Chapitre 14

46 4 3
                                    

                

                   Le lendemain, alors que j'allais à l'université, je me rendais compte que je n'avais pas révisé depuis plusieurs jours, ce qui ne me ressemblait absolument pas. Entre mes soucis avec Daniel et mes divagations pensives à propos de Bill, sans oublier Tom qui avait décidé d'être un peu plus présent dans ma vie, je me sentais complètement déconcentrée. Faut dire aussi, ce n'était pas tous les jours qu'il y avait du mouvement dans ma petite vie, et c'était un peu déstabilisant.
Alors que j'avançais rapidement, juste avant d'entrer dans l'enceinte de mon établissement, Daniel se plaçait à côté de moi et m'emboitait le pas.

- On va s'ignorer encore longtemps ? Me dit-il d'un ton calme bien qu'un peu mélancolique.

- J'aimerais te dire que non et qu'on va reprendre nos petites habitudes sans rancune, mais je t'avoue que je suis pas très à l'aise avec ton comportement. C'est tout nouveau pour moi et je préférais le Daniel qui me laissait vivre comme je l'entends. Lui répondis-je, tout aussi triste que lui.

- Alors tu ne veux plus du tout m'adresser la parole ?

- Bien sûr que si je le veux, mais je le ferais uniquement si j'ai la certitude que tu ne joues pas le papa de substitution.

- Combien de fois vais-je devoir te présenter mes excuses, Olympe ?

- A vrai dire, encore deux fois. Une pour le message d'excuse raté, pour le rattrapage, et une deuxième pour le semi espionnage dans la forêt lorsque je travaillais avec Bill.

- Mais quelle rancunière celle là ! Tu serais pas Taureau par hasard ?

- Pire, Capricorne. Lui répondis-je en souriant discrètement.

- Il m'attrapait soudain la main ce qui me stoppait net dans ma course. Je me retournais vers lui et il se rapprocha de moi.

- Oh grande déesse de l'Olympe, tu l'as celle là ? commença-t-il avec un clin d'oeil. J'ai invoqué votre fureur par mon comportement désastreux de ces dernières semaines, car je n'avais pas réalisé à quel point mon inquiétude me retournait le cerveau, et vous n'étiez pas censé en pâtir. Je n'ai été qu'un petit moustique bruyant en plus d'être piquant, alors que je ne voulais même pas votre sang. Acceptez les (deux) excuses les plus sincères et les plus désespérées d'un pauvre être inférieur dont le coeur saigne de votre silence impétueux...

- Qu'est ce que c'était que ça encore Dan ? lui répondis-je en explosant de rire, je ne m'y attendais aucunement.

- Mon meilleur discours émouvant.

- Aller c'est bon, on passe à autre chose haha.

Il m'attirait à lui et me prit dans ses bras. Alors que je me desserrais de son étreinte chaleureuse, je remarquais Bill à quelques mètres de là, qui nous regardait pendant qu'un autre élève lui parlait, sans y faire attention. Mon regard croisait le sien et je ressentais comme une sorte de boule au ventre qu'il m'ait surprise dans un moment si intime, bien qu'exclusivement amical, avec Daniel. Il me regardait pendant quelques secondes avant de me sourire avec une certaine bienveillance couplée à de la malice, puis détournait ses yeux des miens, me laissant comme envahie par une petite frustration arrogante. Si je devais trouver un élément de comparaison, c'est un peu comme le sentiment que l'on ressent lorsqu'on ne branche pas correctement son chargeur de téléphone, et qu'au réveil, la batterie est presque vide. Comme dans cette situation, je savais que j'allais y penser toute la journée, et que j'allais me dire que j'aurais dû approfondir le contact pour recharger mes piles.
Nous rejoignons Julia qui nous attendait en nous gardant des places. Je passais le cours sans la moindre once de concentration, j'avais beau essayer, je n'arrivais pas à décrocher mon regard de cette chevelure sombre.

J'ai capturé ta mélodieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant