Chapitre 5

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        Ce soir là, je ne me rendais finalement pas au club de musique, et décidais de marcher un peu, avec ma guitare sur le dos. Je m'arrêtais aux abords d'un petit parc boisé, et choisissais de m'installer sur un banc pour profiter des derniers rayons de soleil de la journée. J'essayais de me détendre et de penser à autre chose mais les paroles fracassantes de Daniel ne cessaient de retentir dans mes oreilles, en boucle. Je sentais une larme délicate couler le long de ma joue, puis deux. Je pleurais là, en silence. Je n'arrivais pas à digérer l'idée qu'on ait pu m'humilier de cette façon publiquement, et que même s'il ne le pensait peut être pas, le regard des autres m'obsédait. Pensaient-ils tous que je me comportais comme une sorte de chevalier blanc prête à défendre Bill de n'importe quelle attaque, comme une groupie qui ne supporte pas qu'on puisse en penser autre chose que du bien ? Je me faisais surement des idées et en réalité, peut être que les autres n'en pensaient rien, ce qui au final serait beaucoup plus logique. Mais dans cette situation, il était difficile de m'imaginer être autre chose que le centre du monde. Quelque part, mon côté timide allait de pair avec mon côté nombriliste, à la moindre occasion je m'imaginais que mes moments gênants étaient tout ce qu'il y avait a voir, et que personne n'en raterait une miette.

- Hey...

J'étais donc décidément condamnée à le croiser absolument partout où mes pieds foulaient la terre. Bill se tenait debout devant moi. J'essuyais mes larmes mais je savais qu'il les avait déjà remarqué.

- Tu es partout toi. Lui dis-je nonchalamment.

  - Est ce que tu vas bien ? Je...

- Ecoute, si tu es venu juste pour me signaler que tu avais raison et que je ne devrais pas me mêler de toutes les embrouilles dans lesquelles tu te retrouve plus ou moins par inadvertance, merci, je suis au courant, et ensuite je tiens à souligner que ce n'est pas toi qui m'inquiétais sur le moment.

Alors que je prononçais ces mots, je ne me rendais pas tout de suite compte que mon agressivité était un peu trop mal dosée.

- En fait, je suis surtout là parce que je t'ai croisé sur mon chemin, et je voulais juste m'assurer que ça allait pour toi, parce que j'ai vu ta mine contrariée depuis un bon 100 mètres. Contrairement à ce que tu pourrais penser, je ne suis pas quelqu'un de très moralisateur.

- C'est pas ce que j'ai remarqué ce matin quand tu es venu me remettre à ma place alors que je buvais tranquillement mon café. Répliquais-je, rancunière.

- Oh, je suis désolé que tu l'ai pris comme ça, ce que je voulais dire c'est que je ne veux pas que tu sois celle qui souffre des altercations face auxquelles je pourrais me retrouver confronté. Je sais que j'en aurais d'autres, ça fait partie du jeu, mais je refuse que toi ou quiconque en soit touché. C'était tout.

Expliqué comme ça, ça rendait les choses plus admissibles. Je me sentais moins coupable ou illégitime.

- Je ne voulais pas dire non plus que tu as eu tord de t'interposer entre moi et Jordan, ce que j'aurais dû te dire, c'est que le monde manque cruellement de gens comme toi qui se lève face aux injustices, et je n'aurais pas dû tourner ça de la façon dont je l'ai fait.

- Jonas. Le corrigeais-je

- C'est pareil.

- Bof.

- J'ai bien vu aujourd'hui que tu étais mal à l'aise à cause de ce que je t'ai dis ce matin, c'est ma faute, je ne réussis à m'exprimer correctement que quand j'écris des paroles on dirait.

- C'est gentil de l'admettre...

- Je peux m'assoir ?

Je me décalais légèrement et lui laissais un peu de place sur le banc.

J'ai capturé ta mélodieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant