3 - Questions

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PDV Grell

Je m'ennuie. Cela fait trois heures que je contemple une photo de mon Sebas-chan, et je n'ai toujours pas trouvé le secret de sa beauté ! 

Après avoir sauté par la fenêtre sous les yeux médusés du fiancé de la gamine, j'ai déposé celle-ci, évanouie, sur toit. Je suis ensuite retourné bosser. J'ai récolté l'âme d'une femme battue à mort par son mari, puis celle de ce-dernier, qui s'était fait renversé par une cariole après son meurtre (perso, j'appelle ça le karma). Pourtant, bien que ce retour des choses m'ait un peu amusée, je reste pensive. Que ce soit celles de ce couple ou celle de n'importe laquelle des personnes qui ont un jour été présentes sur ma liste, je n'ai jamais vu de lanterne cinématique comme celle de la gamine : brouillée, fragmentée, brisée (NDA : pour visualiser, sa lanterne cinématique ressemble à ce qui se passe sur la chaîne Canal +). En vérité, je ne savais même pas qu'une lanterne comme la sienne existait. 

Je jette un coup d'œil dans sa direction, d'abord pour vérifier si elle est toujours inconsciente, et puis pour tenter de l'analyser un peu plus. Je peux tolérer beaucoup de choses et laisser faire beaucoup d'autres, mais le viol, non. C'est la raison pour laquelle je suis intervenue, et je n'ose même pas imaginer dans quel état la gamine serait si cela n'avait pas été le cas.

Sûrement dans le même que que moi.

Les stigmates de mes onze ans, cette année passée en enfer, sans personne pour m'en sortir, le souvenir de cet homme refermant la porte de ma chambre après avoir déclaré : " Viens, j'ai un nouveau jouet à te montrer, on va s'amuser un peu" me revient d'un coup et provoque des frissons qui courent le long de mes membres sans s'arrêter.

La photo de Sebastian m'échappe alors des mains, me sortant de mes sombres réflexions du temps où j'étais humaine.

 — Mon Sebas-chan ! m'écrié je avant de me lever pour tenter de la rattraper.

Je me rends vite compte que ce n'est pas le vent qui est en cause, mais la gamine, qui s'est réveillée entre temps, et semble par ailleurs bien décidée à m'énerver.

 — Rends la moi !

 — Pourquoi ? C'est qui ? Il n'est même pas beau, rétorque-t-elle.

 — QUOI ?!! Tu te fiches de moi ? C'est le plus bel homme de la Terre - hormis mon Willu, que tu as devant les yeux, petite mortelle !

 — Hmm, si vous le dîtes.

Je me précipite sur elle pour récupérer mon bien mais elle saute hors de ma portée.

Saleté.

Je la vois se tenir le flanc en grimaçant mais en vérifiant son bandage, je vois qu'il est presque immaculé. Étrange, mais cela fait partie de l'hypothèse que je dois impérativement vérifier. J'attaque en dosant ma force pour ne pas la blesser, mais de toute façon, elle esquive tous les coups avec une précision chirurgicale, ce qui est étrange pour une borgne. Au fur et à mesure du combat, je peux voir mon hypothèse se confirmer : elle bouge et se bat comme une Shinigami.  Notre force et notre fluidité au combat ne sont en effet pas dus à un entraînement spécial, mais découlent d'un don que chaque dieu de la mort reçoit à son entrée dans l'organisation. Une simple mortelle ne peut donc pas l'obtenir.

Mais en est-elle seulement une ?

Je me souviens alors d'un détail qui avait attiré mon attention lors de notre précédent combat. Je lance une nouvelle attaque, cette fois dans l'optique de me rapprocher suffisamment pour pouvoir observer ses yeux. Là, son iris droit : vert avec des reflets jaunes, semblable aux miens : un œil de Shinigami. Pourtant, je peux remarquer que son œil gauche, bien qu'aveugle à présent, n'a jamais été ainsi, mais semble plutôt avoir été bleu, par le passé.

One-eyed reaperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant