Chapitre 1 : 6

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   L'air s'est réchauffé depuis la fin de la matinée. Mon pantalon mouillé a fini de sécher. Le tissu froissé et raidi a du mal à plier au niveau de l'aine et du genou.
   J'avance à un rythme constant. L'absence de végétation sur ma trajectoire y est pour beaucoup. La route en pierre garde néanmoins quelques défauts. Tout d'abord, son apparente régularité n'est qu'un leurre. Je trébuche régulièrement à cause de pavés en deçà du précédent. Ensuite, la dureté du sol amortit peu les chocs. Mes chevilles endolories me font me demander à plusieurs reprises si je ne serais pas plus à l'aise sur la terre.
   Malgré son aspect pratique, cette route est loin d'être très passante. Les voyageurs à proprement parler restent assez rares. Un homme d'âge moyen conduisant ses bœufs au champ et un commerçant se rendant au marché voisin n'ont selon moi rien de spécial.
   Aux alentours de midi, j'entends des sabots claquer sur la pierre. La rapidité du martèlement m'impressionne. Le son devient de plus en plus assourdissant au fur et à mesure qu'il se rapproche.
   J'observe le cavalier chevauchant à vive allure. Celui-ci ne semble pas pouvoir rester assis sur sa monture. Penché en avant, il prend appui sur ses étriers tout en s'accrochant à son cheval.
   Le cavalier me double en un clin d'œil. Je pense à la pauvre bête, épuisée à l'arrivée de sa course. Puis, la jalousie prend le dessus sur la compassion. En allant à ce rythme, je serais à la ville avant le coucher du soleil.
   Je sais que je vais devoir dormir à la belle étoile. Le ciel est clair, la nuit me paraîtra probablement froide. J'espère trouver un lieu paisible pour me reposer. Si un bois apparaît au loin, je dévierai de la route pour le rejoindre. Les arbres m'offriraient une protection bienvenue.

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