Morne réalité

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Le soleil était déjà levé lorsque Drago ouvrit les yeux. Les jours s'allongeaient, le printemps allait bientôt laisser sa place à l'été. En grognant, le prince des serpentards se leva avec difficulté. Il n'était pas du matin. Il avait passé sa soirée à réviser pour son épreuve de potion qui avait lieu aujourd'hui. Bien loin d'être stressé (après tout, c'était la matière dans laquelle il excellait tout particulièrement), il voulait tout de même mettre toutes les chances de son côté. Quelle honte si lui, Drago Malfoy, obtenait moins qu'un Optimal en potion.

Il se prépara rapidement, son épreuve pratique commençait dans peu de temps. Il se dirigea vers la salle de potion d'un pas traînant, une pomme à la main. Heureusement pour lui, la salle de classe n'était pas bien loin des dortoirs, un des seuls avantages à résider dans les cachots.

Son épreuve se déroula sans accroc. Il réalisa avec succès sa première potion : un philtre de Mort Vivante qui aurait pu assommer un troll des montagnes en une seule goutte. Il s'appliqua particulièrement pour la deuxième, l'Amortentia. Lorsqu'il sentit une odeur du parchemin neuf et de vanille, il ne put dire s'il avait réussi.

Il rejoignit plus tard les autres serpentards pour le déjeuner, n'écoutant  qu'à moitié Blaise et Théo se plaindre de leurs épreuves respectives, qu'il avaient, selon leurs dires, "totalement foirées". Drago était concentré sur le trio d'or deux tables plus loin. Weasley mangeait autant qu'il pouvait, comme à son habitude, Potter avait l'air perdu dans ses pensées, et Granger... Granger révisait, évidemment. Il la fixa un peu trop longtemps pour avoir l'air détaché. Comme elle avait changée depuis leur première année. Ses yeux se relevèrent et croisèrent les siens. Drago détourna le regard avec nonchalance, ignorant son cœur battant un peu trop vite. Il décida d'aller prendre l'air en attendant le début de l'épreuve théorique. Il faisait déjà chaud. L'hiver lui manquait. Été, chaleur, ASPIC... Tout cela signifiait la fin de l'année, la fin de sa septième et dernière année, la fin de Poudlard pour lui. Il ressentit une pointe de tristesse et de nostalgie. Allongé dans l'herbe, ses cheveux blonds presque blancs reflétant la lumière, il écoutait les autres élèves jouer et discuter non loin, profitant du beau temps.

Après un certain temps, il se releva le cœur un peu plus lourd qu'à son arrivée, et se dirigea vers la grande salle. Il trouva le bureau qui lui avait été attitré et s'installa. Devant lui en diagonale à droite était assise Hermione Granger. Elle alignait ses plumes et son encrier avec minutie et délicatesse. Il sortit son matériel à son tour pendant que les autres élèves prenaient leur place. Quatre longues heures de théorie des potions les attendaient, on pouvait lire l'anxiété et la fatigue sur tous les visages dans la salle. Cinq minutes plus tard, l'examen commençait enfin. Il sourit pour lui-même lorsqu'il découvrit le sujet : des questions sur la troisième loi de Golpalott et un essai sur la potion Felix Felicis. Une promenade de santé pour le protégé du professeur Rogue. Sa plume parcourait le parchemin à toute allure, prenant à peine le temps de s'arrêter pour réfléchir. Au bout d'une heure, il avait déjà encré 5 pages. Mettant un point final à sa dissertation dont il était particulièrement fier, il relut son œuvre rapidement. Parfait. Il jeta un œil à la pendule et se rendit compte qu'il avait été beaucoup trop rapide. Il entendait les plumes des autres élèves gratter le papier. Certains grommelaient, il crut même entendre quelqu'un sangloter. Il posa sa tête dans le creux de sa main en levant les yeux au ciel. Son regard tomba sur Hermione, appliquée et soignée, elle rédigeait son essai avec assurance. Il ne pouvait s'empêcher de la regarder, d'être fasciné par sa main balayant le parchemin, ses doigts serrés autour de sa plume, ses cheveux derrière son oreille grâce auxquels il pouvait l'apercevoir mordiller sa lèvre sous la concentration.

Devant ce spectacle, il posa sa tête dans ses bras sans la lâcher des yeux. Il était heureux de pouvoir l'observer sans gêne, personne ne lui prêtait attention. L'odeur de l'encre fraiche, la douce musique des plumes sur le papier, les effluves de vanille qui lui parvenaient lorsqu'elle replaçait ses cheveux derrière son épaule... Tout cela étaient envoûtant, apaisant.

Un instant plus tard, il plongeait dans ses songes.

Viri(di) AurumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant