𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝒅𝒆𝒖𝒙

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"— Comme évoqué au début de la soirée, ce soir a lieu la soirée de campagne pour la future réélection de Han Yong Jin à la Maison Bleue. Des représentants du monde entier sont venus assister à cet événement. Nous retrouvons notre envoyé spécial sur place, Byun Baekhyun...

— Bonsoir, je me trouve actuellement devant la Maison Bleue, où se tient la soirée de campagne du Président. Le Roi d'Angleterre vient d'arriver, accompagné de la Présidente française. Ces deux dirigeants, qui ont récemment amélioré leurs relations diplomatiques, assistent à cette soirée sous haute tension. Devant nous, une foule de manifestants est contenue par les forces de l'ordre et l'armée, juste à l'entrée de la résidence présidentielle. Excusez-moi, madame, pourquoi êtes-vous venue manifester ce soir ?

— Je cumule trois boulots pour essayer de survivre et offrir un toit à mes enfants. Mon mari est mort d'épuisement au travail l'an dernier, à cause du manque de personnel. Pendant que la Corée du Sud plonge dans le chaos, les riches vivent paisiblement, protégés dans leurs bulles dorées, sans jamais se soucier de ce que nous, le peuple, traversons. Le Président et ses politiciens ne comprennent pas ce que c'est de se battre chaque jour. Tout ce qu'on demande, c'est qu'il fasse son travail, comme nous faisons le nôtre. Sans le peuple, lui et sa petite clique ne seraient rien..."

La télévision s'éteignit brutalement, plongeant la pièce dans un silence pesant. Jisung, assis dans le canapé moelleux de sa spacieuse chambre, resta immobile, les yeux fixés sur l'écran noir, son esprit encore absorbé par les mots amers de la femme qui venait de s'exprimer. Son cœur battait un peu plus vite qu'il ne voulait l'admettre. Il sentait une colère sourde monter en lui, mais il ne savait pas si c'était contre son père, le système, ou peut-être contre lui-même.

Se retournant lentement, il croisa le regard calme et bienveillant de Yoo Soyeon, la fidèle secrétaire de son père, qui tenait la télécommande dans ses mains. C'était elle qui avait éteint la télévision, coupant court à son moment de réflexion. Son visage, habituellement impassible, laissait pourtant entrevoir une ombre de fatigue.

Jisung, à moitié habillé pour la soirée, se leva d'un geste nonchalant. Son nœud papillon pendait toujours autour de son cou, mal noué, et le col de sa chemise blanche était largement défait sous son gilet de costume froissé. Sa veste noire, soigneusement choisie pour l'occasion, était accrochée négligemment au dossier de sa chaise, tandis que ses chaussures traînaient sans soin dans un coin de la pièce.

— C'est mon père qui t'a envoyé me chercher ? demanda-t-il, en s'approchant de la grande baie vitrée de sa chambre. De là, il pouvait voir au loin la foule des manifestants, leur colère palpable même à cette distance.

— Non, répondit Soyeon en s'approchant de lui, sa voix calme et posée. Je ne pense pas qu'il ait remarqué ton absence, en réalité. Elle marqua une pause, comme pour mieux peser ses mots. Tu as manqué son discours.

Jisung haussa les épaules, indifférent. 

— Ça t'étonne encore ? Il s'en remettra, souffla-t-il en se tournant vers elle. Il y a bien pire que moi à gérer pour lui ce soir.

Mais son regard se durcit légèrement en évoquant ce qu'il venait de voir à la télévision. 

— Comment il peut rester aveugle à ce qui se passe dehors ? Ces gens souffrent, et il en a rien à foutre. Ça me répugne, tu sais. Comment il peut fermer les yeux à ce point ?

Soyeon secoua doucement la tête, son expression empreinte de cette patience maternelle qu'elle avait toujours avec Jisung. 

— Tu es encore jeune, Jisung. La politique, ce n'est jamais aussi simple qu'il y paraît. Ton père sait ce qui se passe. Ça ne lui plaît pas, crois-moi.

𝐌𝐘 𝐒𝐓𝐔𝐏𝐈𝐃 𝐁𝐎𝐃𝐘𝐆𝐔𝐀𝐑𝐃 • ᴹᶦⁿˢᵘⁿᵍOù les histoires vivent. Découvrez maintenant