Deux semaines sont passées et j'ai dû reçevoir une bonne vingtaine de cartes de jeu. Partout et à n'importe quel moment. À chaque nouvelle carte reçue, j'ai tenté de découvrir où est-ce qu'elle se plaçait dans le puzzle. Et après m'être creusé la tête en retournant les cartes dans tous les sens, en tentant différentes compositions avec l'aide nécessaire de Bellamy, j'ai enfin réussi à les assembler de la bonne façon afin qu'elles nous donnent une réponse. La réponse que j'attendais depuis des semaines passées à décortiquer le net à la recherche d'informations sur les sociétés secrètes de Columbia.
Alors me voilà, devant toutes les cartes qui se retrouvent scotchées au mur au-dessus de mon bureau, face cachée et le puzzle enfin terminé. Les coups de marqueurs au dos des cartes une fois assemblées représentent un crâne.
Bellamy est parti tôt ce matin pour les cours, je me retrouve donc seul dans la chambre. Je fixe mon mur et le dessin représenté par les cartes. Ce crâne de squelette n'est pas anodin, j'en suis certain. Peut-être est-ce une sorte de mascotte ?
Mon cerveau bouillonne, je sens qu'un mal de crâne ne va pas tarder à arriver. La vérité est que je suis juste totalement perdu. Ces cartes avaient donc un message, un véritable message qu'il fallait décoder, et je suis fier d'y être parvenu mais quelque chose me tracasse toujours. Même si nous avons déchiffré le message, nous ne sommes pas forcément plus avancés qu'il y a deux semaines. La seule chose dont nous doutions auparavant et dont nous sommes sûrs à présent, est que cette société existe et qu'elle est encore d'actualité. Mais la principale question que je me pose, qui est en fait toute simple...
Pourquoi moi ?
Pourquoi est-ce qu'ils ont décidé d'envoyer ces cartes à moi ?
Bellamy l'a dit et répété plusieurs fois, et de nombreux articles en parlent... Les sociétés secrètes ne sont réservées qu'à l'élite sociale, donc la crème de la crème. Je ne vois absolument pas pourquoi celle-ci ferait exception. Comme je l'ai dit à Bellamy, je ne suis qu'un pauvre étudiant boursier. J'ai déjà du mal à me sentir à ma place dans le cercle privé de Paige. Rappelons-nous cette fois où je me suis senti si étranger lors du gala de charité annuel des Fisher, ou encore de la soirée au Blue Velvet lorsque j'étais entouré des bourgeois les plus corrompus de l'Upper East Side... Alors intégrer une société étudiante réunissant toute la haute new-yorkaise, non merci, je préfère passer mon tour.
Je sais d'avance que tout ça n'est pas fait pour moi et pourtant je continue de traîner avec eux parce que je n'ai personne d'autre, parce que la présence de Paige me rassure incontestablement, sans vraiment comprendre pourquoi. Et c'est si paradoxal que j'en perdrais presque l'esprit. Je suis dans une constante contradiction et je n'arrive décidément pas à en sortir.
Même si je sais que ma place n'est pas dans cette société secrète, je ne peux pas m'empêcher de m'y intéresser et de ressentir le besoin d'en savoir plus, d'en apprendre plus sur leur fonctionnement. Je sens comme une étrange fascination me prendre. Je sais que c'est incontrôlable parce que si ça l'était, je pourrais passer à autre chose. Mais je n'y arrive pas et j'ai l'impression d'être bloqué et de tourner en rond. Sans arrêt.
Peut-être est-ce aussi de la curiosité pure et dure, une curiosité qui me tient en haleine et qui m'incite à creuser un peu plus. Je sais bien que je joue avec le feu, et je suis entièrement conscient de la brûlure qui m'attend si je continue dans cette voie.
Une heure avant mon premier cours, je décide de quitter ma chambre pour rejoindre l'un des grands espaces étudiants du campus ; la cafétéria. L'université de Columbia en compte une bonne dizaine, mais celle dans laquelle je me rends est de loin la plus fréquentée. Je ne suis pas du genre à apprécier les lieux bondés de monde en temps normal, j'aime au contraire les endroits plus intimistes et discrets, mais sans savoir pourquoi, je me sens bien dans cet endroit. Je m'y sens à ma place. C'est sans doute parce que je m'y retrouve plus qu'au Plaza Hotel ou qu'au Blue Velvet. Je suis en confiance parce que je suis entouré de gens normaux, avec des comportements normaux et habillés de vêtements aux prix accessibles.
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The Ace of Skulls [L.S]
FanfictionLouis, jeune étudiant en littérature, se retrouve en prise aux mains d'un groupe de privilégiés new-yorkais qui, derrière leurs masques de parfaits citoyens élitaires, ne sont que des débauchés, membres d'une soi-disante société secrète que la perve...