Point de vue de Joyce :
Allongée à plat ventre sur un cheval blanc, je me réveille. Des cordes enlacées autour de mes jambes et de mes bras m'empêchent de bouger. Je ne possède même pas assez de force pour ouvrir les yeux.
J'aimerais hurler à la mort ma détresse. Mais à quoi bon si ce n'est pour recevoir un nouveau coup à la tête ? Ça ne m'avancerait à rien.
Pourtant, je refuse de me laisser enlever avec tant de facilités sans même tenter de me défendre. Le problème est que je ne vois pas vraiment ce que je peux faire. En tout cas, pour le moment. Avec ma chance, je me trouve peut-être déjà dans un autre pays.
Une multitude de questions terrifiantes me vient. L'idée qu'ils me réservent le même sort qu'à ma grand-mère me donne la chair de poule.
Pourquoi supprimer la vie de Jeanne ? Je suppose que puisque je les ai vus sur la scène du crime, ils souhaitent me retirer du jeu. Je représente leur seul témoin. Mais qu'avait fait une pauvre grand-mère pour mériter un tel sort ? Si c'est pour réclamer une rançon, ils ne sont pas tombés sur la bonne personne !
Je pourrais questionner mon agresseur si je possédais la capacité d'entendre sa réponse. De toute manière, je ne pense pas qu'il aurait accepter de me donner des informations.
Je tente de retracer dans ma tête tous les événements derniers à la recherche du moindre indice qui m'aiderais. Je repense alors à la voix dans mes appareils auditifs. La fameuse hallucination.
Cette voix, sortie de nulle part, me prévenait que je courais un danger. La femme me parlait-elle de ça, de ses assassins ? S'agit-il d'une coïncidence? Où existe t-il un possible lien entre ça et le meurtre de Jeanne ?
Je suis sourde, je n'ai rien pu entendre même si il y avait bien quelqu'un. Et puis même ! Je me trouvais seule sur la terrasse, sans personne, même avec l'audition, c'est juste pas possible !
Cela dit, je reste convaincue qu'il existe bel et bien un lien entre les deux. Je ne sais comment mais cette hallucination m'as bien mis en garde.
Je renifle tandis que des larmes coulent. Je regrette de ne pas avoir prise au sérieux cette foutue voix. J'aurais, avec un peu de chance, pu sauver ma grand-mère.
La seule personne qui me restait. La seule que j'aimais et qui m'aimait en retour. Elle représentait mon seul repère. Celle pour qui je m'efforçais à sourire, à vivre.
Pourquoi la tuer, elle ?
Une femme hippie de 82 ans vivant dans la cambrousse seule avec sa petite fille ? Tout ceci me semble illogique.
Elle ne sortait jamais de la maison. Elle ne possédait ni ennemis ni amis. Elle respectait toujours les lois, payer à temps son loyer et se montrer cordiale avec les voisins. Jeanne était une simple couturière à la retraite.
Après plusieurs battements de cils, mes yeux s'habituent enfin à la lumière du jour. Mon Dieu, la lumière du jour. Des points noirs se forment devant mes yeux. Après quelques secondes pour m'habituer à la luminosité, celles-ci disparaissent. Mais depuis quand m'a-t-on enlevé ?
Mon dernier souvenir remonte à l'homme agenouillé tenant encore l'arme du crime. Bien sûr, juste avant que je ne reçoive mon coup à la tête.
Je me rappelle que je revenais des courses. Le soleil se couchait. Pourtant, là, l'astre du jour rayonne comme en pleine après-midi. Depuis combien de temps marchons nous ?
Ne pouvant que regarder devant moi dans cette affreuse position, j'essaie de reconnaître l'endroit. De grands chênes nous entourent de par et d'autre. De la mousse verte foncée recouvre le sol. Dessus, poussent d'étranges mais ravissantes, fleurs oranges.
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Elzengarde TOME 1
FantasyRomantasy comportant des TW. Trope : ennemis to lovers, amour interdit, slow burn. Résumé: Suite à un drame familial, Joyce voit sa vie basculer. Celui qu'elle pense être le tueur de sa grand-mère, va l'emmener de force dans un monde méconnu des mo...