Chapitre 3 : La Forêt

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Quand Antoine se réveilla, il vit tout de suite que quelque chose clochait. D'une part parce qu'il n'entendait plus le vent hurler dans ses oreilles (remplacé par une petite brise qu'il sentait soulever ses cheveux), et d'autre part car quand il ouvrit ses yeux, le bleu glacial de l'océan était remplacé par un vert scintillant sous les rayons du soleil. Il ne vit pas tout de suite où il se trouvait, car il n'avait pas ses lunettes sur son nez. Quand il regarda autour de lui, elles étaient posées à sa droite. Il les prit et soudain, il s'arrêta bouche bée. Il se trouvait dans une petite clairière bordée d'arbres, en plein milieu d'un chemin de terre, lui-même allongé comme s'il dormait comme ça toutes les nuits. Il vit à sa gauche que le terrain remontait, et il entendit même une voiture passer. "Je dois être à côté d'une route, se dit-il, car le bruit a l'air d'être régulier. À sa droite, et bien, il n'y avait pas de droite, ou presque. L'herbe et les arbres semblaient continuer sur 10 mètres et ensuite, plus rien. "Si je me rapproche, je devrais pouvoir voir à quoi ressemble le paysage, pour voir si je reconnais."

Quel fut son étonnement quand il se rendit compte qu'il n'était plus en maillot de bain, mais qu'il était maintenant habillé d'un ensemble d'une couleur vert militaire, avec une grande sacoche au côté. Il fouilla dans celle-ci et y trouva un couteau type chasseur, un bocal qui semblait contenir de la nourriture et une grosse miche de pain. " On dirait que je suis habillé comme un baroudeur de la forêt ! Se dit Antoine". Les questions se bousculaient dans sa tête, certaines intelligentes : "Où sont Jérémy et Thomas ? Et pourquoi le Tsunami n'est plus là ? Qu'est-ce que je fais dans les bois ? Pourquoi je porte des bottes ?", et d'autres sans aucun intérêt : " Est-ce que j'ai toujours ma barre chocolatée dans ma poche ? Et ma Ventoline ?".

Il chercha en vain dans sa sacoche son téléphone, ou quelque chose qu'il avait quand il était sur la plage, mais rien n'y faisait, il n'avait plus rien à part le couteau, le bocal et la miche de pain. Rien non plus dans ses poches.

Il s'avança alors vers le vide, pour observer le paysage. Il trouva alors un paysage très montagneux, et se rendit compte qu'il était très haut par rapport à la vallée qui se tenait bien en-dessous de lui, plus loin. À droite, il y avait une montagne dont le sommet était à peu près à sa hauteur, dont les parois rocheuses étaient à demi masquées par une énorme étendue de sapins. "Déjà, se dit-il, je peux éliminer l'Aquitaine, il n'y a pas de montagnes, ou presque. Et puis, il ne fait pas assez chaud. Je pense que je suis vraiment en pleine montagne. Il va falloir que je retrouve Jérémy et Thomas !".

À sa gauche, le même paysage qu'à droite, à l'exception de la roche qui était totalement recouverte par une immense forêt de sapin. Antoine aperçut cependant dans cette mer verte un trou, qui était apparemment comblé par des constructions humaines, les seules de la montagne. Il semblait apercevoir le clocher d'une église. "Si je veux trouver des gens qui sachent où je suis, il faut que j'aille là-bas ! Se dit Antoine. Mais avant ça, je dois retrouver Jérémy et Thomas ! Se répéta en boucle Antoine, comme pour se rassurer. Je vais commencer par la route, comme ça je pourrais me repérer un petit peu." Ce qu'il fit.

Il remonta la pente et trouva alors une route non goudronnée, qui partait à sa gauche et à sa droite, et qui semblait très sinueuse. Il entendit un énorme bruit d'un véhicule inconnu. Il décida alors d'écouter son instinct et d'aller se cacher dans les buissons les plus proches, pour pouvoir les observer tranquillement. Il alla se mettre dans des fougères situées dans le virage et à l'abri de tout regard venant de la route et attendit que Ledit véhicule pointe le bout de son nez. Arriva alors une énorme Jeep de guerre qui impressionna Antoine au point qu'il faillit sortir de ses fougères pour aller l'examiner de plus près. Ce qui le retint fut la vingtaine de soldats qui se tenaient à l'arrière et qui parlaient allemand. L'un disait :

"- Heute ist ein schöner Tag ! Es ist schade, dass die dreckigen Juden uns den Tag verderben. Heute Morgen musste ich wieder zwei Familien verhaften.

-Das ist sicher ! Was für ein schmutziger Job !"

Antoine crut entendre et comprendre le mot Juif dans leurs phrases, mais c'était tout. Dommage qu'il n'ait pas pris allemand au collège et au lycée, il aurait pu comprendre. Continuant leur charabia incompréhensible, les soldats disparurent du champ de vision d'Antoine et continuèrent leur descente, dans leur énorme véhicule.

Antoine se dirigea alors juste en-dessous de la route, où se trouvait un chemin qui était à l'abri des regards et où il pourrait se cacher le plus rapidement possible si des potentiels ennemis venaient par ici (les allemands qui étaient passés ne lui inspiraient pas confiance, même s'il n'avait rien compris à ce qu'ils disaient).

Il marcha alors sur cette route pendant environ 15 minutes, quand soudain, de grands bruits de course retentirent derrière lui et il ne fut pas assez rapide pour se mettre dans un buisson. Il entendit alors :

"Stop. Pas un geste. Tu ne bouges plus. Dit une voix très calme derrière lui."

La Tempête InfernaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant