Chapitre 4 : Des retrouvailles sous surveillance

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"- Allez. Retourne-toi doucement. Répéta la voix calme une seconde fois". Ce que fit Antoine. Il pivota sur lui-même et rencontra alors le visage d'un garçon qui semblait avoir à peu près son âge, peut-être un an ou deux de plus, il ne savait pas. Il avait une barbe courte, qui n'avait pas été taillée depuis un bon moment, apparemment. Il portait les mêmes vêtements qu'Antoine, à ceci près qu'il avait un béret sur la tête et un fusil qu'il pointait vers lui.

"-Comment tu t'appelles ? Tu viens d'où ? Lui demanda le garçon

- Antoine. Je m'appelle Antoine. Et je viens d'un village plus bas, dans la vallée. Lui répondit l'adolescent qui avait répondu quasiment sans s'en rendre compte et avait inventé ses origines.

- C'est-à-dire dans la vallée ? Vers Villard et Lans ou alors vraiment encore plus bas vers Grenoble et Sassenage ? Le pressa l'homme qui parlait d'un ton un peu plus énergique et moins sûr de lui, comme si Antoine représentait une menace pour lui.

- J'habite à Grenoble ! Lui assura Antoine qui avait senti le changement de ton de son interlocuteur, et était heureux de connaître enfin un nom de ville qui pouvait situer où il se trouvait en ce moment.

Dieu merci, j'écoute en cours de géographie et en plus j'y suis déjà allé avec mes parents. pensa-t-il pendant que son interlocuteur s'apprêtait à lui répondre.

- Et t'es venu comment de si loin ? T'es encore un de ces putains d'indics qui viennent fouiner dans la région, c'est ça ? Allez, dis-le, bordel ! Ou je te troue la cervelle avant que t'aies eu le temps de dire ouf ! Lui répondit hargneusement le garçon qui semblait de plus en plus stressé au fur et à mesure que le temps passait.

- Non, non, s'il vous plaît ! Je vous jure que non ! S'il vous plaît ! Je sais même pas de quoi vous parlez ! S'il vous plaît ! Supplia Antoine en se mettant à genou devant l'homme.

- Mais qu'est-ce que tu fais ? Relève-toi ! Allez ! Bouge de là ! Il faut qu'on se taille. Allez, je te dis ! Avance ! Retourne-toi avec les mains en l'air ! Et prends ce chemin-là, en face de toi ! Le pressa le garçon qui avançait plus vite que l'adolescent et lui mettait la pointe de son fusil dans les côtes, histoire de lui signifier qu'il était trop lent."

Les deux hommes marchèrent comme ça pendant environ trois quarts d'heure, sans prononcer un mot, à part quand Antoine baissait les bras et que le garçon lui disait :" Remonte tes mains ! Allez, en l'air !" Il parlait néanmoins avec un ton un peu plus doux, un petit peu moins stressé, comme s'il était serein dès qu'il s'était éloigné de la route. De son côté, Antoine était éreinté. Il avait l'impression de ne pas avoir dormi depuis 48 heures. Il avait mal partout, aux jambes, aux bras, bref, il était fourbu et avait hâte de se réveiller pour prendre son petit chocolat chaud du matin face à l'océan (car oui, l'adolescent trouvait toujours que l'hypothèse la plus probable était qu'il rêvait et qu'il ne tarderait pas à se réveiller). Ils avancèrent encore cinq bonnes minutes à un bon rythme sous la forêt (d'ailleurs le paysage ne changeait pas du tout, il n'y avait que des sapins à perte de vue, et Antoine voyait plutôt ça comme une allée sans fin). Ils arrivèrent néanmoins à une petite montée où il n'y avait plus d'arbres au-dessus d'eux. Ils marchèrent donc, Antoine toujours avec le fusil dans les côtes, et arrivèrent en haut de la butte.

Et là, l'adolescent fut stupéfait. En contrebas, il voyait une myriade de petites maisons toutes construites pareil, et il voyait aussi le clocher de l'église qu'il avait vu tout à l'heure. Et le plus impressionnant n'était pas cet espèce de village médiéval en plein milieu de la montagne, c'était que ça grouillait de monde !! Il y avait au moins cent personnes, voire cent cinquante !

Le "Allez, avance ! On va pas coucher là !" de son tortionnaire le ramena sur terre et il avança en évitant de se prendre les pierres qui jonchaient le chemin. Antoine était tout simplement émerveillé. Il se disait :"Mais c'est magnifique ! J'arrive pas à croire que des hommes aient pu construire ça en pleine montagne ! Y'aura surement des gens pour reconnaître que je suis pas un "indic", là, comme il dit. Je sais même pas ce que c'est ! Et puis, où est-ce que je peux bien être si je suis près de Grenoble ? Et pourquoi j'ai plus mon téléphone ! J'aurais pu appeler mes parents ! pensait-il.

Ils avancèrent ensuite au milieu du village et arrivèrent devant une maison un petit peu plus grande et plus belle que les autres, et qui avait du lierre sur sa façade.

L'homme au fusil cria : "Chef ! J'ai trouvé un garçon à côté de la route qui ressemble à un indic ! Je le mets où ?"

Une voix rocailleuse venant de la maison lui répondit : "A l'arrière de ma maison ! On attend François, on va les exécuter pour ne pas prendre de risques."

" A vos ordres !" lui répondit son kidnappeur.

La tension monta d'un coup pour Antoine : "Quoi ! Je vais être exécuté ! Mais NON !!! hurla-t-il en se débattant de toutes ses forces.

L'homme l'amena tant bien que mal à l'arrière d'une maison simple et l'attacha à un poteau. Antoine continuait à hurler, mais il sentit une grande douleur à la tempe droite provenant surement du fait que l'homme venait de le frapper d'un bon coup de crosse à fusil pour le faire taire. La dernière chose qu'il vit avant de s'évanouir furent deux silhouettes qui se tenaient attachées elles aussi et qui ressemblaient fort à celles de Jérémy et Thomas. Ces deux silhouettes avaient la tête de côté, comme si on les avait frappées elles aussi.

La Tempête InfernaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant