Chapitre 17

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              Il atteignait l'escalier de secours en sautant du balcon et dans un bruit fracassant. Je réalisais à ce moment là que je ne pourrais pas en faire autant avec mes cuissardes et commençais à stresser.

- Bill ! Je ne peux pas te suivre ! Lui dis-je en tremblant, face contre le vide et dos à la rambarde.

- Fais comme si tu voulais sauter sur moi je vais te rattraper.

- Mais tu vas pas y arriver !

- Fais moi confiance !

J'étais partagée entre l'envie de le rejoindre, la peur de tomber et l'idée de retourner tout simplement sur le balcon pour demander aux autres de m'ouvrir. Mais ils m'avaient vu escalader la bordure, ils se moqueraient de moi qui car je me serais dégonflée, et j'avais déjà bien trop attiré l'attention pour ce soir. Je prenais mon courage à deux mains et m'élançais en direction de Bill tout en regrettant instantanément cette décision. L'image de ma cheville qui se rompt me traversait l'esprit aussitôt, et me donnait un haut le cœur. Bill m'attrapait au vol d'une main, en se tenant à la rampe de l'escalier avec l'autre. Il me faisait mal car il m'agrippait de toutes ses forces, mais au moins mon atterrissage était une réussite. Il me posait sur les escaliers et je commençais à descendre devant lui, puis nous courrions dans les rues comme pour échapper à l'intrusion de nos amis.

- Attends. Lui dis-je toute essoufflée, j'ai mal aux pieds, je vais me tordre la cheville à force de courir comme ça.

- Je te l'ai pas dit mais elles sont vraiment magnifiques tes bottes !

- Merci ! C'est Julia... ouf... qui me les a conseillé. Ahh. Aie aie aie, elles sont belles mais elles me détruisent.

- T'as de la chance on est presque arrivé !

- On va où ? Lui demandais-je, m'apercevant subitement que je le suivais aveuglement sans savoir pourquoi.

- Chez moi. Que tu puisses au moins te débarrasser de tes instruments de torture sans risquer de marcher pieds nus dans la merde.

Je riais à sa réflexion crue et lui emboitais le pas. L'un comme l'autre, nous avions bu une certaine quantité d'alcool qui nous faisait un peu tourner la tête, qui nous faisais chanter et parler beaucoup trop fort. Mais qu'est ce que nous rigolions. C'était, je crois, un des plus beau fous rire que je n'avais jamais vécu. Un fou rire qui résonnait comme une mélodie enchanteresse dans l'obscurité de nos âmes. Léger comme le murmure du vent dans les feuilles d'automne, il dansait dans l'air, emportant avec lui les fardeaux du quotidien. C'était un instant où le monde extérieur semblait s'évaporer, laissant place à notre propre univers de joie, où chaque éclat de rire était aussi beau et fugace qu'une étoile filante.
Il me tenait par la main et me faisait tourner sur moi même, en harmonie avec les cacophonies que nous poussions dans les rues de Leipzig, une danse improvisée à base de trébuchages, de semblants de valse et de pieds meurtris.
Puis soudain, une voiture passait et ralentissait devant nous, mais pas suffisamment pour s'arrêter, elle s'assurait de rouler plus lentement pour ne pas nous accidenter. Et alors que je tournais la tête dans sa direction, je croisais le regard de mon père, et lui faisais de grands signes joyeux, mais je distinguais simplement qu'il serrait sa mâchoire en regardant brièvement Bill, et ne me répondit pas. Il tournait simplement la tête pour reprendre la route et disparaissait dans la nuit noire.

- Oh zut, je crois qu'il ne m'a pas reconnu...

- Euh... tu le connais ? Me demandait Bill soudain un peu plus grave.

- Bah ouais et pas qu'un peu ! C'était mon père.

Son visage s'était voilé, comme pris d'une inquiétude nouvelle. Il se retournait et regardait dans la direction où était parti la voiture.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 12, 2023 ⏰

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