Poèmes pour des inconnus

quatre

Femme enceinte.

Femme enceinte assise dans le métro
Regarde devant elle sans ciller
Cheveux blonds et bouclés
Pupilles fixées sur son avenir,
censé être beau
Pourtant, à même le sol,
son sourire n'est plus
Ses deux bras tiennent
en leur paume un pot
Censé récupérer cet infâme argent
qui l'affame
Elle a seulement la force
de lever ses beaux yeux
Vers mon corps hypnotisé
par sa beauté égarée
Disparue avec la poussière
Dans laquelle elle est aujourd'hui amie
Assise par terre, sans aucune frontière
ses genoux sont salis
Par ce métro croupi
Dans cette ville écrite en gris
Femme enceinte dans le métro
Qui partage avec moi ces mots
N'a plus aucun habit
Pour habiller son futur petit

17/04/2023

★

Comme je regrette aujourd'hui
De ne pas avoir donné bouts de papiers
Feuilles d'arbres et pièces égarées
À cette pauvre dame perdue dans le couloir.
Je passe mon chemin, coup d'oeil en bas
Femme enceinte de presque neuf mois
Prête à accoucher, mais pourtant si seule
Délaissée de tous, et surtout de moi.
Un simple geste, un sourire
Quelques sous, peut être un rire
Pourtant, passant nos chemins
Nous délaissons nos pupilles
Pour nous attarder sur d'autres.
Tant de regrets pour un seul moment
Infâme argent qu'elle n'a pas que j'ai tant
Prêt à être partagé mais pas maintenant
Trop peur d'hésiter ou d'aller de l'avant.

20/04/2023

★

Tes cheveux blonds me rappellent le chagrin,
Cette tristesse dérisoire que j'ai eue un matin
Moi, humaine, riche mendiante d'attention
Toi, humaine, pauvre femme sans civilisation
Femme qui fixe nos pieds déterminés
À vous ignorer, et votre enfant même pas né
A déjà son destin tracé, sans sortir du trou
Sans aucune échappatoire, à part les sous
Qu'on vous lance sans se douter où ils vont.
Oui, ce monde n'est qu'illusion,
Car, sans aucune réflexion,
Nous préférons,
L'abandon.

11/05/2023

★

J'ai rencontré une femme enceinte, mendiante dans le métro. Nos regards se sont croisés. Elle était par terre, ses yeux bleus étaient très éloquents. Ça m'a tant secouée que j'y ai pensé de longues semaines. Je l'ai croisée à nouveau un mois plus tard, et ça a attisé la tristesse qui disparaissait peu à peu.