Chapitre 5 : Le village

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"- Ah ! " Cria Thomas qui se réveillait en sursaut. Celui-ci se trouvait dans une petite chambre, qui, à première vue, faisait penser à celle de Bilbo Le Hobbit. Tout était minuscule ; même la fenêtre, d'où filtrait un rayon de soleil, était ronde et petite ! Le lit sur lequel Thomas était allongé était en bois, et avait été fabriqué à la va-vite, à en juger par la douleur que ressentait le garçon dans son dos. A sa gauche, il remarqua une petite table de nuit, dont les finitions étaient grossièrement faites, où il y avait toutes ses affaires. Enfin "ses affaires" sont un bien grand mot, disons plutôt, les affaires qu'il avait trouvées dans sa sacoche quand il s'était réveillé la veille, près de la butte qui surplombait le village.

La première chose que fit Thomas, avant de se lever, fut de vérifier si ses lunettes étaient toujours bien en place sur son nez, ce qui était complètement stupide car si elles ne s'y étaient pas trouvées, et bien il n'y aurait tout simplement rien vu. L'adolescent avait pris l'habitude chaque matin de prendre ses lunettes avant même de se lever ou de faire quoi que ce soit d'autre. Il se leva et remarqua alors qu'il y avait de l'agitation dehors. Il s'avança jusqu'à la fenêtre et observa le même décor que la veille...

"Oh, non ! Ce n'était donc pas un rêve !" pensa-t-il, désespéré.

Le village était tel qu'il s'en rappelait : au moins le coup sur la tête ne lui avait pas effacé la mémoire. La petite rue - du moins l'espace entre les maisons qui se tenaient un peu partout dans le village- était très bruyante. On pouvait voir des hommes et des femmes (surtout des hommes) qui portaient des charrettes de graines... C'est en tout cas ce qu'il lui sembla. A 250 mètres sur sa gauche environ, se dressait une église qui surplombait les maisons. Thomas avait l'impression d'être à l'étage d'une habitation, car il n'y avait pas de porte donnant sur l'extérieur. Il décida de s'avancer vers le haut de l'escalier et découvrit alors une autre pièce adjacente à la sienne. Elle n'avait pas de porte non plus. N'entendant pas de bruit dans celle-ci, il décida d'y entrer prudemment, sans faire craquer le bois qui semblait très sensible et...

"- Antoine ?!" Thomas venait de distinguer son ami, allongé sur un lit, avec l'air de dormir. Du moins, il aurait eu cet air s'il n'avait pas eu cet énorme bandage qui lui couvrait la partie droite du visage. Il se dirigea donc vers son camarade et remarqua que sa chambre était agencée de la même façon que la sienne : petite fenêtre, petite table de nuit et petit plafond. Il remarqua par la même occasion qu'Antoine disposait des mêmes affaires que lui, c'est-à-dire d'un couteau, d'une grosse miche de pain et d'une espèce de boite de conserve sans aluminium qui devait certainement contenir une sorte de pâté.

"-Antoine ! Réveille-toi ! Allez ! dit Thomas en le secouant un petit peu.

- Mmmm, quoi ? répondit Le garçon qui commença à se frotter les yeux et donc à gémir. Aie ! Mais pourquoi j'ai ce truc ? Wow, Thomas ?! Qu'est-ce que tu fais là ? Et on est où là ? On dirait la chambre d'une nonne !

- Calme-toi, calme-toi. On est dans une chambre, dans un petit village, là, perdu dans la montagne, tu te souviens ? lui répondit l'intéressé.

- Ah oui c'est vrai, on est au-dessus de Grenoble. Attends, attends, attends. Je me souviens plus, je me rappelle avoir fait le trajet avec un homme qui me tenait en joue tout le temps, je me rappelle être arrivé au village et avoir trouvé que c'était magnifique, mais après, plus rien. Et est-ce tu pourrais m'expliquer pourquoi j'ai ce mal de chien à la tête ? le questionna Antoine.

- Et bien en fait, je ne suis pas plus avancé que toi. La dernière chose dont je me souvienne, c'est qu'on a crié : "Alerte, intrus !" dès que je me suis levé vers la butte. Peut-être que..."

Et cette discussion dura pendant bien cinq bonnes minutes, durant lesquelles les garçons mirent au point des théories toutes les plus farfelues les unes que les autres. Ce qu'ils ne remarquaient pas, c'était qu'un homme les observait au niveau de la porte, et semblait attendre le moment opportun pour intervenir...

"- Bonjour les jeunes. Tournez-vous doucement, sans mouvements brusques, dit finalement l'homme qui s'était avancé dans la chambre. Allez, sortez d'ici bien tranquillement, sans faire d'histoire. Le chef croit que vous n'êtes pas dangereux, mais je me méfie des jeunes qui prétendent venir de Grenoble... c'est souvent des agents. Donc allez, sortez d'ici, il y a un repas qui vous attend en bas."

Et comme si le mot magique avait été prononcé, les deux adolescents se levèrent d'un même pas, et descendirent tranquillement les escaliers, toujours menacés par la présence de l'homme qui se tenait derrière eux. En bas, deux grandes assiettes de soupe étaient posées sur la table et semblaient les appeler. Du moins, c'est l'impression que leur ventre leur donnait. Ils s'assirent à la table et commencèrent à boire leur soupe à une vitesse supersonique. Un cheval au galop n'aurait pas fait mieux. Ayant fini, ce qui leur avait pris, disons, une minute tout compris -et seulement parce que la soupe était brûlante, ils se tournèrent vers l'homme qui leur demanda avec un brin de soupçon dans la voix :

"- Bon les jeunes, alors, vous venez d'où, vers Grenoble ?

- Euh en fait, on... commença Thomas.

- On habite vers la gare, on est frères, le coupa Antoine qui avait été plus rapide et qui décocha un coup de pied à son camarade, l'air de dire "Fais attention à ce que tu dis".

- Hum hum. D'accord. Et donc j'imagine que vous êtes venus ici pour fuir le STO ? les questionna l'homme, qui semblait un petit peu moins méfiant quant aux origines de ses interlocuteurs.

- Euh, oui, c'est ça ! lui répondit Antoine, qui était content que l'homme lui facilite sa réponse.

- Ah oui. ET ÇA NE VOUS EST PAS VENU À L'IDÉE QU'ON POURRAIT VOUS SUIVRE ? ET DANS CE CAS, METTRE EN PÉRIL TOUT LE RÉSEAU DU VERCORS ? MAIS VOUS ÊTES COMPLÈTEMENT INCONSCIENTS, MES PAUVRES ! VOUS AURIEZ PU TOUS NOUS FAIRE TUER PAR VOTRE SEULE NÉGLIGENCE ! se mit à hurler l'homme qui semblait se défouler sur les deux adolescents.

- Euh, si mais... commencèrent les deux garçons en même temps.

- MAIS QUOI ?! Bon passons. L'essentiel, c'est vous ne vous soyez pas fait repérer. Vous êtes passés par où, d'ailleurs ? Bon bref, non. Je n'ai pas à le savoir, soupira l'homme en croisant les bras. Il s'était nettement calmé et se radoucissait. Bon, venez, allons voir votre copain.

- Où est-il ? Pourquoi n'est-il pas avec nous ? le questionna Thomas qui s'était inquiété pour Jérémy.

- Il a opposé un peu plus de résistance que vous, alors on l'a mis au piquet pour la nuit. Quoi, ne faites pas cette tête ! Il l'a bien cherché ! D'ailleurs, j'espère qu'il s'est calmé, depuis."

Ils sortirent donc tous les trois de la maison, avec l'homme qui les gardait à vue et qui les guida à travers le petit village. Les gens s'arrêtaient souvent devant eux, et les rumeurs allaient bon train sur leur passage. Ils arrivèrent à l'arrière d'une maison qui leur rappela des souvenirs, puisque c'était là où ils étaient censés se faire fusiller la première fois où ils étaient passés. Mais ça, il ne semblait plus en être question. Sur un poteau était affalé Jérémy, dans une position grotesque. Il semblait assommé ou endormi.

« - JÉRÉMY !!! crièrent Antoine et Thomas tous les deux ensemble et se ruèrent sur leur ami. Ils le détachèrent et là, Jérémy ouvrit les yeux. Il commença à se débattre et à crier plusieurs fois : « Lâchez-moi !! ». Les deux garçons se reculèrent pour le laisser respirer.
Jérémy marqua une courte pause, se releva, les regarda et dit :
« Mais vous êtes qui ? »

La Tempête InfernaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant