LEARDER

Chapitre VI

LEADERS

  Chapitre VI

Tirant machinalement sur sa barbe, le commissaire Djaki essaie de faire le point de la situation. Elle paraît plus compliquée qu’il ne l’a imaginé. Il regarde autour de lui. Son équipe déloge le voisinage qui se regroupe derrière les barres de fer installées. Les sirènes des renforts se rapprochent, le monde derrière les barres de fer  s'accroît. Certaines personnes se mettent à filmer et lancer  l'information sur les réseaux sociaux .

- Officier  Jeff ! Hurle-t-il.
- Oui, chef !
L’officier court vers  le commissaire sans se faire attendre.
- Les tireurs d’élite sont-ils en place ?
- Ils viennent juste d’arriver, chef. Nous avons fait libérer les maisons aux alentours. C’est une question de quelques minutes pour qu’ils soient tous en position.
- Ok, Jeff. Bien joué ! Maintenant, demande à tout le monde de se mettre sur la même fréquence radio et que personne ne tire sans mon approbation.
- Bien, chef. Et qu’en est-il de la communication avec le chef de gang ?
- Il se croit dans un film hollywoodien. Il veut un  autobus ou il tuera un membre de la famille Lohoues dans une heure.
- Et qu’est ce vous comptez faire ?
- Je ne sais pas, Jeff. Je réfléchis.
- Mais vous savez quand même que ce sanguinaire respectera sa parole si vous ne faites pas ce qu’il demande.

L’analyse de Jeff le pessimiste trouble encore plus son supérieur.

- Il n’aura pas  de mini-bus, avance-t-il avant de se diriger vers l'unité d’intervention intensive qui vient  d'arriver.

Le commissaire Djaki n’a pas l’intention de se laisser intimider bien que le gang soit en position de force avec les otages. Lui est fermement décidé à leur faire comprendre que la seule issue est de se livrer, même si perdre un seul otage le terrifi. Cela fait des mois qu’il sont aux aguets pour capturer ces malfaiteurs. Ne dormant presque plus, l’alerte du cambriolage lui a été lancée pendant qu’il  patrouillait dans le secteur. Bien préparé aux cas où l’occasion se présenterait, toutes les équipes, en place dans la zone de Cocody, l’ont rejoint et ensemble ils ont pourchassé le gang jusqu’à ce qu’il trouve refuge chez le pasteur Hugues.

- Commissaire Djaki, salue l'homme robuste descendant d’un 4X4, accompagné d’une vingtaine d'hommes cagoulés, armés jusqu’aux dents descendant d'un fourgon. Ce sont les forces d’interventions entraînées spécialement pour ce genre de mission.
- Sergent Djibrile ! Salut-il
- Quel est le point de situation, Commissaire? L’homme chambre son arme tout en découvrant  la villa.

     ***
   
Espionnant toujours l'extérieur, Goutin laissant échapper la dernière fumée de ses poumons, assiste à l'arrivée de plusieurs militaires. Il sait que son gang a une forte  réputation, mais ne s'attendait pas que cela  leur attirerait  l'attention de l’armée de tout un  pays. Ce serait du suicide de combattre contre eux, il le reconnait.  Mais il a un grand atout. Les otages, et eux seuls, peuvent le faire sortir de cette impasse.
Le soleil se met à briller, illuminant la salle de séjour. Terry et Bigui couvrent le corps de Riggi, Rebeca serrant sa fille contre elle, essaie de rassurer en même temps une Salomé complètement effarée après avoir entendu la dernière phrase du Braqueur. Elle voit déjà sa mort venir. Plus jamais, elle ne reverra plus jamais son frère et son fils pour qui elle se bat afin de leur faire obtenir un avenir radieux après la mort de son époux décédé il y a six ans. Elle croit avoir assez souffert pour se retrouver dans un tel guêpier.  Veuve et agressée.
– Seigneur, épargne ma vie, épargne nos vies. Seigneur, comme une litanie, elle répète ces phrases pendant que les larmes ruissellent sur ses joues.
– Je vous trouve vraiment agaçante, mademoiselle, remarque Goutin  s'adressant à Salomé qui continue  sa prière, la voix tremblante et entrecoupée par des sanglots comme si elle est  en transe.
- Vous n’avez pas compris ? s'énerve-t-il. Bien, je crois que vous avez besoin qu’on vous passe le message autrement.
D’un pas déterminé, il fonce  vers la jeune fille, mais est stoppé dans son élan par le pasteur Hugues qui se dresse devant lui.
Face à face, les deux hommes se fusillent du regard. La respiration du pasteur est forte, son corps est parcouru de spasmes. Rebecca a la respiration coupée, Rigi et Bigui se rapprochent. Dévisageant profondément l’homme de Dieu, Goutin a comme un déclic tout d’un coup. Il fait un pas en arrière pour mieux dévisager son otage dont les rayons du soleil pénétrant dans la maison comme un traite illuminent parfaitement.