Confidences

33 6 1
                                    

Drago ne savait pas ce qui lui était passé par la tête. Il détestait danser. Mais cette fille avait quelque chose de fascinant et la danse était un bon prétexte pour se rapprocher et en apprendre plus sur elle. Alors il se retrouvait là, au milieu de la piste de danse, à poser sa main au creux des hanches d'une belle inconnue pour la faire valser. Le nouveau morceau entamé par l'orchestre était lent et Drago commença à bouger en rythme. Il était doué, grâce aux nombreuses heures de cours particuliers qu'il avait prit depuis sa naissance à la demande de sa mère. Mais cette fille à la robe rouge était meilleure. Nettement meilleure. Elle se mouvait avec grâce et sans effort, ses pas et ses gestes étaient parfaits.

- Où avez-vous appris à danser ? demanda Drago.

- Mon père m'a appris, confia-t-elle en souriant, semblant se remémorer de bons souvenirs.

- Votre père n'était-il pas trop occupé ? Comment pouvait-il avoir le temps de gérer ses affaires et vous apprendre à danser ? Vous semblez avoir de longues heures de pratiques.

- J'ai beaucoup pratiqué, en effet, répondit-elle simplement.

- Qui est votre père ? Je pense connaître toute les bonnes familles de la ville, pourtant je ne crois pas vous avoir déjà vue.

- Le principe de ces masques est de conserver son identité un secret. Ainsi vous comprendrez que je ne peux pas répondre à votre question.

Drago n'était pas satisfait.

- Vous pouvez me le dire, je ne le répéterais pas, tenta-t-il avec un sourire en coin.

La jeune fille s'approcha alors de l'oreille de son partenaire, donnant des frissons à Drago.

- Bien essayé, mais non, (elle se recula en souriant). Dites-moi qui vous êtes et peut-être que je vous dirais qui je suis...

Drago se renfrogna.

- Je ne peux pas faire cela, répondit-il avec un soupir.

- C'est bien ce que je pensais, ria-t-elle doucement.

Sa voix était douce, son rire cristallin. Drago était captivé et il se détestait pour cela. S'il arrivait à découvrir son identité, il était sûr que son obsession pour elle disparaîtrait. Alors qu'il était toujours perdu dans ses pensées, elle reprit la parole :

- Alors dites-moi quelque chose sur vous.

- Que voulez-vous savoir ?

- Je ne sais pas, quelque chose de personnel, d'unique. Je sais déjà que vous êtes grand, plutôt beau je suppose au vu de toutes ces filles qui ne vous lâchent pas des yeux. Sûrement beaucoup d'argent et aristocrate.

- Comment pouvez-vous savoir cela ? répondit Drago en relevant un sourcil.

- Votre costume évidemment. Sur-mesure, de beaux matériaux, et... je ne sais pas, votre parfum.

- Je sens l'homme riche ? demanda Drago, rieur.

La jeune fille s'approcha un peu plus pour respirer son odeur, ce qui fit battre le cœur du jeune homme un peu plus vite.

- Vous avez... un parfum boisé, avec une touche de menthe poivrée.

Elle porta son regard vers leurs mains jointes.

- Vos mains sont puissantes mais douces, jamais altérées par des travaux pénibles et ingrats. Vous êtes donc sûrement assez fortuné pour déléguer ce genre de travail à des classes inférieures à la vôtre.

Elle plongea son regard dans le sien.

- Vous vivez assurément une vie facile, ou du moins tranquille et paisible. Pourtant... vos yeux sont tristes et fatigués.

Drago détourna les yeux. Elle voyait clair en lui malgré les façades.

- Vous semblez tout savoir, que pourrais-je ajouter ? répondit-il avec un brin de sarcasme.

- Ce n'était que des observations. Excusez-moi si je suis allée trop loin.

Un lourd silence tomba entre eux tandis qu'il la faisait tourner sur elle-même. Le morceau prenait fin. Dès la dernière note jouée, Drago lâcha sa partenaire.

- Merci pour la danse, dit-il avec une rapide révérence avant de s'éloigner.

Drago se dirigea vers les portes menant aux jardins. Il attrapa une bouteille de vin au passage sur l'une des tables et se faufila entre les convives pour atteindre l'extérieur. Enfin dehors, il inspira longuement. Il prit une gorgée de sa bouteille en pensant à quel point sa vie était ridicule. Une totale inconnue avait pu lire en lui comme dans un livre ouvert. Il était banal, transparent. Ses façades étaient craquelées. Combien de temps avant que tout ne s'écroule ? Il marcha jusqu'au bout de la terrasse et admira le jardin qui s'étendait devant lui. De nombreuses plantes rares, et sûrement chères, poussaient le long des chemins parfaitement entretenus. Un nombre incalculable de fleurs se succédaient jusqu'à perte de vue. Les buissons avaient été taillés dans des formes étranges. Les jardins de Lady Zabini étaient à l'image de sa personne, tout comme sa maison : richement décorés et bizarres, dans le but d'impressionner et de se vanter. Drago ne connaissait personne de plus prétentieux et superficiel. Lady Zabini était un concentré de tout ce que le jeune Malfoy exécrait dans sa vie d'aristocrate.

Après une bonne demi-heure seul dans les jardins à boire sa bouteille au goulot, Drago sentit une présence approcher. La jeune fille à la robe rouge venait de s'installer à ses côtés.

- Ce que je préfère, c'est lire. J'y passe des heures. Impossible de m'arrêter si l'histoire est captivante. J'ai lu l'entièreté de ma bibliothèque plus de trois fois.

- Pourquoi est-ce que vous me dites cela ? répondit Drago sans lui jeter un regard.

- Et bien, je me suis dit que pour en apprendre plus sur vous, je devrais en dire un peu sur moi en retour.

Drago soupira.

- Très bien...

Il leva la tête et regarda les étoiles.

- J'aime l'astronomie et les constellations. J'ai passé des heures à les étudier, je les connais par cœur. (Il pointa un amas d'étoiles) voilà Cassiopée, et ici (il pointa une direction différente), c'est Orion.

La jeune fille leva son nez vers le ciel, essayant de se repérer dans le ciel.

- Je dois avouer que je n'en connais pas une seule, répondit-elle un peu gênée. Et celle-ci ? Qu'est-ce que c'est ?

Drago plaça sa tête près de la sienne pour suivre son regard et où pointait son doigt. Son odeur de vanille lui fit tourner la tête.

- Ah, celle-ci ? C'est l'une de mes préférées. Scorpius. Si j'ai un fils un jour, c'est le prénom que j'aimerais lui donner.

- C'est très beau, murmura-t-elle. Merci.

Drago ne pouvait détacher son regard de ses yeux brillants. Elle était encore plus belle dans la lueur de la lune. Son cœur rata un battement lorsqu'elle tourna sa tête vers lui. Ils étaient toujours proches et elle le fixait, les lèvres légèrement entrouvertes comme si elle voulait dire quelque chose. Drago posa sa main sur la joue de la jolie brune rougie par le froid. En retour elle s'approcha légèrement et plaça sa main sur son torse. Ils étaient attirés l'un par l'autre. Drago s'approcha doucement, jusqu'à ce que leurs nez se touchent, posant une question silencieuse. Pour toute réponse, elle combla la distance entre eux pour toucher ses lèvres des siennes.

Viri(di) AurumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant