Remise en action

92 4 1
                                    


 Ce fut pendant un long moment que Shoichi et Spanner, restèrent avec Tsuna, expliquant ce qu'il attendait d'eux. Ils l'écoutèrent soigneusement avant de lui promettre de faire ce qu'il demandait de leur mieux au plus vite. Il les remercia chaleureusement comme toujours et ils s'en allèrent, discutant entre eux la voix basse. Reborn qui ne les avait pas quitté vint s'asseoir près de lui.

- Tu n'es pas obligé de faire ça et de prendre sur toi comme ça Tsuna, remarqua-t-il doucement.

- Je préfère prévenir que guérir. Je me sentirai mieux en les ayant. Et toi et moi on sait qu'ils vont revenir vite et... et j'ai peur de ce qu'il pourrait arriver, dit-il alors que les larmes lui montaient aux yeux. Ces types... c'est à moi qu'ils en veulent et... et ils savent parfaitement quoi faire pour me faire céder quand je tente de résister et... et ça me terrifie.

Ses larmes coulèrent et il vint les essuyer du revers de sa manche, réprimant un sanglot. D'autres coulèrent bien vite et Reborn se rapprocha, écartant ses mains de son visage alors qu'il tentait d'arrêter ses larmes.

- Tu as le droit de pleurer Tsuna, dit-il doucement en passant une main dans ses cheveux décolorés. Qu'ont-ils fait pour te faire céder ?

La question fit redoubler les larmes du jeune homme, son regard se faisant plus hanté que jamais, toute couleur quittant son visage. Reborn lui laissa le temps, comprenant qu'il avait alors dû vivre quelque chose de très grave. Et il voulait tenter de le pousser à en parler, il fallait vraiment qu'il laisse un peu sortir, qu'il se laisse aller. Toutes les nuits, on voyait Tsuna faire d'horribles cauchemars dont-il refusait de discuter. Il avait besoin de se confier, de se décharger et le tueur à gage savait qu'il ne se l'autoriserait avec personne si ce n'était lui. Il n'y avait qu'avec lui qu'il se laissait un peu aller. Son ciel pleura un long moment alors qu'il continuait ses caresses dans ses cheveux, lui signifiant qu'il était là.

- C'était... au début, commença finalement Tsuna. Quand ils me faisaient combattre avant les inoculations pour tester ma flamme, dit-il sans que les larmes ne cessent. Je voulais faire ce que je pouvais pour les freiner. Je ne voulais pas coopérer bien gentiment.

Il marqua une pause, l'hitman attendant patiemment sans cesser de le toucher. Jamais il n'avait vu une telle expression d'horreur, de tristesse, de douleur, de désarrois et de cauchemar sur le visage de son élève.

- Alors j'ai refusé de me battre même lorsque leurs engins me tapaient dessus, reprit-il. Je laissais ma flamme s'éteindre lorsqu'ils l'allumaient avec une balle et je ne faisais rien. C'était tout ce que je voyais pour résister un peu et les retarder. Je n'avais encore rien vu de ce dont-ils étaient capables, de ce qu'il pouvaient vouloir faire mais j'avais un très très mauvais pressentiment et je voulais faire ce que je pouvais pour les gêner. Alors j'ai refusé de me battre et de me servir de ma flamme.

Il s'arrêta de nouveau, fermant les yeux avec force, se crispant terriblement, serrant les poings jusqu'à en trembler.

- L'homme des hauts-parleurs était très énervé. Il avait l'air hors de lui, continua-t-il. Furieux que je lui résiste. Alors il m'a envoyé une puissante décharge. Je suis tombé. Je ne pouvais plus bouger. Ils ont ouvert les portes et... et ils ont fait entrer cinq... cinq gosses. Ils devaient avoir dix, douze ans, pleura-t-il alors que Reborn comprenait où il allait en venir. Ils les ont aligné devant moi. Ils ont pointé leurs armes sur eux. Ils étaient tellement terrorisés. Ils pleuraient, ils tremblaient. Leurs yeux suppliaient pour qu'on vienne les sauver. J'ai essayé de bouger, d'aller les chercher, de me lever. Ils m'ont envoyé une autre décharge pour que je ne puisse pas, pour que je sois juste assez conscient pour voir ça. Les enfants m'ont regardé et il... il y avait toute la terreur du monde sur leurs visages. Je leur ai hurlé d'arrêter, que j'obéirais, pleura-t-il sa voix de plus en plus difficile à comprendre dans ses sanglots. Ils... ils n'ont rien voulu entendre. Il y a eu un premier coup de feu, dit-il la voix brisée. Un deuxième, un troisième, un quatrième, un cinquième. Ils leur ont... tiré dans la tête et je vois encore leurs visages... J'ai tenté de bouger, d'y aller, j'ai rallumé ma flamme mais j'ai pris d'autres décharges. Je n'ai rien pu faire. Ils criaient et leurs voix... elles sont toujours là.

Ciel de feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant