Just my Teacher

Chapitre 2

Marion

La journée à l'université de Malibu commence avec un retard pour nous, on monte tous les six dans la voiture de Julien. On fait un rapide détour par les toilettes avant notre premier cours de la journée. Retrouver notre classe et nos professeurs de l'année dernière n'est pas quelque chose qu'on attendait avec beaucoup d'impatience.

L'heure du déjeuner arrive tant bien que mal. Avec Nadia et Odile on décide de prendre le risque de sortir déjeuner au Starbucks au coin de la rue. Évidemment, on ne fait pas attention à l'heure et on reprend le chemin de l'université en retard, sachant que le cours avait déjà commencé depuis 20 minutes. On espère que le nouveau professeur sera compréhensif le premier jour et acceptera leur retard sans trop de problèmes.

Malgré cela, on s'active pour retourner en classe. Lorsqu'on arrive devant la salle, Nadia toque à la porte. Une voix assez grave nous dit de rentrer. On rentre dans la salle et je me retrouve face à l'homme que j'ai rencontré quelques heures plus tôt. C'est Nadia qui prend son courage à deux mains et répond :

- Nous avons commencé il y a déjà 30 minutes.
- Nous le savons, nous sommes désolées.
- Allez-vous installer et assurez-vous d'être à l'heure à l'avenir.
- Bien sûr.

On prend nos places. Je sors mon ordinateur et mon cahier, puis je lève les yeux et remarque que je suis observée.

- Je peux avoir vos prénoms ?
- Odile Lewis.
- Nadia Miller.
- Et vous ?
- Marion, Marion Cooper.
- Monsieur Anderson pour moi.

La façon dont Monsieur Anderson répond est assez arrogante, en particulier envers moi. Tout le monde remarque rapidement qu'il n'y aura pas une bonne entente entre nous. Julien envoie un message dans notre groupe, je lui réponds pour confirmer que c'est bien lui, et j'entends une voix derrière moi.

- J'ai bien compris que les règles n'étaient pas votre fort, Mademoiselle Cooper, mais dans mon cours, ce sont mes règles. Arriver à l'heure et pas de téléphone en classe en font partie.
- Je suis en train de ranger mon téléphone, pas la peine de me le rappeler.
- Évitez de me répondre de cette manière à l'avenir.

Les deux heures de cours sont longues, même si le contenu est intéressant, Monsieur Anderson m'agace. Je ne peux m'empêcher de me demander comment il peut être avec sa propre famille. Je peux voir dans son regard qu'il n'est pas ravi de m'avoir dans sa classe, mais je sais qu'il devra me supporter toute l'année à venir, même si je n'ai pas l'intention de suivre strictement toutes ses règles, du moins pas toujours.

Je décide de me faire discrète au début pour éviter de provoquer Monsieur Anderson. Je ne compte pas parler de l'incident du matin à ma famille, alors j'essaie d'éviter de le contrarier trop afin qu'il ne convoque pas mes parents. Je ne peux garantir que je vais y arriver, mais je peux au moins essayer.

J'entends Monsieur Anderson mentionner un exposé oral qui aura lieu très prochainement, tandis qu'à l'autre oreille, Julien parle de surf avec Ricardo. Apparemment, je ne suis pas la seule à penser à autre chose, même si je sais que Julien et Ricardo n'ont pas l'habitude de beaucoup travailler ensemble. Je tourne la tête pour jeter un coup d'œil rapide, et je remarque que Margot, l'une des filles les plus populaires du lycée, a les yeux rivés sur le torse de Monsieur Anderson. Je sais que Margot a la réputation de sortir avec beaucoup de garçons, ce qui la rend pathétique à mes yeux, tout comme son amie Betty.

- Est-ce que Mademoiselle Cooper veut bien sortir de ses pensées ?
- Je vous écoute.
- J'espère bien, car vous serez la première à passer.
- Pas de problème, monsieur.
- Et je vous conseille d'arrêter avec ce sourire en coin.

Enfin, la sonnerie retentit, ce qui signifie qu'on peut enfin quitter la salle. J'entends Monsieur Anderson dire au revoir, mais ma petite voix intérieure me dit que je ne vais pas être polie cette fois-ci. Je quitte la salle sans dire un mot, mais lui lance un regard qui en dit long, un regard qui signifie "vous êtes un idiot."

On se rend à la cafétéria pour prendre un café avant de travailler à la bibliothèque. Heureusement, les filles ont écouté le cours et peuvent expliquer ce que le professeur attend de notre exposé. Il doit s'agir d'une présentation de nous-mêmes, avec une photo, une description et une explication sur pourquoi nous sommes là. Je sais que je serai la première à passer, ce qui signifie que Monsieur Anderson sera très attentif et ne manquera pas de me critiquer s'il constate un manquement à ses exigences.

On travaille sur nos exposés pendant un certain temps, on s'entraide pour trouver nos qualités et nos défauts. J'écoute de la musique avec un écouteur pour avoir un fond musical. Lorsqu'il est déjà 17 heures, je me rends compte que je suis loin d'avoir terminé. Parler de soi-même pendant dix minutes me semble excessif, je ne veux pas lui raconter ma vie en entier.

- Ton professeur préféré à dix heures.
- Il doit chercher la définition d'arrogance.
- Roh, tu exagères, moi je l'aime bien, il est gentil.
- Nadia a raison, j'ai parlé tout le cours avec Ricardo, et il n'a rien dit, même s'il nous a vus.
- Il reste un idiot.

Soudain, je sens une présence derrière moi, et en voyant le sourire d'Odile, je comprends rapidement que Monsieur Anderson est juste derrière moi.

- J'ai une question, est-il obligé de durer dix minutes ?
- Non, pas du tout, mais au moins cinq minutes quand même.
- Merci.
- Évidemment, pour vous, Mademoiselle Cooper minimum 8 minimum
Je m'en serais douté, et vous allez chronométrer, je suppose.
- Je ne manquerais pas. Bonne soirée.

Donc je dois tenir huit minutes pour mon oral, il va me chronométrer, et je suis à peu près sûr qu'il m'a entendu parler avant. Ça m'étonne encore qu'il ne m'ait pas collé ou encore renvoyé de son cours.

On quitte la bibliothèque à la fermeture, donc à 18 heures 30. Ce soir, je dors chez Odile, parce que demain matin, on a l'audition pour les cheerleaders. Elle m'a convaincu d'essayer d'en faire partie avec elle. Je vais sûrement passer une partie de ma nuit à bosser sur ce fichu oral, et demain à 8 heures, on doit être au gymnase. Je ne veux même pas imaginer dans quel état je vais me présenter.

En arrivant chez Odile, l'odeur de la pizza arrive à nos narines, on oublie très rapidement notre journée. Sa mère sait comment nous accueillir après une rentrée, on dîne tous ensemble dans une très bonne humeur, on oublie le temps qui passe. Après le dessert, on est monté dans sa chambre se doucher et changer pour ensuite bosser sur nos oraux et répéter la chorégraphie pour l'audition. Quand je danse, j'ai l'impression d'être coincée. Enfin, danser est un grand mot, sauter dans tous les sens, oui. Je ne vois pas ce qu'il y a d'intéressant à être dans l'équipe de cheerleaders. Enfin bon, je le fais uniquement parce qu'Odile y tient, que je lui ai promis, et surtout parce que c'est ma meilleure amie depuis toujours.

Elle a fini son oral avant moi, alors évidemment elle a pu dormir bien avant. Il est 2 heures, et je n'ai toujours pas terminé. Ça paraît simple de parler de soi, mais non. Trouver quoi raconter, trouver les bonnes photos et vidéos, enfin bref, c'est compliqué. Je termine à 3 heures 30, je me suis endormie très rapidement ensuite, mais pas pour très longtemps.

Le réveil sonne à 6 heures 30, se lever avec trois heures de sommeil ce n'est pas si facile. Elle me connaît trop bien, elle a débarqué dans la chambre avec un grand café pour m'aider à me réveiller. Une chose que je ne fais jamais, c'est prendre un petit-déjeuner, sauf ce matin. La mère d'Odile nous y a obligées, elle dit qu'on ne doit pas faire de sport sans avoir le ventre plein. Les œufs au plat de Béatrice sont merveilleux, alors ce n'est pas si compliqué à manger.

C'est elle qui nous dépose à l'université ce matin. On a longé les plages de Malibu, qui sont déjà bien animées pour 7 heures 45. Elle nous a motivées pendant tout le trajet. J'en avais besoin, grandement besoin. Je sais qu'Odile sera à la hauteur, mais moi, je ne le serait pas. Un dindon ferait la chorégraphie plus joliment que moi.