Dans le taxi, direction le Plaza Hotel où est organisé le gala de charité, je décide de tourner la tête vers la fenêtre pour observer le paysage. Il fait déjà nuit, les lampadaires illuminent les rues et les building criblés de lumières surplombent la grande pomme. Le trafic new-yorkais nous ralentit un peu et je mets plus de temps à arriver que prévu. Je me suis habillé pour l'occasion, avec un costume bon marché que j'ai loué pour la soirée. Qu'on se le dise, je n'ai pas les moyens pour me payer un costume sur mesure et qu'il finisse dans mon armoire à prendre la poussière. Mais bon, si je continue à côtoyer ces gens-là, il faudra bien que je finisse par investir dans ce genre de tenues.
J'arrive finalement à destination. Le chauffeur de taxi trouve péniblement une place à quelques rues de l'hôtel. Je quitte le véhicule et rejoint le trottoir, puis avance vers l'entrée de l'hôtel d'un pas décidé. La devanture est bondée par une assemblée de photographes. À cet instant, je me maudis intérieurement d'avoir accepté de devenir, et je prie de tout cœur pour passer inaperçu. Mais Paige et Archibald arrivent à ma hauteur et me saluent. La jeune femme se penche pour me taper la bise et lui se contente de poser une main sur mon épaule en s'exclamant :
« Dis-donc, tu t'es fait tout beau pour l'occasion ! »
J'ai tout bonnement l'impression qu'il est en train de se foutre ouvertement de ma gueule, comme s'il avait remarqué que le costume n'était pas assez luxueux pour la soirée. Mais bon, peut-être suis-je un peu trop mauvaise langue.
Nous nous faufilons parmi la foule et en un rien de temps, nous nous retrouvons en plein milieu du tapis rouge. Je ne me sens pas très à l'aise de défiler sur ce tapis, mais je ne peux plus faire marche arrière, c'est trop tard maintenant. Il y a certainement des célébrités bien plus en vogue que Paige Osborne et Archibald Fisher qui nous feront de l'ombre. Je l'espère vraiment.
Mais à mon plus grand regret, les photographes commencent à prendre des photos de nous trois. Ils s'arrêtent en me forçant à m'arrêter aussi, et ils commencent tous les deux à poser. Et moi je me tiens là, comme un pantin, à côté de Paige et je ne sais même plus où me mettre. Je plisse les yeux sous les feux des projecteurs, tous ces flashs me donnant le tournis. J'essaie de sourire tant bien que mal mais je me sens si hypocrite que je finis par lâcher l'affaire.
Au bout d'une dizaine de minutes qui me paraissent être une éternité, nous rentrons finalement dans l'hôtel. Un portier nous ouvre et une hôtesse d'accueil s'empare très vite de nos manteaux pour les déposer dans les vestiaires. Nous sommes tous les trois l'un à côté de l'autre tandis que la jeune femme range soigneusement nos manteaux sur des ceintres parmi tous les autres affaires des invités déjà présents. Je prends quelques secondes pour observer le couple qui se tient à mes côtés. Archibald porte un costume trois pièces assez classique, qu'il a associé à un nœud papillon un peu ringard. Paige, quant à elle, porte une robe noire à la pointe de l'élégance. La robe épouse parfaitement ses formes et le bas légèrement évasé laisse entrevoir ses jambes de part le tissu parsemé de dentelles auquel quelques volants viennent s'accrocher. Le bustier tout en dentelles offre un décolleté séduisant. Je reste bouche bée devant l'élégance dont le vêtement fait preuve. Je me penche discrètement pour qu'elle seule m'entende.
« On était vraiment obligé de poser pour les photographes ? »
Elle tourne sa tête vers moi pour s'apprêter à parler mais Archibald le fait à sa place.
« Petit Louis n'aime pas être sous le feu des projecteurs, à ce que je vois. » se moque-t-il.
Est-ce qu'il pourrait arrêter de m'appeler comme ça ? Ça a vraiment le don de m'agacer.
« Non, c'est pas vraiment mon truc. »
« Tu ne te retrouveras pas à la une de la presse demain, si c'est ça qui t'inquiète. » s'exclame Paige en rigolant, tentant de détendre un peu l'atmosphère.
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The Ace of Skulls [L.S]
FanfictionLouis, jeune étudiant en littérature, se retrouve en prise aux mains d'un groupe de privilégiés new-yorkais qui, derrière leurs masques de parfaits citoyens élitaires, ne sont que des débauchés, membres d'une soi-disante société secrète que la perve...