New York
Adossée au mur, les yeux fixés en face de moi, j'écoute la respiration lente et régulière de ma camarade de chambre. Ses cheveux lui tombent en bataille sur le visage, et à chaque expiration des mèches brunes volent.
Il est tôt, la lune brille encore haut dans le ciel et les voitures commencent tout juste à s'engager sur la route.
L'euphorie passée, les battements douloureux dans mon cœur sont de nouveaux présents. Aujourd'hui est un jour gris, comme depuis un long moment déjà, mais j'espérais au fond de moi que quitter l'horreur m'aiderait à y voir plus clair. Ça n'est malheureusement pas le cas.
Je soupire, et pose mes pieds sur le carrelage froid de ma chambre universitaire. Un frisson désagréable remonte le long de ma colonne vertébrale et les poils de ma peau se dressent. J'enfile rapidement des chaussettes et quitte le confort de ma couette pour mon armoire. J'attrape un short cyclist noir, un t-shirt de sport noir moulant et en enffile un autre simple gris floqué de mon prénom à l'arrière. Une fois le tout enfilé, je passe la main dans mes boucles désordonnées, les démêlant rapidement puis Les attached en une queue de cheval haut. Je récupère mon téléphone posé sur le comptoir dans l'étroite entrée, chausse mes chaussures de sport et referme la porte à clés derrière moi.
L'humidité de l'automne se fait déjà ressentir entre les murs de la résidence et ça me plait. J'aime savoir que ma saison préférée arrive à grands pas, commençant déjà à s'installer un peu partout.
Je traverse le grand couloir en colimaçon et fait appel à l'ascenseur. Au bout de quelques minutes les portes s'ouvrent sur un couple ou toute chose y ressemblant s'avalent à moitié le visage chacun leur tour. Mal à l'aise, je me racle la gorge et demande :
– Vous voulez ma carte bancaire pour vous payer une chambre où vous êtes capables de vous retenir ?
La blonde qui gloussait quelques secondes plus tôt me fusille du regard et sort de l'habitacle, me bousculant au passage, sûrement furieuse que je lui ai cassé son coup ou alors tout simplement à cause de l'alcool qu'elle a dû boire plutôt beaucoup, au vu de son odeur. Je secoue la tête et entre sous le regard du garçon qui l'accompagnait. J'appuie sur le bouton du rez-de-chaussée et m'adosse à une paroi quand je l'entends rire.
– Mauvais réveil ? Me demande-t-il.
– Et toi, mauvaise pioche ?
Il pouffe et hoche la tête.
– Trop superficielle, ce n'est pas mon genre.
-– Ah bon ? Ce n'est pourtant pas ce que j'ai vu lorsque les portes se sont ouvertes.
– Mauvais réveil c'est donc ce que j'ai dit, déclare-t-il tout seul.
Je grogne et la sonnerie nous indique qu'il est temps de sortir et sans lui répondre, je traverse à grandes enjambées le hall totalement vide.
Je sors mon téléphone et soupire en voyant l'heure s'afficher.– Café ? Me demande le même homme qui se tenait dans l'ascenseur avec moi.
– Non merci.
Je pousse les portes de la résidence et sors en trombe. Je coince ensuite mes écouteurs dans mes oreilles et lance ma playlist.
Mes pieds s'activent, et je me retrouve à courir dans les rues peu éveillés de New York, en me dirigeant vers le Starbucks le plus proche.
Mon cœur bat rapidement dans mon corps, si bien que je me rappelle de son existence. Le froid de l'extérieur me mord les cuisses et je me surprend à aîmé ça, même si je ne le devrais pas.

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Never Alone
RomanceLes souvenirs peuvent évoquer la nostalgie d'un temps révolu. Pour Livie ils signifient la douleur d'une époque dont elle veut se défaire. Elle veut trouver sa place. Elle part donc, loin, loin de tout, même si elle sait que ses cicatrices d'hier se...