté (Pink lock)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant