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Le vent de fin de matinée fouette mes pommettes lorsque je sors de la bouche de métro et m'enfonce dans les ruelles de cette métropole géante et foisonnante, pleine de bruits, de couleurs et d'identités multiples. Je ne sais ce qu'il se passe mais la météo est vraiment approximative ces derniers temps, on alterne entre les jours ensoleillés où l'on pourrait presque sortir en t-shirt et les jours pluvieux et limite hivernaux où il est impossible de sortir sans une grosse veste bien chaude. Aujourd'hui, c'était clairement la deuxième option. Il ne pleuvait pas mais il faisait particulièrement froid, c'est pourquoi j'avais sorti mon super blouson en daim, parfait pour ce genre de température.

J'arrive enfin devant l'immeuble dont Paige m'a communiqué l'adresse plus tôt dans la matinée. Elle avait un grand et luxueux appartement à l'avant dernier étage d'un des buildings phares de l'Upper East Side, avec vue sur le reste de la ville. Pas étonnant vu son statut familial.

Archibald ne m'a pas donné plus de précision sur l'évènement donc je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre si ce n'est à un véritable buffet rempli de tout ce qu'on pourrait imaginer pour un brunch. Une fois dans l'appartement, après qu'un type du personnel m'ait ouvert, je ne suis donc pas surpris de voir l'effervescence autour de ces tables remplie de nourriture abondante. L'appartement est tellement bondé de monde que je ne sais même pas où me mettre. La vérité est surtout que je ne me sens absolument pas à ma place. De nouveau, me voilà de retour dans la cage aux lions. Super.

Je commence presque à avoir des sueurs froides tellement l'angoisse grandit en moi à mesure que le temps passe et que les gens affluent. Je suis à deux doigts de faire demi-tour et de retourner sur le campus pour passer mon après-midi à lire un bon bouquin dans mon lit. Mais je sais au fond de moi que ce n'est pas comme ça que j'arriverai à m'intégrer et à trouver ma place dans cette ville. Et puis, finalement, peut-être que tous ces gens me seront d'une plus grande utilité que je ne le pense. C'est sûrement l'ambition qui parle mais, se faire des contacts, c'est important. C'est ce que ma mère m'a toujours répété. Et quoi de mieux que de bruncher avec tous les futurs PDG de la ville pour pouvoir remplir son carnet d'adresses ? J'étais entouré de la crème de la crème alors je devais en profiter.

« Louis ! Tu as pu venir ! » j'entends derrière-moi, alors je me retourne et aperçois Paige, à quelques mètres de moi. Elle fait quelques pas dans ma direction et une fois à ma hauteur, elle ajoute : « Ça me fait super plaisir. Est-ce que tu veux boire quelque chose ? On a de tout ici, tu peux te faire plaisir. »

« Pourquoi pas. Mais pas d'alcool, j'ai eu ma dose la dernière fois. » je réponds avec une pointe plaisanterie dans la voix, ce qui la fait sourire.

« Oui, tu m'étonnes. Il y a pleins de softs au bar, tu y trouveras ton compte ! »

Puis elle s'agite rapidement autour de moi, glissant son bras autour du mien pour me traîner jusqu'au bar en question, qui n'est en fait qu'une table consacrée aux différentes boissons. Un serveur se trouve derrière elle, prêt à subvenir à chaque besoin de chaque invité. Pendant qu'il me prépare mon verre, j'en profite pour observer Paige. Elle est radieuse dans sa robe portefeuille croisée à la taille aux tons orangés, une robe qu'elle a accompagnée d'une paire de boucles d'oreille tout aussi extravagantes que celles qu'elle portait la dernière fois que je l'ai vu.

À ce moment-là, Georgia nous accoste. Enfin c'est plutôt Paige qu'elle accoste puisqu'elle ne daigne pas m'adresser un seul regard, et donc, encore moins me saluer.

« Tout se passe comme tu veux, ma belle ? » lui demande-t-elle, avec son verre en main qui me semble être du vin blanc mais je n'en suis pas sûr.

Elle avait une drôle de façon de se poser, pliant la jambe à moitié, ce qui la faisait ressortir de sa robe fendue sur le côté. Une robe pour le moins insolite, avec un décolleté assez osé qui n'était pas forcément adapté pour un simple brunch. Elle dénotait donc pas mal du reste de la populace présente et ça semblait faire plaisir à plus d'un puisque plusieurs paires d'yeux ne cessaient de la contempler comme si c'était une véritable œuvre d'art.

The Ace of Skulls [L.S] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant