Chapitre 1 : 10

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   Mon nouveau compagnon et moi partageons nos vivres pour le dîner. J'échange une partie de mon pain contre des fruits secs décortiqués. La forme de certains d'entre eux m'est tout bonnement inconnue. Je goûte également à un vin rouge âcre mais sucré. N'ayant pas l'habitude de consommer de l'alcool, je préfère m'abstenir d'en reprendre après quelques gorgées.
   — Comment t'appelles-tu ?
   — Cetus.
   — Tu as l'air intelligent. Je ne suis pas sûr que mes récits de voyage t'intéresseront ce soir. Je pourrais te parler des légendes que l'on se transmet dans mon pays.
   — Je n'aime pas vraiment les récits fantastiques. Je préfère ce qui est concret.
   — Oh, mais il n'y a rien de plus concret que ce dont je vais te parler. Oublie tout de suite les monstres et autres créatures magiques que tu as en tête. Elles n'ont rien à voir avec ce à quoi je pense.
   Je me lève pour me rapprocher de l'arbre. L'une de ses racines dépasse du sol. Je m'allonge à demi, de sorte à pouvoir appuyer mon coude sur la protubérance.
   — Je t'écouterai à condition que tu me donnes ton nom.
   L'étranger pouffe de rire.
   — Voilà une condition originale ! Je m'appelle Yohanan. Si des diminutifs ou des surnoms te viennent à l'esprit, n'hésite pas à les utiliser.
   J'acquiesce silencieusement. Une dernière question me taraude.
   — Comment se fait-il que tu parles aussi bien la langue d'ici ?
   — Je parcours ce pays depuis des années. Je pourrais presque dire de lui qu'il est ma deuxième maison.
   Yohanan s'installe à son tour. Il retire son large manteau et place son paquetage sous le capuchon pour créer un oreiller de fortune. Il s'allonge et termine en s'enveloppant d'un grand pan de tissu. À sa façon de procéder, je ne doute pas un seul instant que ce genre de couchage fasse partie de son quotidien depuis longtemps.

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