Viri(di) Aurum

Fuite

- Il n'y a pas mieux qu'un mariage en été, qu'en pensez vous lady Malfoy ?

- Oui, je suis de votre avis. Tout cela pourra être réglé avant le fin de la saison. 

- Ce sera parfait ! Les fleurs seront si belles, s'extasia Daphné.

- Concernant le lieu de la cérémonie je ne suis pas encore sûre... Lady Greengrass ?

Drago entendait à peine les conversations autour de lui, tout lui parvenait sous forme d'un brouhaha constant et agaçant. Il voulait être ailleurs, mais il se tenait droit comme un i, souriant et acquiesçant lorsque quelqu'un semblait lui adresser la parole. Ses yeux, néanmoins, étaient rivés à la pendule. Hermione était-elle déjà au rendez-vous ? Allait-elle l'attendre ? Pourrait-il même s'y rendre ? A quoi bon, s'il devait épouser Astoria ? Fallait-il mieux qu'il cesse tout contact ? Sa tête lui disait que c'était la meilleure chose à faire, mais son cœur semblait se briser un peu plus à chaque tic tac de l'horloge. Encore une heure était passée. Chaque minute supplémentaire participait doucement à son agonie. Son sang battait dans ses tempes, sa respiration était saccadée et de grosses gouttes de sueur perlaient sur son front.

-  Drago ? Drago !

Le jeune homme sursauta et tourna la tête vers sa mère.

- Tu sembles ailleurs, est-ce que tout va bien ? Es-tu souffrant ? dit-elle en se levant et s'approchant de lui.

- Je ne me sens pas très bien.

Ce n'était pas vraiment un mensonge.

- Va te reposer, dès demain nous serons très occupés avec l'organisation du mariage.

Drago ne se fit pas prier et se leva immédiatement. Il accorda une rapide révérence à ses invités et s'éclipsa dans sa chambre, sous le regard noir de son père. Aussitôt la porte fermée, il se précipita vers la fenêtre et l'ouvrit en grand. Le jeune homme considéra la hauteur, mais un rapide coup d'œil vers le ciel devenu noir et scintillant le décida en une seconde. Sa chambre n'était qu'au premier étage après tout. Il prit appui sur le rebord de sa fenêtre puis glissa son corps dans le vide petit à petit, gardant ses mains accrochées au bord afin de limiter la hauteur entre le sol et ses pieds. Il était trop tard pour reculer à présent, Drago prit une grande inspiration et lâcha ses mains. Il atterrit sur l'herbe sans problème et s'élança dans le jardin, en faisant bien attention à ne pas se faire voir de sa famille ou des domestiques. Cela lui rappela le soir de ses retrouvailles avec Hermione, cachés dans le jardin des Weasley. A cette pensée, il accéléra le pas, elle lui manquait tant. Il n'avait aucune idée de comment il allait remonter dans sa chambre, mais il décida de s'en inquiéter plus tard. Drago put sortir du domaine sans embuche, et, une fois sûr que personne ne le voyait, il partit en direction du point de rendez-vous. Il courra à en perdre haleine, il était fatigué, anxieux mais également impatient et heureux. Surtout, le jeune Malfoy ne s'était jamais senti aussi vivant. Oh, comme il espérait qu'elle était là. 

Drago ne trouva pas le bon chemin tout de suite. Tout était plongé dans l'obscurité et il avait beaucoup de difficulté à se repérer. Au bout d'un moment, il retrouva le passage qu'Hermione lui avait montré. Il finit par déboucher sur la clairière et aperçu le banc.

Il était vide.

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Les premiers rayons du soleil réveillèrent Drago. Il s'était assoupi sur le banc, ne pouvant se résoudre à partir. Il s'était maudit, lui et sa famille, durant de longues heures. Il devait rentrer. Dépité, il se leva finalement. Combien de temps l'avait-elle attendu ? Pensait-elle qu'il l'avait oubliée ? 

Arrivé chez lui, il décida qu'escalader la façade était inutile. Rien n'avait plus d'importance. Miraculeusement, la maisonnée était encore endormie. Il regagna donc sa chambre sans problème. Qu'allait-il faire à présent ? Il avait son nom, était-ce suffisant pour la retrouver ? Il devrait peut-être demander de l'aide à Blaise. Ne pouvant rien faire de si bonne heure, il décida de travailler et s'enferma donc dans son bureau.

Après de longues heures, deux coups frappés à la porte le sortirent de sa torpeur. Lucius Malfoy entra sans plus de cérémonie.

- Drago, te voilà. Prépare-toi, nous sortons.

- Où cela ?

- Gérer nos affaires, il est temps que je te montre l'ampleur de tes responsabilités.

Sur le pas de la porte, prêt à sortir, il se retourna :

- Et prend une douche, tu empestes la sueur, déclara Lucius avec une moue dégoutée.

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Le trajet dans le fiacre fut atrocement silencieux. Le regard de son père pesait si lourdement sur Drago qu'il ne pouvait le soutenir. Il se gifla mentalement, face à son géniteur, il devait être aussi dur que la pierre. Il rassembla toute sa fierté et sa froideur pour se constituer son masque d'héritier des Malfoy.

- Où allons-nous exactement ? articula Drago en contrôlant le tremblement de sa voix. 

- Chercher notre dû. Voilà plusieurs mois que la famille chez qui nous allons retarde ses paiements. Ils doivent payer aujourd'hui ou nous devrons les expulser.

- Aujourd'hui même ?

- Ce n'est pas notre problème s'ils n'ont nulle part où aller. Nous ne faisons pas dans la charité. Tu dois te montrer ferme Drago, ou les gens ne te craindront jamais.

Le jeune homme se demanda alors si c'était ce qu'il voulait, attiser la peur, être craint, régner sur cette empire en étant détesté de tous.

La fiacre familial s'arrêta finalement devant une maisonnette sans prétention. Tout en descendant et feuilletant ses documents à la recherche du dossier, Drago demanda :

- Chez qui sommes-nous ? 

- Une famille de boulangers, les Granger.

Le cœur du jeune blond cessa de battre.