Evran

1- Evran

Il fait sombre et je ne vois pas bien. Tout à coup une lumière éclatante jaillit de nulle part et je me retrouve dans une vaste pièce blanche, assez rectangulaire. La lumière, sans origine définie, ne créée pas d'ombre et le décor paraît étrangement plat.

Je ne comprends pas. Où suis-je ?

Soudain les murs de la pièce se mettent à bouger.

- Allons bon, des murs qui bougent, dis-je avec un certain sarcasme. Puis je m'inquiète : ne vont-ils pas se refermer sur moi ?

Je me mets à chercher des yeux une sortie en commençant à m'affoler quand les murs s'arrêtent pour former un long couloir se finissant par une porte. Je cours pour l'ouvrir, en même temps qu'une voix m'appelle. Je sens que je dois y aller. Mais au moment où j'allais toucher la porte, le sol se dérobe sous mes pieds.

- Drrrrriiiiiiiiiiiiing ! Drrrrrrriiiiiiiing !

Je me réveille en sursaut trempé de sueur. J'arrête mon réveille-matin et soupire.

- Evran, réveille-toi tu vas être en retard au collège.

- J'arrive m'an.

Je me lève et prend une douche en repensant à mon rêve. Ça fait plusieurs fois que je fais des songes semblables : une pièce blanche, un couloir, une porte, et une chute qui m'empêche de l'atteindre.

En sortant de la douche, je prends un temps pour observer ma chambre : c'est une pièce pas très grande mais assez pour avoir la place de jouer, plusieurs meubles de rangement se succèdent sur les murs. La plupart sont vides, leurs contenus renversés par terre. Sur ma droite se trouve un placard où je range mes vêtements. 

J'en prends quelques-uns sur la pile et les enfile en vitesse, maman n'aime pas quand je traîne le matin. Puis je me redresse face au miroir et contemple mon reflet : cheveux étrangement argentés depuis ma naissance, yeux jaunes brillants et en amande comme ceux d'un chat, une petite cicatrice sur le sourcil gauche, nez droit, le tout donnant à mon visage un aspect un peu mystérieux, voir intimidant. Je suis grand pour quelqu'un de quatorze ans, de mes 1,70 m de hauteur je ne suis pas un colosse tout en muscles pour autant. Et préférant les couleurs foncés, je me suis habillé d'un jean bleu marine, d'un tee-shirt gris et d'un blouson noir.

Je descends l'escalier rapidement et prends le petit-déjeuner en vitesse (et faillit tout renverser plusieurs fois avant de ralentir). Je regarde ma mère, petite femme brune et rondelette, je n'ai jamais connu mon père. Il est parti peu après ma naissance, sans prévenir qui que ce soit.

-Dépêche toi ton bus est déjà là !

Je lui dis au revoir, prend mon sac à la volée et saute dans le car.

§

Depuis ce matin je me sens bizarre je n'arrive pas à me concentrer sur quoique ce soit, et, mes pas sont étrangement attirés vers la sortie de l'école. Au point que je me surprends plusieurs fois en me rendant compte que je suis sorti. Régulièrement, je manque de tomber comme si on me tirai par les pieds.

A la fin de la journée je suis plein de bleus et de bosses au point que je boite. Je suis même tombé de ma chaise en plein cour car mes pieds se sont brusquement précipités vers la porte.

Quand, (enfin !) nous sommes autorisés à sortir je me dirige vers mon casier et me retrouve le nez sur le goudron. Cette force mystérieuse commence vraiment à m'énerver !

-Evran, attend !

Je me retourne pour voir arriver en courant, Artémis, ma meilleure amie, mince et délicate au premier abord, elle a en faite un fort caractère et ne craint personne en bagarre ou en force (les garçons les plus baraqués du collège on peur de faire un bras de fer avec elle), cheveux chocolats et lisses, dents blanches, yeux de biche pouvant se transformer en ceux de loup en colère, elle fait craquer la moitié du collège quelle éconduit « poliment » ( le plus souvent en les envoyant à l'infirmerie) elle aime les animaux autant que moi et a partagé plusieurs de mes bêtises (comme la fois où on avait eu peur que les oiseaux aient froids l'hiver et où on a failli mettre le feu à la forêt en essayant de faire un joli et très dangereux feu de bois). Notre rêve le plus cher ? Vivre dans la forêt avec les animaux.