𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝒕𝒓𝒆𝒊𝒛𝒆

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— Tu es égoïste, Jisung.

Le fils du Président donne un dernier coup puissant dans les gants de Chan qui l'entraîne régulièrement depuis le début du mandat de son père. Essoufflé, il se redresse, passe une main sur son visage en sueur et se tourne vers Changbin, qui venait de lancer cette pique avec une certaine exaspération.

— Je ne changerai pas d'avis, réplique Jisung, avec un ton plus sec que prévu, alors que Chan retire ses gants et s'éloigne vers son sac pour se réhydrater.

— Franchement, tu pourrais au moins me rendre un service après tout ce que j'ai fait pour toi, insiste Changbin, les bras croisés, les sourcils froncés.

Depuis leur retour à la Maison Bleue, le garde du corps n'avait cessé de le supplier d'aller au club où travaillait Felix. Changbin, à l'évidence, avait le béguin pour le blondinet, et Jisung, habituellement insensible aux tourments sentimentaux de ses proches, sentait que cette fois-ci, c'était sérieux.

Soupirant, Jisung descend du ring, évitant le regard suppliant de Changbin. Il attrape sa gourde d'eau, espérant que l'hydratation puisse calmer non seulement sa fatigue physique mais aussi l'agitation intérieure qui bouillonne en lui depuis qu'ils avaient quitté le restaurant de la famille de Minho.

— T'as le seum parce que Minho t'ignore et qu'il ne t'a même pas proposé de venir. Je me trompe ? balance Chan en jetant un regard en coin, brisant le silence d'un coup.

La remarque de Chan est aussi inattendue que tranchante. Jisung se fige, surpris que son ancien garde du corps ait visé si juste. Changbin, lui, observe la scène en silence, attendant la réponse. Jisung déglutit, sentant la colère monter en lui.

— Quoi ? Je ne travaille plus pour toi, je peux bien prendre parti pour qui je veux maintenant, plaisante Chan en riant doucement. Et puis, Changbin a raison, tu pourrais l'aider. Ce n'est pas la mer à boire.

— Je n'ai pas envie de voir sa sale tronche, marmonne Jisung, le regard fuyant, sa voix teintée d'amertume. Il n'avait pas prévu de dire ça, mais c'est sorti tout seul.

— Ouais, c'est bien ce que je pensais. Il a le seum, conclut Chan, en éclatant de rire cette fois. Son rire léger contraste avec la lourdeur qui pèse sur les épaules de Jisung. Moi, je ne bosse pas ce soir, donc je pourrais bien vous accompagner. Et pendant que Roméo ici présent tente de séduire sa Juliette, je veillerai à ce que rien ne te tombe dessus.

Le silence retombe dans la salle. Jisung fixe le vide devant lui, ses pensées tourbillonnant. Minho. Ce foutu Minho. Depuis quand ce gars prenait-il autant de place dans son esprit ? Peut-être que c'était ce foutu sourire, ou ses regards glacials qui le défiaient sans cesse, ou pire encore, le fait qu'il ne semblait pas affecté par les provocations incessantes du fils du Président. Un homme inaccessible. Un défi permanent.

— Ce n'est pas la peine, finit par dire Jisung, sa voix plus faible, presque tremblante. On n'y va pas, ok ? Il s'efforce de garder un ton ferme, mais la confusion qui règne dans sa tête lui rend la tâche difficile.

— Alors quoi, tu préfères rester là à te morfondre pendant que lui s'éclate sans toi ? tacle encore Chan avec un sourire moqueur.

Les mots résonnent. Jisung, la tête pleine de questions, sent une boule se former dans sa gorge. Depuis quand la simple idée que Minho soit ailleurs, sans lui, avait-elle commencé à le hanter ? Il ne veut pas céder. Il refuse d'admettre qu'il est touché. Mais cette lutte intérieure le dévore, plus il y pense, plus la frustration grandit.

𝐌𝐘 𝐒𝐓𝐔𝐏𝐈𝐃 𝐁𝐎𝐃𝐘𝐆𝐔𝐀𝐑𝐃 • ᴹᶦⁿˢᵘⁿᵍOù les histoires vivent. Découvrez maintenant