Chapitre 8 : Virginie

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Pendant plusieurs semaines, je n'ai plus de nouvelles de Marc. Tout au plus un petit message par ci par là, pour prouver qu'on existe toujours, mais ni lui ni moi ne fait de proposition pour nous revoir, que ce soit pour un fantasme ou pour des moments à deux.

Ce détachement me fait presque du bien. Alors que j'avais l'impression d'être accroc à mon réalisateur de fantasmes, je rencontre un mec lors d'une soirée dans une autre ville suisse. Je passe la nuit avec lui et le revois même à deux reprises, sans aucun remord pour mon partenaire habituel. Cette relation éphémère n'ira pas plus loin, mais cette fin se fait sans aucun regret. On ne peut même pas parler de rupture, puisque le lien entre nous deux n'aura été finalement qu'un instantané, sans promesses ni espoirs.

Je suis vraiment devenue une femme totalement libre dans ma sexualité et cela me plait. Certaines ou certains me traiteraient volontiers de salope, mais je n'en ai vraiment rien à faire. Au contraire, je revendiquerais presque le terme, s'il était prononcé dans un contexte non injurieux. J'aime vraiment le sexe, je le pratique pour mon bien, en tenant de donner autant de plaisir que j'en reçois. Et cela m'épanouit dans ma vie de femme, sans m'obséder pour autant.

L'automne approche à grands pas quand Marc m'envoie un message qui va relancer nos avancées fantasmagoriques :

« Samedi prochain, je vais boire un verre à Lausanne avec ma seule autre sexfriend actuelle. Elle pourrait être intéressée par un plan à trois, est-ce que tu te joins à nous ? ».

Contrairement aux messages précédents, il n'y a aucune photo qui accompagne cette annonce. Il se trouve que je n'ai rien le lendemain et que je suis curieuse de savoir qui est cette autre sexfriend dont je n'avais pas connaissance. Je me laisse donc tenter par cette mystérieuse rencontre.

Lorsque j'arrive au bar « la mise en bière » à Lausanne, spécialisé dans les bières à la pression que j'apprécie particulièrement, je trouve Marc et la gente dame, prénommée Virginie, à une table, au fond du bistrot. Je vais me chercher une mousse au bar et les rejoins. Il fait très beau dehors, ce qui a pour effet de déserter ce chouette lieu public qui a le défaut d'être dépourvu de terrasse. On est d'autant plus à l'aise pour faire connaissance.

Virginie a le même âge que Marc, je suis clairement la petite jeunette du trio. Elle ne me fait aucun effet de prime abord, mais me paraît sympathique. J'ai le profond sentiment de l'avoir déjà vue, mais nous n'avons pas la même activité professionnelle – elle est enseignante, on ne pratique pas les mêmes sports et elle ne vit à Lausanne que depuis un an. Tout au plus est-il possible que l'on se soit vue en Ville, puisqu'elle habite proche de chez moi.

Mais qu'importe, la discussion est vraiment sympathique et je me laisse porter par le moment. On parle d'à-peu-près tout sauf de sexe, ce qui me convient. Plus la soirée avance, plus je me sens à l'aise et me projette. Je suis par contre dans la mauvaise période du mois pour envisager quoi que ce soit cette soirée-là, ce dont mes deux partenaires de soirées sont tout à fait au courant. Je sais que ce n'est pas forcément rédhibitoire, mais je n'ai jamais apprécié le sexe en période de règles. Il est parfois des lubies avec lesquelles il faut savoir vivre et ne pas les remettre en question.

J'essaie d'imaginer Marc au lit avec cette femme et je me demande si elle décolle aussi facilement que moi. Cette imagination est clairement de la curiosité et aucunement de la jalousie. Le bar, situé dans un quartier d'habitations, ferme à 22 heures et je devine qu'ils vont passer la fin de soirée chez elle. J'aurais presque envie d'assister à leurs ébats, mais je me garde bien de le leur dire, j'aurais trop peur qu'ils acceptent et me le proposent. J'appréhende que la frustration de ne pas pouvoir participer prenne le pas sur ma curiosité. Cette dernière restera donc purement mentale pour le moment.

Comme prévu, à 22 heures, le bistrot ferme. Mes deux acolytes me proposent bien de les accompagner pour un dernier verre chez Virginie, mais je préfère rejoindre des copines dans un autre bar qui, lui, ferme plus tard. Je les laisse partir pour vaquer à leurs activités que je devine clairement peu catholiques. Je ne ressens aucune jalousie, bien au contraire. Le fait que Marc voie d'autres femmes m'enlève la pression que je pourrais avoir si j'étais la seule : on ne se doit rien, je n'ai rien à lui prouver.

On se fait la bise dans la rue pour se dire au revoir. Je ressens que l'accolade avec Virginie est plus chaleureuse qu'à mon arrivée. Je sais qu'un feeling s'est installé entre nous, même si on est restées totalement platoniques et qu'on ne s'est rien dit qui puissent le laisser penser.

Le surlendemain, soit le lundi, Marc me contacte pour me dire que Virginie est tentée par une rencontre moins verticale et me demande mes disponibilités. On trouve une date disponible pour nous trois déjà le dimanche suivant, en soirée. Cela me convient tout à fait, mais je décide de convoquer Marc chez moi avant pour en savoir plus... il passera la nuit du mercredi au jeudi chez moi.

Ce mercredi-là, Marc m'écrit qu'il a envie de me sauter dessus. Je lui facilite la tâche en le recevant totalement nue ! La réaction ne se fera pas attendre, on ne quittera pas le corridor de mon appartement pour le premier amusement de la soirée. Debout contre la porte ou assis à même le sol, Marc me prend avec fougue jusqu'à épuisement. Quel beau début de soirée.

Une fois notre affaire terminée, je questionne Marc sur cette Virginie dont j'ignorais l'existence.

-« Que peux-tu me dire sur cette Virginie ? Tu la connais depuis longtemps ? »

-« Je la connais depuis trois ans maintenant, mais on ne se voit que trois ou quatre fois par année. Avant, elle habitait à Sion en Valais. En général, on va boire un verre à quelque part de sympa et on finit la nuit ensemble de manière assez classique. Je sais qu'elle a eu quelques expériences avec des femmes, mais elle ne se considère pas comme bi. Je lui ai parlé de ta première expérience féminine décevante et elle en tiendra compte, j'en suis persuadé. C'est une femme plus diplomate et plus posée que Carole. Je pense que cela va bien se passer ».

-« Et tu l'imagines comment ce plan à trois ? Tu vas vouloir regarder, comme un candauliste ? »

-« Non, pas du tout, j'ai envie de participer. Après, il faut se laisser porter par le moment. Tout est possible et rien n'est obligatoire. Il te faut arrêter d'être autant cérébrale, Sabine. Laisse-toi aller, ne réfléchis pas trop et profite du moment présent ».

Pour moi qui aime toujours être dans le contrôle, ces mots sonnent comme une remise en question. J'ai bien envie d'essayer, mais je ne suis pas sûre d'y parvenir. Ce que je sais par contre, c'est que mes appréhensions féminines pour dimanche prochain sont passées et que je me réjouis totalement de vivre, une fois encore, quelque chose de nouveau. 

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