La Tempête Infernale

Chapitre 8 : Le soupçon

- Quoi ?! Qu'est-ce que tu viens de dire ?! lâcha le Lieutenant Chabal qui s'était tourné vers Antoine et Thomas d'un air interdit.

- C'est lui qui nous a assommés, je vous dis ! Je reconnais sa silhouette, et il a dit avant : « Mais qu'est-ce qu'il fout là, ce petit merdeux ? ». Je m'en souviens même très bien, il avait la même tignasse blonde toute lisse ! Je n'ai vu que lui qui avait cette coiffure, prétendit Antoine qui avait joué la carte de la totale improvisation pour essayer d'être le plus convaincant possible.

- Quoi ? Mais qu'est-ce qu'il raconte, lui ? Vous ne le croyez pas quand même, lieutenant ? Vous ne croyez pas cette espèce de petit merdeux ? Si ? s'indigna Robert, qui semblait choqué par cette accusation. »

En disant ces mots, Robert semblait s'être trahi, selon Antoine. Il avait répété les mêmes mots qu'il avait entendus quelques secondes auparavant (comme s'il n'avait aucune imagination), et en plus, il y avait quelque chose dans son expression qui paraissait bizarre... comme s'il culpabilisait de quelque chose... comme s'il avait fait quelque chose que Chabal ne devait pas savoir. Antoine se promit d'investiguer et de garder un œil sur cet homme.

« - Robert, où étais-tu il y a deux nuits ? Je crois me rappeler que je t'avais donné ta permission, et que tu étais autorisé à prendre un pot avec les membres de ton équipe. Mais c'est étrange, les membres de ton équipe, eux, étaient dans leur maison respective. Donc, où étais-tu, il y a deux nuits ? l'interrogea Chabal, l'air soudain curieux et un peu soupçonneux.

- Mais, chef, vous le savez bien. Moi, j'étais avec l'équipe de Claude, il m'avait invité à boire un coup dans sa maison. Et puis franchement, vous accordez du crédit à ces putains d'indics ? expliqua Robert, qui accentuait beaucoup trop ses traits pour avoir l'air crédible et qui s'enfonçait encore plus dans un récit sans retour.

- Alors, primo : c'est moi qui pose les questions. Et secundo : c'est bizarre, j'ai cru que Claude et son équipe étaient de garde. Je me trompe ? le questionna Abel qui semblait de plus en plus menaçant.

- Ah non, chef, je me suis trompé ! J'ai dit Claude ? Ah non, mais ce n'est pas Claude avec qui j'ai passé la soirée ! C'est Henry ! On a joué au Bridge toute la nuit ! Oh, mais je suis bête ! Comment j'ai pu dire Claude ?" se défendit Robert qui prenait un ton penaud et se flagellait lui-même.

Du moins, c'est ce qu'il laissait paraître. Antoine crut voir passer une lueur d'indicible effroi dans son regard quand le Lieutenant avait dit ses derniers mots, puis ensuite de la panique qui était à peine dissimulée tant elle avait l'air grande.

"- Moui... c'est cela. Bon. Si c'est toi qui les a assommés, dis-le tout de suite. Ce n'est pas un drame. C'est même une bonne chose ! Tu œuvres pour la survie du camp. Ils auraient effectivement pu être au service des allemands. Donc, si c'est le cas, vas-y, dis-le, s'adoucit Abel qui n'avait apparemment rien remarqué des expressions de l'homme.

- Quoi ?! Mais attendez, vous allez dire qu'il nous a tapé dessus pour le bien commun ? Que mon ami a perdu la mémoire pour le bien commun ? Vous vous foutez de notre gueule ?! vociféra Antoine qui avait laissé sa colère et sa frustration des deux derniers jours prendre le contrôle et était étonné lui-même de son propre langage.

- OH ! UN PEU DE RESPECT, PETIT ! TU TE CALMES MAINTENANT ! C'est grâce à moi que vous êtes encore debout aujourd'hui ! Alors oui, votre ami a perdu la mémoire momentanément, mais il la retrouvera ! Et en attendant, je vous suggère de faire profil bas et de laisser les grands s'expliquer entre eux ! Compris ? Bon, ça vient ces aveux, Robert ? ajouta Chabal, qui avait seulement eu à élever un petit peu la voix pour ramener le calme dans l'esprit d'Antoine et qui avait à présent reporté son attention sur l'homme.