Chapitre 2

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Le reste de la journée passa dans un brouillard pour moi. Je ne pouvais m'empêcher de repenser à ce regard intense du garçon rebelle. J'en parlais à mes amis pendant la pause du cours de lettres modernes, mais personne ne semblait connaître son nom.

- Kaulitz, ça me dit vaguement quelque chose. Dit Julia, l'air dubitatif.
- Cherche bien dans tes archives Julia, je suis sûr que tu vas nous retrouver sa biographie dans ta mémoire, tu connais tout le monde ! taquinait Daniel
- C'est fou, j'ai l'impression que ces deux gars ne sont pas inconnus au bataillon, j'ai la subtile impression qu'on est encore les seuls imbéciles à être passé à côté de l'info. pensais-je tout haut.
- On a qu'à chercher sur internet ! S'ils sont connus comme le loup blanc, on trouvera bien un post Facebook ou une photo qui nous en dira un peu plus !
- C'est pas un peu déplacé ? demandais-je, soudain peu sûre de moi, je veux dire, on est peut être pas obligé d'être d'insupportables commères.
- Comme tu veux, à ta place j'aurais bien aimé savoir pour quelles raisons je suis passée à un cheveu du trauma crânien !
- Je pense que la raison n'est autre que "Je m'appelle Olympe et j'ai tendance à tiquer quand j'entends des insultes homophobes sorties de nulle part, donc je laisse parler la chevalière blanche qui sommeille en moi et me retrouve tout bonnement dans la panade, sans que j'ai besoin de demander d'où ça vient."
- C'est magnifiquement bien résumé, conclut Daniel, faudra que tu m'expliques un jour comment quelqu'un d'aussi effacé que toi en temps normal peut en même temps tout envoyer valser publiquement de cette façon.
- Je ne sais pas, ça fait partie de mes innombrables contradictions.
- Comme celle qui consiste à exprimer clairement que tu n'en as rien à faire de qui est ce garçon, mais parallèlement aller chercher son nom sur internet pour en avoir le cœur net ? ironisa Julia.
- Je ne vois absolument pas de quoi tu parles !
- Je parle de ce léger sourire en coin que j'ai vu naître sur ton visage quand j'ai émis cette idée, bientôt 7 ans que je te côtoie, j'ai appris à reconnaître certains signes. Expliqua-elle en faisant un clin d'œil.

Je ne répondis pas mais je devais reconnaître qu'elle me connaissait bien. Je me sentais un peu désemparée de n'avoir eu aucune excuse pour l'incident de la cafétéria, mais une partie de moi ne pouvait s'empêcher de repenser à ce regard mystérieux. Je ne pouvais pas accepter qu'une part de cette histoire m'échappe, je sentais qu'il fallait que je sache. Qui es-tu Kaulitz ?

La fin de la journée approchait, il ne me restait plus qu'à intégrer le club de musique. On m'introduit l'emploi du temps et les différentes activités qui y étaient proposées. Les séances avaient lieu tous les jeudis et vendredi soir. Il fallait donc que je prévienne Daniel que je ne serais pas là pour son coucher de soleil forestier, je lui enverrais un message ce soir en rentrant.
Ce soir là, le garçon à dreadlocks était présent au club. Il avait lui aussi une guitare, et jouait déjà un peu dans son coin, entouré de quelques élèves éberlués et admiratifs à la fois. Je portais moi même beaucoup d'attention à son doigté et à la mélodie qui en découlait, c'était très apaisant. Pendant que je tendais l'oreille, j'essayais de comprendre comment ses deux mains s'harmonisaient ensembles pour jouer sur ce superbe casse tête qu'était la guitare, et je me lançais pour sortir mes premiers accords, tout doucement, sans déranger personne ni par mon bruit, ni par ma présence. Je suis presque sûre que personne ne pouvait m'entendre et quelque part, cela m'arrangeait, j'avais déjà bien assez attiré l'attention sur moi pour aujourd'hui.

Soudain, je sentis une présence à côté de moi. Je réalisais à peine que le musicien ne jouait plus, je ne saurais pas dire depuis combien de temps il s'était arrêté.

- C'est pas mal du tout ! Tu joues depuis combien de temps ? me demanda-t-il
- En fait c'est la première fois que je touche à cette guitare...
- Oh vraiment ? On sent que c'est encore hésitant mais je suis sûr que tu peux vite progresser, tu as l'air d'avoir bien saisi le fonctionnement d'une tablature.
- Oui, ce n'est pas très compliqué à déchiffrer. Mais je crois que j'ai sélectionné un morceau un peu trop compliqué pour le début.
- Si tu veux, je peux t'en proposer un avec lequel j'ai commencé, il est super pour apprendre à coordonner ses mouvements, c'est Nothing Else Matters de Metallica.
- Il a l'air compliqué...
- Pas vraiment, il fait peur, je te l'accorde, mais avec de la concentration et de l'entrainement, c'est un très bon professeur.
- Alors je veux bien essayer. Merci !
- Je t'en prie, au fait, merci à toi, pour tout à l'heure à la cafet', c'est sympa d'avoir essayé de remettre quelques pendules à l'heure. Dit-il l'air un peu amusé. D'ailleurs, je ne me suis pas présenté, je m'appelle Tom.
- Ah ça... je t'avoue que je ne suis pas convaincue par mon intervention... rocambolesque. Moi je m'appelle Olympe.

J'ai capturé ta mélodieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant