De ce monde

Chapitre 1 : 7

   L'après-midi se déroule sans encombre. Les passants se font de plus en plus nombreux. La majorité ne semble toujours pas venir de loin. En effet, plus les villages sont proches de la ville, plus ils sont peuplés.
   Personne que j'ai croisé n'a pris la peine de m'adresser la parole. Je suppose que l'expression sur mon visage en est la cause. Mon absence totale d'organisation me donne du souci. J'ignore pour combien de temps je pars, si je vais un jour retrouver mes parents, mon frère, ma sœur.
   La baisse de luminosité me tire de mes pensées. Le soleil va bientôt rejoindre l'horizon. Me trouver un abri est désormais ma priorité.
   Les prairies qui m'entourent ne m'inspirent rien. Je pourrais essayer de retourner près de la rivière. Ma gorge sèche en serait particulièrement reconnaissante. Dans ma précipitation, j'ai réussi à oublier d'emporter une gourde. Le pain de midi m'a paru bien sec.
   Je réalise à quel point la région ne m'est pas familière. Je n'ai réellement connu que trois villages dans mon existence. Durant les cours de géographie auxquels j'ai assisté, les cartes présentées couvraient des territoires vastes, lointains ou les deux à la fois. J'ai dû apercevoir des plans de la ville, mais je n'ai aucun souvenir de ses environs.
   Je suis perdu. Le ciel s'obscurcit et j'avance à l'aveugle dans un terrain inconnu. Je prie pour ne pas me blesser tant le sol est inégal. La façon dont j'amplifie les mouvements de mes jambes m'épuise.
   Je fais demi-tour afin d'observer mon avancée. Je viens visiblement de débuter l'ascension d'une colline. Mon point de vue ne me permet pas de savoir ce qui se trouve en contrebas.
   J'arrive au sommet alors que le soleil s'apprête à se coucher. La chance me sourit. Les contours d'un village se dessinent près de ce que je soupçonne d'être un cours d'eau. Impossible de déceler un bosquet dans les parages. Je n'ai plus à m'inquiéter de mon hydratation, mais j'ignore encore où je vais passer la nuit.