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New York

Taylor Swift sortant à fond des enceintes postées à plusieurs endroits stratégiques du penthouse, j'articule les paroles, tout en surveillant les garçons qui jouent au beer pong. J'ai refusé d'y jouer, abandonnant lâchement ma résolution après avoir bu deux verres de whisky coca qui me faisaient tourner la tête. Je n'ai jamais été fan d'alcool et encore moins maintenant, après avoir vu les ravages que cela pouvait causer.

La fête bat déjà de son plein gré depuis deux heures et ma colocataire n'est toujours pas là. Je commence à me demander si elle n'a pas fait exprès de vouloir venir afin que je sociabilise et rencontre de nouvelles personnes.

Une main froide se dépose sur mon épaule me faisant sursauter et renverser mon verre sur le plan de travail. Lorsque je me retourne, je croise le regard chaleureux de ma colocataire, son copain à côté d'elle.

- Coucou la plus belle ! Désolée pour ton verre ! s'exclame-t-elle avec un grand sourire aux lèvres.

Je lui adresse un sourire maladroit.

- C'était de l'eau c'est pas grave.

Elle hoche ensuite la tête et me présente ensuite Harrison, le français dont elle rêve mais qui n'a pas les bonnes origines ni les bons gènes pour son plus grand malheur.

Une fois les présentations faites, Amber m'entraîne sur la piste de danse, mes mains dans les siennes, puis commence à se déhancher au rythme lourd de Montel Fish tandis que je me dandine d'un pied à l'autre, gênée. Danser n'a jamais fait partie de l'un de mes points forts, et me coller aux gens encore moins. Alors je bouge légèrement les épaules, histoire de lui faire plaisir, tout en priant pour que ce calvaire se finisse au plus vite.

Malheureusement il se poursuit lorsque Amber me traîne au milieu de la piste de danse afin de hurler les paroles de "Party in the U.S.A" chanté par Miley Cyrus. Les personnes présentes sur la piste se collent à moi et une forte odeur de transpiration mêlée à celle de l'alcool emplit mes narines. Les pulsations de la musique s'intensifient et autour de moi, la masse de monde se resserre, me coupant la respiration.

Je savais qu'accepter de venir ce soir était une mauvaise idée. Je n'ai jamais aimé la foule et encore moins en grandissant à cause de ce sentiment d'oppression qu'ils m'ont créé à l'époque. Alors avec un regard désolé, je lâche les mains de ma colocataire et tente de me frayer un chemin au milieu de ce monde. J'en sors au plus vite, le cœur au bord des lèvres, la respiration hachée et la peur me nouant le ventre.

Mes pieds me guident immédiatement dans une pièce vide, qui s'avère être une chambre, et je me laisse tomber au pied du lit, le dos collé au cadre de porte. J'essaie de régulariser ma respiration et me maudis intérieurement de toujours réagir excessivement, même si je ne le fais pas exprès. Ma tête bascule en arrière et un sanglot m'échappe tandis que je tape les pieds au sol, essayant de faire disparaître ce sentiment d'anxiété qui me colle à la peau. Je lâche un cri et ferme les yeux tout en tentant de me concentrer sur des images positives. Mais ça ne marche pas, je les revois, eux, me hurlant dessus et me frappant. J'ai mal au crâne et le son de la musique résonne comme un sifflement aigu dans ma tête. Je plaque mes mains sur mes oreilles et secoue la tête tout en pleurant de douleur. Mes poumons me brûlent et je lâche un nouveau cri en me laissant glisser au sol. Ma tête tourne et ma respiration se fait de plus en plus irrégulière.

Je vais mourir.

Je vais mourir.

Je vais mourir.

Deux mains m'attrapent par les bras et mon angoisse ne fait qu'augmenter, resserrant son étau autour de mon cou.

Je vais mourir.

Never AloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant