Just my Teacher

Chapitre 1

25 août 2023, Malibu

Marion

Je lève les yeux de mon bouquin, le soleil apparaît devant moi, son reflet dans l'océan arbore des couleurs orange et rouges venues de l'est de la plage. Un léger vent caresse ma peau, faisant voler mes cheveux en arrière, tandis que de petits grains de sable se cachent dans ma chevelure. Des petits frissons parcourent mes jambes. Un groupe de surfeurs prépare leurs planches et s'équipent pour la session matinale, tandis qu'un groupe de femmes pratique le yoga sur la plage. Les postures m'amusent et me font sourire. Admirer le soleil se lever est mon rituel préféré, un moment rempli de calme et de beauté. Je me lève et fais quelques pas avant que mes pieds ne touchent une première fois l'eau peu chaude de l'océan Pacifique. Je marche en direction de l'est pour admirer le final de ce sublime lever de soleil, je prends mon téléphone pour immortaliser ce moment de ma journée et me rends compte qu'il est déjà 7 heures. Dans 1 heure, je dois être au café pour rejoindre mes amies, et dans exactement 2 heures, la nouvelle année en commerce international à l'université Pepperdine de Malibu commence.

Mes yeux restent bloqués quelques instants sur les surfeurs au loin, les souvenirs me reviennent. Il y a encore dix mois, c'était mes amies et moi qui nous levions tôt le matin avant les cours pour aller prendre quelques vagues. Se lever à cinq heures, enfiler un maillot, une combinaison, faire un rapide chignon, prendre sa planche et la voiture, puis venir ici. Nous surfons de 5 heures 30 à 7 heures avant de nous précipiter pour nous préparer pour nos cours.

Depuis mon accident, mes amies ne viennent plus surfer le matin. Pour elles, si je ne suis pas là pour prendre les vagues avec elles, il n'y a plus d'intérêt. J'ai proposé de les rejoindre pour les regarder, mais elles ont refusé. Elles accepteront de reprendre le surf le matin quand je serai à nouveau apte à les accompagner. En attendant, elles surfent en fin de journée de temps en temps pour ne pas perdre la main.

Je vois bien qu'elles font en sorte de ne pas me contrarier, de ne pas trop parler de surf. Elles veulent m'aider et me faire oublier mon accident, et c'est la chose la plus adorable qu'elles puissent faire. Mais oublier une chute aussi importante ne se fait pas en quelques mois, et je ne peux pas m'y forcer. J'ai peur de l'océan, j'ai peur de ma planche, j'ai peur des vagues, j'ai peur de retomber. Je ne peux pas aller au-delà de mes peurs aussi facilement sinon je l'aurais déjà fait depuis longtemps.

J'aimerais pouvoir les rassurer et leur dire que je reviendrai très bientôt sur les vagues avec elles, mais pour le moment, mon cerveau bloque, il refuse de retenter l'expérience. L'angoisse surgit dès que mes cuisses entrent en contact avec l'eau. Au moins je peux encore mettre les pieds dans l'eau sans avoir de crise de panique.

Vous connaissez mon pire souvenir de surf, mais mon meilleur souvenir de surf, vous devez aussi le savoir. On ne peut pas montrer que le mal dans les histoires alors qu'il y a eu énormément de bons moments.

C'était il y a deux ans. Nous sommes partis en compétition de surf à Hawaii, je voulais absolument voir les tortues, mais nous n'avons pas eu l'occasion d'y aller à cause des entraînements intensifs avant la compétition. Le jour J, nous avons pris les vagues avec plusieurs autres villes et pays. Au départ, l'océan n'était pas très agité, et ce n'était pas très compliqué. Puis, les vagues ont commencé à bien arriver. Nous avons pris une vague d'une taille assez grande, et dans les vagues, un petit groupe de tortues nageait. Je n'avais jamais vu des tortues en pleine nature, et ce jour-là, elles étaient à moins de 2 mètres de moi. J'en garde un souvenir tellement beau, comme si la petite fille que j'étais à 3 ans rencontrait le Père Noël pour la première fois.

D'un coup, mon téléphone se met à sonner, m'arrachant à mes rêveries. Odile m'appelle, je me rends compte que je viens de passer 45 minutes à rêver, et que je devrais déjà être au café.