Chapitre 6 : L'amnésie

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- " Quoi ?! Allez, Jérémy, arrête de déconner ! protesta Antoine, qui avait réagi en premier après leur premier mouvement de stupeur.

- Non mais, je ne m'appelle pas Jérémy ! Vous me prenez pour qui ? Pour votre ami ? Je ne vous connais pas ! » rétorqua Ledit Jérémy.

Antoine et Thomas se regardèrent. Thomas semblait effrayé. De son côté, Antoine ne comprenait pas ce qu'il se passait. Comment Jérémy avait-il pu perdre la mémoire en si peu de temps. "Enfin, en même temps, on est à Grenoble". pensa-t-il. Une idée lui traversa l'esprit. Il s'avança vers l'Homme qui les avait amenés à l'arrière, en faisant abstraction de Thomas qui était toujours pétrifié dans une position qui rappelait un bâton de ski à côté du "pseudo-Jérémy".

"- Excusez-moi, monsieur, mais en quelle année sommes-nous exactement ? le questionna Antoine.

- Quoi ? Tu te fous de moi, c'est ça ? N'essaie pas de détourner mon attention de tes deux petits copains, ça ne marchera pas ! grogna l'homme qui était toujours aussi soupçonneux.

- Non, non, vraiment ! Je veux savoir en quelle année on est ! » le pressa Antoine.

L'homme le regarda avec un air d'incompréhension mêlé d'amusement, mais comme Antoine paraissait sérieux, il répondit :

"Et bien, si c'est si important pour toi, nous sommes le 21 Avril 1944. Content ?"

Entendant cela, Antoine laissa échapper un petit gémissement. En se tournant vers Thomas, il vit que celui-ci avait écouté la réponse et était encore plus blême qu'avant. Quant à "Jérémy", il était trop occupé à regarder autour de lui avec un air complètement perdu. Voyant que les deux garçons qu'il avait en face de lui étaient au bord de l'apoplexie, l'Homme remarqua en riant :

"Et ben alors, qu'est-ce qu'il vous arrive ? On dirait que vous avez vu un revenant ?! En quoi c'est si important pour vous ? Hahahahahaha, moi je pense que vous devriez prendre un peu de repos ! Allez, venez, les jeunes ! Restez pas plantés là comme deux ronds de flanc !"

Antoine et Thomas se regardèrent, avec un regard qui renfermait tout le malheur du monde. D'un côté, ils ne voulaient pas laisser Jérémy comme ça, qui sait où est-ce qu'il serait emmené ! D'un autre côté, ils pensaient que se retrouver dans une chambre pour parler de tout ce qu'ils venaient d'apprendre n'était pas une mauvaise idée.

"Vous rappliquez ? On ne va pas y passer la journée ! » s'impatienta l'Homme.

Cela décida les deux garçons, qui s'avancèrent vers l'Homme en jetant un dernier regard sur Jérémy. Ils prirent donc le chemin inverse pour rentrer dans la maison où ils étaient gardés en quelque sorte "prisonniers". Sur leur route, les passants s'arrêtaient constamment pour les dévisager et échanger des commérages sur leur passage. Antoine put saisir quelques phrases du type : "Il paraît que ce sont les jeunes qui sont soupçonnés d'être des indics..." ou bien encore, "Apparemment le chef les aurait relâchés, c'est vrai qu'ils n'ont pas l'air bien dangereux...". Les trois hommes arrivèrent sur le perron de la maison, et entrèrent. Mais ils n'étaient pas seuls, un homme se tenait assis devant la table et les fixait avec attention. Cet individu paraissait très grand, bien qu'il soit assis. Il avait des cheveux noirs très courts et portait un fusil en bandoulière :

"- Ah, Claude, enfin. Je vois que tu as ramené nos deux "prisonniers" ! Comment allez-vous, vous deux ? Bien remis de votre journée d'hier ? les interrogea l'homme qui s'était relevé à leur approche et affichait un très grand sourire chaleureux.

- Lieutenant ! le salua le dénommé Claude qui s'était mis au garde à vous à la seule vue de l'homme qui les avait interpellés.

- Repos, répliqua celui-ci. Alors ? Vous êtes sortis visiter le village ? C'est beau, hein ?

La Tempête InfernaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant