—————PDV VERONICA
J'ai peur, je n'ose pas tourner la tête. Le regard de ma famille, me jugeant, m'insultant de tous les noms. Est-il trop tard pour renoncer ? C'est ce à quoi je pense en les regardant. Mais oui, il trop tard. Le mal est fait, et irréparable. Les journalistes sont dans la salle, l'audience est publique, suite au souhait de mes parents. Je n'ai jamais compris cette décision, peut-être une manière de m'intimider, de me couvrir de honte. Je ne sais pas, je ne sais plus. Le juge entre, la barbe mal rasée, les yeux fatigués et le corps engourdi. Il est lui aussi victime de ce procès, et je m'en veux vraiment. On se lève à l'annonce de son statut, même s'il ne nous regarde même pas.
- Asseyez vous. Dit-il en s'asseyant.
Nous fîmes de même.
- Bien, aujourd'hui est, je l'espère, le denier jour de notre procès. Nous allons appeler à la barre la plaignante et les accusés chacun leurs tours. Enfin, vous connaissez la chanson. Bien, commencez maître Gillionilo.
- La défense aimerait appeler à la barre la plaignante de cette affaire.
Je me lève difficilement. Je veux partir, pleurer seule. Mais je n'ai pas le choix alors je vais m'asseoir à la barre, comme demandé. Mila et Lily, initialement à mes côtés me font maintenant face, et me donne la force nécessaires pour ne pas partir en larme. Je vois les garçons au fond, éloignés de journalistes, qui, pour certains, les prennent quand même en photo. Ils sont pendus à mes lèvres, et me disent de tenir bon, qu'ils sont avec moi. L'avocat de la défense se lève à son tour. C'est maintenant à moi de jouer.
- Madame Seijas, commence-t-il, vous n'êtes pas sans savoir qu'une émancipation familiale et rare, longue et compliquée, n'est-pas ?
- Si ce n'était pas le cas, je n'aurais pas pris la peine de me déplacer jusqu'ici.
- Les raisons sont aussi très spécifiques, le savez vous ?
- Venez-en au fait, je perds patience.
Cet homme n'est rien, mais il pense être tout. On pourra sûrement me qualifier de mal polie, j'en n'en ai plus rien faire. Devoir me taper ce même personnage hautain et arrogant dès que mon pied foule le plancher de cette pièce, ça me donne envie de gerber. A chaque fois. La même sensation encore et encore, en boucle. C'est lui.
- Vous souhaitez justice par rapport à une présumée maltraitance, et non aide à mineur en danger, c'est bien ça ? Me sort-il de ses pensés.
- Si vous me posez la question, c'est parce que vous n'êtes pas sûr ou que vous avez un grand sens du spectacle ?
- Pouvez vous me rappeler les preuves de ces accusations dont vous disposez ?
- Je crois que je n'ai que trop exposé les photos de mon corps et des blessures le couvrant.
- Non, vous m'avez mal compris, rit-il, des preuves que ce soit votre frère, l'agresseur.
Il faut pas être con pour comprendre ou il veut en venir.
- Je n'en ai pas. Repondé-je la gorge sèche.
Je n'aime pas me donner en spectacle comme ça, j'appréhende. Beaucoup.
- Et vos témoins ?
- Mes amis-
- Vos amis ? Étrange tient. Le genre d'amis qui mentent devant la justice ? Qui arnaquent une famille innocente ?
- Vous semblez oublier que j'en fait encore partie.
- Contre votre gré. Mais vous n'avez pas répondu à ma question, peut-être est-elle trop compliquée ? Je rectifie, vos amis ont-ils déjà menti pour vous ?
Je regarde Mila et Lily. Et voilà, à peine 10 minutes et je me fais déjà avoir. Je suis coincée, j'ai évoquée des passages où elles me couvraient. Les larmes me viennent. J'ai déjà causé ma propre perte. C'est vraiment débile.
- Oui mais-
- Pas d'autres questions, monsieur le juge. Me coupe-t-il.
On me laisse là, déjà désespérée. J'entends plus rien, je ne vois plus rien. Je ne fais que répondre aux questions simples de mon avocat, mais je ne répond plus de rien. Je pleure. Je ne pourrais jamais gagner si je reste comme ça. Je le sais. Il me faut juste un peu de temps pour trouver une solution, juste une soirée, c'est tout, il me faut juste ça. Je retourne à ma place, toujours un peu dans les vapes. J'ai arrêté de pleurer, c'est fini.
- Monsieur le juge, commence mon avocat, permettez moi d'appeler mon dernier témoin à la barre.
- Accordé.
Les bruits d'incompréhension se mettent à resonner dans la salle. Depuis quand ce témoin était-il prévu ? Vu le regard des filles, elles aussi ne comprennent pas. Pourtant, notre avocat se tourne vers nous, les yeux pleins de malice, et nous dit de garder notre calme.
- J'appelle à la barre madame Justine Fiorelli.
On a le même réflexe avec mes amies. On se regarde, on sait que son témoignage peut grandement aider. Justine Fiorelli est l'ex copine de mon frère. Pourquoi elle témoignerais pour nous si elle n'avait pas des choses à raconter qui pourraient faire la différence ? On est toutes excitées là, on dirait des hystériques.
- Justine, pourriez-vous nous énoncer la relation que vous avez entretenue avec la famille aujourd'hui réunie dans ce tribunal ?
- Je suis l'ex copine de Mathieu Seijas, l'un des accusés. Répond-t-elle.
- Et pourriez vous nous dire la raison précise pour laquelle vous êtes ici ? Lui demande-t-il, sans prêter attention à mes parents qui crient à l'injustice. Sans passer par quatre chemins je vous prie.
- Je suis ici pour témoigner des violences que j'ai subi tout au long de notre relation passée. Je parle de violences physiques et de viol, évidement.
Un grand silence se fait. Je n'en savais rien. On ne m'en a pas parlé car on savait que je serais contre, bien sûr. Elle me regarde, me disant de tenir bon, que maintenant ce n'est pas que mon combat, c'est le notre, que je ne suis plus seule dans la bataille. Je la regarde, sans savoir quoi faire pendant qu'elle décris toutes les atrocités que Mathieu lui a infligé. Ses yeux brillent, mais elle ne pleure pas. Sa voix tremble, mais pas son corps. Elle se libère d'un poids. Je comprends maintenant. Si elle est ici, ce n'est pas que pour elle, c'est pour tourner la page une bonne fois pour toute avec notre famille.
- Elle ment ! C'est faux, mon fils n'aurait jamais fait ça ! Hurle ma mère d'indignation. Dis leur Mathieu !
Il ne répond pas, il tremble de colère. Il sait qu'il peut creuser sa tombe à chaque mot qu'il prononce, mais son silence sonne comme un aveu.
Après quelques minutes d'attentes, le juge revient, une lettre à la main. Le Verdict. Je sers les points avec mes amies qui me soutiennent pendant qu'il ouvre lentement son enveloppe. Tout le monde à le souffle coupé.
- Et le verdict est... reporté. Annonce le juge.
Justine, qui s'était assise derrière moi, laisse échapper quelques larmes et les essuient rapidement. La force de mes jambes s'en va peu à peu et me laisse retomber dans mon fauteuil. Ça ne s'arrêtera jamais. Les larmes déferlent sur mes joues, en silence. Mes amies commencent à me consoler. Moi, je ne réussis qu'à articuler que quelques mots.
- Je veux rentrer au centre.
- Tout ce que tu veux. M'assure Mila en me donnant un baiser sur le front.
Lily et Mila m'aident à me relever, on remercie Justine en lui apportant notre soutient complet, et elles m'accompagnent jusqu'à notre voiture en me tenant par les bras pour ne pas que je tombe. Les filles avaient emportées mon casque bluetooth, juste au cas-ou. Alors je l'enfile et mets la musique à fond. On traverse le camp et je m'affale sur mon lit en laissant mon portable sur ma table de chevet. Quelques secondes après, mon téléphone s'allume.
de Mathieu :
Si tu m'as pas bloqué, on doit parler. Je viendrai tout à l'heure alors ne me fuis pas.
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[From my level to yours] Kylian Mbappé
FanfictionCe jour là. C'est lui qui a tout changé. Le jour où j'ai sauté. Le jour de nos rencontres, et d'une en particulier. Est-ce que j'aurais pu mourir ? Oui. Est-ce que je regrette ? Non. Et si c'était à refaire, je referais, car c'était ce que je devais...