Chapitre 11

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            Je me réinstallais à côté de lui avec délicatesse comme si mon corps voulait encore plus se rendre invisible que d'habitude. J'essayais de faire comme si je n'avais rien entendu pour retrouver un peu de naturel, après tout, il était souvent du genre ambigüe quand il s'exprimait, ça ne voulait pas dire qu'il avait des arrières pensées, je le savais bien maintenant. Il n'y avait donc aucune raison que j'en ai à sa place.

- Alors, par où commencer. On a écrit une chanson qui s'appelle Durch Den Monsun, c'est un peu grâce à celle là que notre groupe a décollé.

Il lançait la chanson et j'écoutais attentivement. Effectivement, maintenant que j'entendais sa piste, je me rendais compte que je l'avais déjà probablement entendue à la radio sans trop y prêter attention, sûrement en faisant mes courses ou quelque chose comme ça. Je n'avais jamais écouté les paroles jusqu'à maintenant et réalisais seulement leur profondeur. Je reconnaissais dans le refrain les lignes qu'il avait écrit sur son carnet la deuxième fois que nous avions échangé.

- Ce sont de belles paroles, c'est inspiré de la vie d'un d'entre vous ? Demandais-je.

- Ouais.

- Ah ouais ? Qui ?

- Joker.

- Je crois que j'ai saisi.

- N'en sois pas si sûre. Peut être que je suis seulement une bonne personne qui ne dévoile pas la vie privée de ses meilleurs potes, ou encore pire, de son frère.

- Mais ça je ne le saurais jamais ?

- Là, t'as saisi. Répondit-il en souriant.

Il me faisait encore écouter deux chansons parmi ses préférées. Puis nous décidions de nous mettre en action pour partir de son appartement, à la conquête de quelques beaux clichés ensoleillés. Je renfilais mes vêtements de la veille et lui empruntais un petit peu de déodorant et de mascara pour affronter cette nouvelle journée. En sortant de la salle de bain, je le trouvais avec son fameux sweat rose bonbon à motif banane, sa capuche sur la tête, en train d'enfiler ses baskets. Je pouffais de rire en le voyant ainsi.

- Ne ris pas, c'est surement grâce à ça que ta vie privée va rester intacte encore quelques temps. Me lançait-il.

- C'est vrai mais bon sang j'avais besoin de le voir pour le croire. Riais-je.

Nous finissions par sortir, je lui emboitais le pas naturellement, et nous décidions de passer chercher de quoi grignoter avant de se mettre au travail. Je commençais par lui expliquer rapidement quelques points de théorie pour qu'il comprenne le fonctionnement de l'appareil, et pour l'amener à pousser davantage sa réflexion sur ce qu'il pouvait immortaliser d'intéressant dans les sujets qui l'attiraient. Nous nous baladions un peu partout à travers les différents sites dont il avait prit note. Même moi j'en découvrais certains un peu perdus au fin fond de ma petite ville. J'en profitais pour prendre de nouvelles photos que je retoucherais plus tard. J'essayais au maximum de me montrer pédagogue pour qu'il trouve un intérêt dans ce que nous faisions, même si je savais qu'il en avait déjà un minimum, puisque c'était son idée. Il me montrait ses photos au fur et à mesure, tout fier de lui. C'était presque mignon à voir. Pendant que je le laissais s'amuser un peu avec mon trésor numérique, je sortais mon petit carnet de mon sac à dos et faisais quelques croquis de petites fleurs des bois que je trouvais sur notre chemin. Je recevais un message sur mon téléphone.


MEUF SERIEUX ?   13:40


C'était Julia qui m'écrivait. J'étais surprise de ce message et attendait qu'elle développe.


J'ai capturé ta mélodieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant