PDV Clara
Comment en suis-je arrivée là ? Comment en suis-je arrivée à être demandée en fiançailles par un pervers et bon sang, qu'est-ce qui m'a prise d'accepter ? Non, en fait, pour ça, j'ai la réponse : mes parents. Selon eux, c'est une occasion en or pour une fille de simple noble d'être fiancée à un vicomte, mais pourquoi, pourquoi a-t-il fallu que ce soit lui, Aleister Chambers, Vicomte de Druitt, qui fasse cette demande ? Cet homme est certainement le plus égocentrique qu'il m'ait malheureusement été donné de rencontrer, d'autant plus qu'il est connu pour être un vrai coureur de jupons, alors comment lui est-il venu à l'esprit l'idée même de se fiancer, avec moi qui plus est ? Je veux dire, il aurait pu avoir n'importe quelle jolie fille, et je n'en fait clairement pas partie : mes cheveux gris clair qui descendent jusqu'à mes reins cachent la cicatrice qui part de mon front pour finir sur ma pommette, traversant mon œil gauche, blanc bleuté et aveugle. Mon œil droit, lui, est vert avec des reflets jaunes, le tout encadré par mon visage fin et pâle. Je n'ai que très peu de formes pour mes seize ans et je ne mesure pas plus d'un mètre soixante. Je ne ressemble même pas à mes parents, puisque j'ai été adoptée. En somme, je n'ai rien pour attirer un homme tel que le Vicomte de Druitt, blond aux yeux améthyste, qui fait tourner la tête de toutes les femmes, religieuses et femmes mariées comprises.
Enfin, je suppose que je lui plais tout de même, puisqu'il m'appelle toujours...— Mon adorable colibri ! Je te présente deux de nos invitées...
Ah oui, ai-je oublié de préciser que je me trouve actuellement au beau milieu d'un bal que le pervers qui vient de poser la main sur ma hanche a organisé en l'honneur de nos fiançailles ?
— ... Madame Becker et sa fille, Abigail ! Mesdames, voici ma merveilleuse fiancée, Mademoiselle Clara Ellis.
Si la mère me salue de la tête, sa fille, elle, se contente de me fusiller du regard avant de reporter son attention sur le pervers. Sérieusement, pourquoi ne peut-elle pas tout simplement ouvrir les yeux sur la véritable nature du Vicomte et arrêter de m'envier ?
Je les salue à mon tour avec raideur et tente de me dégager pour pouvoir m'aventurer dans l'immense salle encombrée de personnes qui me sont inconnues, mais sa poigne se resserre sur ma hanche, m'empêchant de m'échapper et me gardant auprès de lui en un geste possessif. Quel imbécile. Quand comprendra-t-il que je ne serai jamais à lui ? Enfin, je dis ça, mais il est plus grand que moi, et plus fort, je ne pourrais donc pas faire grand-chose s'il tente quelque chose. Espérons que ce ne soit jamais le cas.— Sans vouloir critiquer vos goûts, monsieur le Vicomte, commence Abigail, pourquoi l'avoir choisie, elle ?
Enfin quelqu'un qui fait preuve d'un minimum de discernement, même si ce n'est qu'une peste en admiration devant le pervers. Celui-ci fait mine de réfléchir à sa question.
— Hmm, pour ses couleurs, je dirais. Entre autres raisons, bien entendu.
— Ses couleurs ? s'étonne la mère. Elle est blanche comme de la craie et ses cheveux ont la couleur de la cendre, je ne vois aucune couleur.
Je suis un pot de fleurs, ils parlent de moi comme si j'étais absente.
— Mais avez-vous vu ses yeux ? demande l'imbécile sur un ton enjoué.
— Ses yeux ?
Oh non. Je lui ai pourtant demandé de pas parler de mes yeux, et de mon visage en général, mais il n'en fait qu'à sa tête, comme toujours. Je crois qu'il fait cela parce que j'ai refusé de l'appeler par son prénom, en privé comme en public. Non, à la place, je l'appelle toujours...
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One-eyed reaper
Fanfic"Si vous comptez sur vos yeux lors d'un combat, alors vous êtes de vrais débutants." Un petit colibri en cage. Voilà à quoi ressemblait Clara Ellis avant qu'un étrange personnage ne la sauve des griffes de son vil fiancé. Sa sauveuse, Grell Sutcliff...