Chapitre 1 : une rencontre-clef

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Avril 2019. 

La vie est douce, la Covid n'est pas encore passée par là, je suis insouciante. A 25 ans, cela fait presque un an que je suis célibataire. Auparavant, j'avais toujours été en couple, même si ces relations n'avaient jamais vraiment duré. J'ai enfin compris que je pouvais être heureuse sans forcément avoir un copain et, depuis quelques mois, j'ai même pris le parti d'arrêter le principe que j'avais de n'avoir des relations sexuelles que si j'avais des sentiments amoureux pour mon partenaire. 

Cela ne veut pas dire que je suis devenue totalement délurée : je n'enchaîne pas non plus les hommes et je ne couche pas avec n'importe qui. Mais si un homme me plait et que je sens que c'est réciproque, je ne verrais pas pourquoi je devrais me priver de plaisirs charnels. D'ailleurs, je privilégie clairement la qualité à la quantité puisque, pendant ces quelques mois, je n'ai eu des relations qu'avec trois hommes, alors que le nombre de candidats potentiels était bien plus grand ; merci Tinder et autres applications de rencontres.

Trois, c'est un chiffre qui me convient bien. Cela peut paraître peu pour certains, beaucoup pour d'autres, mais moi je m'en fiche un peu de ce que pense autrui. Mon but n'est pas de collectionner, mais simplement de m'amuser et de prendre mon pied.

De ces moments volés au quotidien, j'ai appris pas mal de choses sur moi. D'abord, j'aime le sexe et les plaisirs qu'il m'apporte. Je sais aussi désormais que je peux plaire alors que ma timidité faisait que je doutais trop souvent de moi et de mes capacités de séduction. Trop souvent par le passé j'ai eu l'impression d'être transparente aux yeux des hommes. J'ai aussi mis de côté certains complexes, comme mes petits seins ou la forme de mon visage, qui jusqu'alors me pesaient exagérément au moment de tenter de séduire un homme convoité.

Ces expériences, bien qu'elles aient été globalement satisfaisantes, m'ont également appris que les hommes pouvaient être assez égoïstes dans leur rapport au plaisir. Ils prennent leur pied mais ne s'occupent pas totalement de leur partenaire. De MON plaisir. Il en demeure une certaine frustration de mon côté, mais force est de constater que je n'arrive pas à faire comme eux. J'adore toujours donner du plaisir à un homme, et peut-être que cela m'a desservi dans ces trois relations aventureuses. J'aurais peut-être gagné à être quelque peu plus égoïste ou égocentrée.

Au delà de cela, ma vie est simple, bien rangée. J'ai un chouette petit appartement, proche de mon lieu de travail, j'ai des amis avec qui je sors régulièrement et des collègues de travail avec qui je m'entends bien, même si j'aime séparer ma vie privée de ma vie professionnelle. C'est pourtant à une soirée organisée chez une collègue, pour son anniversaire, que je vais faire une rencontre qui va bouleverser ce train-train quotidien.

A cette soirée, une trentaine de personnes dans un appartement qui ne devrait décemment pas en recevoir plus de dix. L'ambiance est chaleureuse. Les invités sont majoritairement issus du milieu médical, essentiellement des infirmières. Dans cette environnement très féminin, quelques hommes sont présents. Parmi ceux-ci, Marc, un homme de dix ans de plus que moi, semble à l'aise au milieu de toutes ces femmes. Je comprends pourquoi lorsque j'apprends qu'il travaille comme sage-femme. Quelle curiosité : un homme sage-femme ! Etant infirmière dans un grand hôpital universitaire, je sais ce vivent mes collègues masculins en travaillant dans un milieu majoritairement féminin. Pour lui, cette expérience doit être poussée à l'extrême : il ne doit pas avoir beaucoup de collègues masculins.

A cette soirée, je discute avec Marc. Il est sympa, avenant, intelligent. Grand, brun, assez mince, il ne m'attire pas particulièrement physiquement, mais n'est pas repoussant pour autant. Ce qui me marque, c'est son côté « air sage ». Il est le type de mec à qui on donnerait le bon Dieu sans confession. Et ce genre d'hommes, ce n'est pas vraiment ce que je recherche à ce moment : je fantasme alors plus sur le côté « bad boy » et Marc ne joue clairement pas dans ce registre. Nous échangeons tout de même nos contacts sur nos réseaux sociaux, mais je n'attends rien de particulier de cette rencontre.

La soirée continuera comme elle a commencé : sympathique, mais pas mémorable. Je rentrerai peu après minuit chez moi, sagement et sans avoir conscience de l'impact que cette soirée aura sur la suite de ma vie. 

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