New York
Depuis quelques années, mes journées sont fades, longues et douloureuses, mais, depuis que je suis ici, seule la douleur demeure. Les battements de mon cœur sont toujours autant douloureux même s'il arrive qu'ils s'allègent quelques fois, comme maintenant lorsqu'un appel entrant de ma mère fait vibrer et s'affiche sur mon téléphone.
C'est marrant comme l'appel de la personne qui compte le plus pour moi suffit à permettre un nouveau souffle à mon cœur, le faisant battre encore plus fort et encore plus lorsque ses cheveux roux et son sourire étincelant emplissent mon écran.
– Bonjour ma Louloutte ! S'exclame-t-elle d'un air heureux.
Une sensation d'apaisement prend part en moi lorsque de ses magnifiques yeux bleus, elle me détaille à travers son écran.
– Coucou maman !
– Comment ça va ma grande ? Quoi de neuf à New York ?
– Ça va de mieux en mieux, j'ai trouvé ma place, mes études me plaisent beaucoup, ma colocataire et géniale et je me suis fait des amis ! Et toi à la maison tout va bien ? Juliette est prête à rentrer au lycée ? Et mon fils ça va, il n'est pas trop en dépression ?
En entendant ma dernière question, un éclat de rire entrecoupé par la connections me parviens, faisant se lever mes lèvres. Lorsque j'ai quitté le sol français, j'ai dû laisser l'amour de ma vie, à savoir mon chat à la maison, ne pouvant pas l'emmener dans ma résidence universitaire. Je manque de ses câlins et de ses ronronnements chaque jour, il est une de mes seules motivations à rentrer chez moi pour Noël hormis le fait de retrouver la femme m'ayant mise au monde.
La voix apaisant de ma mère finit par me permettre de me relâcher totalement comme à chaque fois qu'elle m'appelle. Ses sourires réconfortants soignent mon cœur et c'est comme ça que notre appel devant durer à la base quinze minutes se transforme en deux heures.
Avoir une discussion avec la seule femme que j'aimerais toujours plus que ma propre vie me permets de me créer une petite bulle calme et réconfortante où tous les problèmes disparaissent, du moins jusqu'à ce que j'entende ses lourds pas en fond.
– C'est Livie ? Demande sa voix cassée.
Ma mère crispe les épaules et hoche la tête tout en me fixant d'un air désolé, pourtant ça n'est pas de sa faute et ça ne le sera jamais.
Il prend le téléphone de ses mains et met son visage en face de l'écran. Une soudaine nausée me prend lorsque je le vois ouvrir la bouche et articuler ses mots m'écorchant à petit feu.
– Coucou ma fille !
Ma fille.
Je me racle la gorge, voulant éviter de rire en entendant cette stupide appartenance qu'il ne mérite pas.
Qu'il ne mérite surtout plus.
– Ça fait longtemps ! Ajoute-t-il en voyant que je ne réponds pas.
Pas assez à mon goût. Pas assez du tout même. Je trouve que cela fait d'ailleurs trop peu de temps.
– Ouais, je réponds d'une voix faible et qui se veut froide.
– Je t'ai envoyé des messages, mais tu n'as répondu à aucun d'entre eux, pourquoi ? C'est dommage, tu manques beaucoup à ton bien père, tu sais ?
– Peut-être parce que je t'ai bloqué ? Je lui réponds de manière hautaine. Aux dernières nouvelles, je t'ai dit que je ne te voulais plus dans ma vie-
– Je suis ton père ! Me hurle-t-il à travers l'écran.
Un père aux abonnés absents et égoïste surtout,

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Never Alone
RomansaLes souvenirs peuvent évoquer la nostalgie d'un temps révolu. Pour Livie ils signifient la douleur d'une époque dont elle veut se défaire. Elle veut trouver sa place. Elle part donc, loin, loin de tout, même si elle sait que ses cicatrices d'hier se...