Texte écrit dans le cadre du concours de Lauwern
Le thème était "paralysé"
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"Ne laisse pas la tristesse du passé ou la crainte de l'avenir te voler le bonheur du présent."
C'est ce que l'on m'a toujours répété... Mais quand on ignore de quoi mon passé est fait, on devrait mieux se taire...
Lorsque derrière le mot "tristesse" se cachent les mots "meurtre", "traumatisme", "assassinat", "orphelin", on ne peut pas les laisser derrière nous, les ignorait comme si c'était de petits évènements qui méritaient à peine notre attention...
Lorsque derrière le mot "crainte" se cachent les morts "meurtrier", "enquête", "paranoïa", et "vengeance", on ne peut pas vivre tranquillement notre vie, comme si rien ne nous attendait à chaque tournant, à chaque coin de rue...
Oui, c'est de ça que ma vie est faite... Une vie remplie de peur, d'angoisse, de tristesse, de traumas et de cauchemars...
Des cauchemars qui emplissent mes jours et mes nuits... Je ne possède aucun contrôle. Ils vont et viennent, à leur bon vouloir. Ce sont toujours les mêmes...Toujours les mêmes images qui peuplent mes rêves... Toujours les mêmes hallucinations qui habitent mes journées...
***
Han, Han
Mon souffle se perd au milieu des délicats flocons qui tombent ou valsent au gré du vent...
Han, Han
Mes pieds nus frôlent le manteau blanc dans lequel le sol s'est emmitouflé...
Han, Han
Mes cheveux volent dans l'air glacé et se mêlent aux diamants de glace...
Han, Han
Mes doigts sont gelés par le froid environnant...
Han, Han
Mes muscles s'échauffent, oubliant l'intense froid qui m'entoure...
Han, Han
Mes yeux regardent droit devant moi, délassant la somptuosité d'un paysage hivernal...
Han, Han
Les bruissements de la neige m'indique que quelqu'un me suit...
Han, Han, Han, Han
J'accélère ma course, courant toujours plus vite...
Han, Han, Han, Han
Mon visage est fouetté par le vent ambiant...
Souain, tout s'arrête... Je me retrouve projeter dans un autre lieu...Le paysage a changé... Je ne suis plus dans une forêt immaculée... Les branches des arbres ne dansent plus dans l'air... Les flocons blancs ne virevoltent plus autour de moi...
Seuls les amas de neige au sol me permettent de savoir que, dehors, la nature est toujours figée par l'hiver, comme paralysée...
Je me trouve dans une maison. Les murs de bois ne retiennent pas la chaleur et n'isolent pas du froid. Je le sens s'infiltrer sous ma peau, se mêler à mon sang, entourant mes pauvres os... Il rend ma peau bleutée et mon cerveau endormis...
Autour de moi, le silence est roi... Aucun bruit... Les oiseaux, le vent... Tout s'est tu...
Puis une odeur vint m'assaillir les narines... Une odeur métallique... Une odeur reconnaissable entre toute...
Une odeur de sang...
Affolée, je me précipitai dehors...
Là, sur la neige d'un blanc immaculé, reposaient des milliers de pétales d'un rouge vermillon... Une mer écarlate de délicatesse... Un océan rubis de fragilité... Des eaux carminées de raffinement...
Au milieu de ces flots vermeils, se tenait une personne... Elle me faisait face mais je ne pouvais voir son visage... Ses traits étaient brouillés. La seule chose que mes yeux remarquaient était la rose rouge qu'elle tenait entre ses mains...
Ses doigts abimés cueillaient les pétales un à un avant de les lâcher pour les laisser planer au bon vouloir du vent d'hiver... Il finissait par rejoindre ses semblables dans cette abime pourpre...
Mon regard restait fixer sur ces doigts qui arrachaient les pétales de leur tige... Comme hypotonisé...
Mon corps restait figer à la lisière de cette étendue écarlate... Comme paralysé...
Mon cerveau avait arrêté de fonctionner... Mes muscles avaient cessé d'opérer... J'avais oublié comment bouger...
Soudain, tout bascula... La personne se piqua contre une épine de la rose... Une goutte de sang perla au bout de son doigt. Au ralenti, elle dévala la peau gelée par le froid avant de tomber sur le sol... La neige, alors immaculée, se retrouva souillée par cette tâche incarnate...
Puis, sans crier gare, les milliers de pétales disparurent... Remplacés par une mare de sang...
Je ne pouvais toujours pas bouger pendant que le sang coulait sur la neige et venait vers moi...
J'en étais incapable...
J'étais paralysée...
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Avis des participants:
Moi, je vote pour le 2, un flot d'émotions grâce à une jolie plume lyrique.
C'est un texte magnifique et très bien écrit 😍
Trop classe j'ai beaucoup aimé, c'était poignant ! On n'a zéro contexte, plein d'émotion et un double angle de la paralysie, je kiff ! Bien joué !!
Eve663 (correctrice du concours)
Merveilleux ! J'ai ressenti une énorme fascination pour la scène. Attention aux fautes d'orthographes qui peuvent couper la lecteur effrénée du lecteur...
Les sortes de paragraphes répétées au début du texte sont d'ailleurs très bien pensées !
Je n'ai rien d'autre à dire, j'ai "juste" énormément aimé !
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On sort enfin des textes philosophiques pour aller vers des débuts de romans !!!
Qu'est-ce que vous en pensez ?
Sélène <3
© 2023 Sélène Rivers
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Au-delà des Mots...
Storie brevi"Ecrire, ce n'est pas vivre mais survivre" "Je ne trempe pas ma plume dans l'encre mais dans la vie" "Ecrire, c'est brûler vif mais aussi renaitre de ses cendres" Pour moi, écrire est un échappatoire... Une façon de crier sans en perdre la voix, de...