2 - Étrange sauvetage

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PDV Clara

Je rougis instantanément. Pas à cause de la phrase que vient de prononcer cet étrange personnage, mais plutôt du fait de la prise de conscience dont elle s'accompagne : ce n'est pas une femme, mais un homme habillé comme telle !

Me rendant soudain compte de mon état déplorable, je me jette sur ma robe qui gît au sol et l'enfile sans cérémonie. Je ne suis pas beaucoup plus présentable, mais au moins je suis couverte, contrairement à il y a deux minutes. Je ne peux m'empêcher de repenser à ce qu'il vient de se passer. Allait-il vraiment essayer de... ? Oui, sûrement. En vérité, je pensais bien qu'il essaierait un jour, mais pas si tôt et à présent, je ne suis pas sûre de pouvoir subir cela une nouvelle fois. Mes jambes flanchent à cette pensée et je dois me retenir au montant du lit pour éviter de finir à genoux. Non, en fait, je suis sûre de ne pas pouvoir supporter cela une nouvelle fois. Rien que le souvenir de sa bouche sur moi suffit à me donner envie de vomir.

Je ne veux plus jamais revivre ça.

Me vient alors à l'esprit que je ne suis sûrement pas la seule fille que le Vicomte ait tenté de violer, peut-être même a-t-il  réussi avec certaines d'entre elles...

Il faut qu'il meure.

C'est certainement la solution la plus viable pour qu'il ne fasse plus de mal à personne, mais...

Il faut qu'il meure. Il faut qu'il meure. Il faut qu'il...

 — Je vous la vends.

Quoi ? Qu'est-ce qu'il raconte, encore ?

 — J'avais prévu de la vendre aux prochaines enchères après m'être amusé un peu avec, continue le Vicomte en haussant les épaules, mais si vous la voulez, je peux vous faire un prix.

L'inconnu penche la tête sur le côté, l'air mi-perplexe, mi-amusé. Pour ma part, cette phrase me fait sortir de mes gonds.

 — Un prix ?! grondé je. Vous croyez pouvoir me vendre tel un objet ?! 

Je me jette sur lui et enserre son cou avec mes mains. Cette fois, pris par surprise, il bascule et tombe au sol, me permettant de raffermir ma prise et de serrer. Il suffoque et son visage commence à prendre la même couleur que ses yeux. 

J'aperçois l'inconnu sortir une sorte de carnet, le consulter puis froncer les sourcils. Il s'approche mais je ne relâche pas ma prise, serrant au contraire encore plus fort. 

 — Clairement, l'entends je déclarer, cet homme n'apporte rien de bon à ce monde, et je suis aussi d'avis qu'il faut qu'il meure, mais il n'est pas sur ma liste, et je ne veux pas que mon Willu me retire une nouvelle fois l'autorisation de me servir de ma magnifique faux de la mort customisée. Tu l'as vue ? Elle est de la plus belle couleur qui soit : le rouge, la couleur de la passion !

Il pose alors la main sur mon épaule.

 — Du coup, tu peux le lâcher, s'il te plaît ?

Quoi ? Il est sérieux, le binoclard ? Je n'ai pas commencé pour m'arrêter maintenant !

 — Non, réponds je donc.

 — Alors je vais devoir être violente... ricane-t-il en dévoilant ses dents pointues.

C'est quoi, ça ?! Il s'éloigne pour... ramasser sa tronçonneuse ?! Fichtre, je l'avais oubliée, celle-là !! 

One-eyed reaperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant