Viri(di) Aurum

Alliance

Drago passait ses journées dans son bureau, ne sortant que pour les repas. Il espérait que se concentrer sur son travail l'aiderait à se changer les idées. De plus, son père lui mettait la pression pour qu'il s'investisse plus dans les affaires familiales, étant l'héritier des Malfoy. L'empire Malfoy se composait principalement d'investissements de terres et de bâtiments, que la famille louait à bon prix. Drago s'était donc plongé dans les contrats, loyers et autres taxes et se tenait à jour des derniers échanges. Lucius lui avait également demandé de prospecter pour de nouveaux achats. Toujours plus de propriétés, toujours plus d'argent. Les loyers imposés étaient exorbitants mais la famille Malfoy possédait la plupart des terres alentours. Paysans et autres commerçants n'avaient guère le choix.

Malgré la fatigue, chaque nuit, Drago regardait le plafond de sa chambre. Il se rappelait sans cesse de ne pas penser à elle, mais essayer de ne pas y penser revenait à y penser quand même. Alors il fermait les yeux et se repassait les évènements de cette soirée : sa robe flamboyante qui tournoyait, son regard pénétrant et ses mots, toujours justes. Ne pouvant nier son existence, il pouvait au moins la refouler dans sa mémoire et faire d'elle un souvenir. Lorsque l'épuisement le rattrapait, elle réapparaissait dans ses songes. Quel comble d'être prisonnier de ses propres pensées.

Au bout de plusieurs semaines, ses responsabilités le rattrapèrent. Il ne pouvait se cacher indéfiniment, les gens se posaient des questions. Alors, il alla aux soirées et autres banquets, écouta Narcissa vanter les qualités de son fils aux potentielles futures épouses et leurs mères, fit danser plusieurs demoiselles... Mais il était hermétique à toute cette comédie. Il était de nouveau le Drago froid et distant que tout le monde connaissait. Seul Blaise soupçonnait son mal-être, mais n'en disait mot.

Un jour, alors que l'héritier Malfoy était enfermé dans son bureau, Lucius frappa à sa porte.

- Oui ?

- Drago, je suis ravi que tu t'impliques dans les affaires, crois-moi, mais il est temps que tu prennent tes responsabilités.

Face au silence de son fils et ses sourcils froncés dans l'incompréhension, Lucius reprit :

- Il faut que tu choisisses une épouse.

- Mais...

- Grandis un peu Drago, le coupa son père. Si tu veux que nos affaires continuent de prospérer, tu n'as pas le choix.

- ... et je suppose que vous avez déjà quelqu'un en tête ? répondit Drago, dépité.

- Une alliance avec la maison Greengrass nous permettrait de nous faire une place sur le marché de la production minière. Avec notre influence et nos moyens, nous rendront rapidement leurs mines rentables sur des décennies. J'en ai déjà parlé avec le comte, il serait ravi d'unir nos deux familles.

- Nos deux familles... Bien-sûr. Ai-je le choix ?

- Sur le fait de te marier, non. En revanche, il a deux filles : Daphné et Astoria. Tu peux choisir celle que tu préfères, cela n'a pas d'importance.

- ...

- Nous les verrons ce soir lors du bal. J'attends une décision de ta part d'ici demain matin.

Lucius sortit en claquant la porte. Drago quant à lui se prit la tête dans les mains. Cela devait arriver à un moment donné, il le savait. Quand bien même, il était fou de rage.

- MERDE ! cria-t-il en se levant, faisant tomber sa chaise au passage. Il balaya les papiers de son bureau d'une main, le renversa d'un coup de pied, brisant une lampe au passage. Il se laissa glisser le long d'un mur, maudissant son père, sa famille et son sang. Il pensait avoir le temps, le choix. Mais non, rien ne changerait jamais, il était à jamais coincé dans sa prison dorée.

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- Les roses sont sûrement mes fleurs préférées, nous en avons de toutes les couleurs à la maison, notre jardinier est vraiment très doué.

Cela faisait une heure déjà que Drago écoutait Daphné s'extasier sur ses plantes. Il lançait des "Ah oui", "Hmm" et "Oh vraiment ?" par-ci par-là. Mon dieu qu'elle était ennuyeuse. Ils avaient beau avoir le même âge, il avait l'impression de parler à une enfant. Elle ne connaissait rien du monde et ne s'en souciait pas. Elle vivait dans sa bulle et pour rien au monde elle n'en sortirait. Sa vie n'avait de sens que si elle se mariait et avait des enfants. Et si elle avait un beau jardin, apparemment.

Astoria de son côté était plus terre-à-terre. Bien-sûr elle cherchait un mari, mais plus par obligation et pour faire plaisir à sa famille. Elle ne cherchait pas l'amour et aimait la bonne compagnie. Elle était intelligente et belle. A ses côtés il ne s'ennuierait pas autant qu'auprès de Daphné. Il avait donc décidé d'épouser Astoria. Drago espérait s'en faire une amie, à défaut de s'aimer, elle rendrait peut-être l'expérience plus agréable.

- Monseigneur ?

Drago cligna des yeux, se rappelant à la réalité. Daphné le regardait de ses grands yeux innocents avec sa bouche en cœur.

- Veuillez m'excuser, j'étais perdu dans mes pensées, dit Drago. Si cela ne vous dérange pas, je vais aller prendre l'air quelques minutes.

Il exécuta une légère révérence et se dirigea vers les portes. Il respira un grand coup l'air frais de la nuit. Il allait épouser Astoria, il l'annoncerait à son père le lendemain. Il devait commencer à la courtiser au plus tôt et l'idée le fatiguait déjà.

- Mère sera ravie, murmura-t-il avec un sourire triste.

Le grand Drago Malfoy, bientôt marié contre son gré. Il poussa un long soupir, espérant alléger le poids sur ses épaules et dans son cœur. Il décida de marcher un peu, voulant échapper au bruit et à la foule. Les jardins étaient petits mais beaux, chez qui était-il déjà ? Ah oui, la famille Weasley. Une famille noble mais sans richesses, essayant de se faire une place dans la société après des années de modicité. Certains nobles étaient venus par courtoisie plus que par amitié, mais la plupart des familles présentes étaient là par médisance. A coup sûr, les insultes et ragots iraient bon train le lendemain. Drago secoua la tête de dédain à ces pensées. Au moins, lui ne faisait pas de différence : il méprisait tout le monde sans distinction 

C'est ce qu'il croyait, pourtant, c'était faux. Par exemple, il ne méprisait pas la propriétaire des deux yeux noisettes qui venaient de rencontrer les siens au bout du chemin.