Je recule d'un pas. Cynthia a l'air d'avoir un pétale de coquelicot posé sur chaque pommette. Elle est belle.
— Tu reviendras ?
— Je ne sais pas. Je ne t'oublierai pas, tu peux me faire confiance là-dessus.
Nous refaisons le trajet en sens inverse. Cynthia me parle d'elle, de sa famille, de la ville. Je l'écoute attentivement. Elle va me manquer, je le sais. Je ne peux pas me permettre de m'attacher à elle alors qu'à la nuit tombée, je serai déjà loin. Je me mords la joue.
Cette route n'a rien à voir avec celles dont j'ai l'habitude. À titre de comparaison, je n'ai jusqu'à maintenant emprunté que des sentiers, des chemins dans le meilleur des cas. Le sol est ici pavé, avec une rigole au centre pour laisser l'eau de pluie s'écouler. Les pierres grises, taillées de façon régulière, s'imbriquent à perte de vue. La terre battue que je connais bien fait pâle figure à côté.
Les au revoir sont un moment délicat. On fait soit trop court, soit trop long. On n'est jamais certain que la personne en face gardera de nous le souvenir que l'on souhaite.
J'ignore quelle image de moi je désire laisser à Cynthia. Pour elle, je dois être ce garçon un peu plus âgé qui lui a volé son premier baiser. Elle ne se doute pas qu'il s'agît également du mien. Non, je ne lui ai pas menti en lui disant que je ne l'oublierais pas.
Les mots ne viennent pas. Le silence devient de plus en plus lourd. Cynthia lève la main. Je fais de même. Mon baluchon sur l'épaule, je reprends mon périple.
— Tu pars dans la mauvaise direction.
Je m'arrête net, gêné. Cynthia se met à rigoler. Elle rit fort, comme pour ne plus penser à ce que nos vies seraient si nous restions ensemble. Je ris également, plus doucement, car je ne veux surtout pas l'effacer de ma mémoire.
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De ce monde
Paranormal"Un jour, je me suis levé. J'ai pris mes affaires, les ai mises dans un baluchon, et je suis parti." Cetus, un jeune garçon de quatorze ans, décide de quitter sa famille et le village dans lequel il a grandi. Sur sa route, il découvre ce qui se pass...