The Ace of Skulls [L.S]

05

Installé sur ma chaise en bois, malheureusement un peu bancale, je suis à fond dans mon bouquin ouvert en grand sur la table. Je suis penché en avant, complètement absorbé par l'histoire. C'était un bouquin qui faisait partie du programme de Littérature britannique du Professeur Goodwin, La promenade au phare de Virginia Woolf.

Je suis tellement concentré dans ma lecture que j'en oublie Paige, installée à côté de moi, en train de taper à une vitesse folle sur son ordinateur. Cela fait une bonne petite heure que nous sommes à la bibliothèque en train de travailler sur nos cours. Je n'ai vraiment pas vu le temps passé tellement nos échanges ont été intéressants.

Je suis vraiment heureux d'avoir rencontré une personne comme Paige, tout aussi sérieuse et travailleuse que moi. Depuis le brunch, nous nous sommes rapprochés et nous passons toutes nos journées de cours ensemble. J'ai parfois l'impression de voir en elle comme mon double féminin. Nous avons beaucoup de choses en commun et je me sens comme lié à elle, sans savoir pourquoi. Il arrive qu'on se sente proche de quelqu'un, qu'on a l'impression d'être fusionnel avec cette personne, sans réussir à vraiment le contrôler. Ce n'est pas quelque chose qu'on contrôle d'ailleurs.

« Dis ? Est-ce que t'as compris ce que M. Goodwin nous a demandé de faire ? Parce que je suis un peu perdue là... »

Je relève les yeux de mon livre pour les porter sur Paige qui a tourné son ordinateur dans ma direction pour me montrer le mail envoyé par le professeur.

« T'as raison, je devrais m'y mettre aussi... »

Je prends donc quelques secondes pour jeter un coup d'œil à l'écran de son ordinateur et lire la consigne, puis je m'empresse de lui expliquer le devoir demandé. Aussitôt fait, je me lève pour partir à la recherche d'un manuel dans l'une des rangées de la bibliothèque.

Je prends mon temps pour parcourir la collection colossale de manuscrits qu'elle contient, laissant mes doigts glisser sur les différentes couvertures en toile, lorsque j'entends des bruits de l'autre côté de la rangée. Je me penche un peu pour tenter de discerner ce qu'il se passe et viens écarter deux manuels pour jeter un coup d'œil discret derrière les livres. À ma grande surprise, j'aperçois deux hommes en train de se peloter dans la pénombre. L'un est complètement plaqué contre l'étagère remplie de livres tandis que l'autre s'accroche désespérément à lui pour l'embrasser sans la moindre retenue. Je me retiens de souffler, pris de consternation, parce que ce n'est vraiment pas un endroit approprié pour ce genre de choses. Mais bon, il faut s'attendre à tout de nos jours.

Je m'apprête à détourner les yeux et reprendre ma recherche mais les deux hommes se décalent de quelques centimètres et c'est là que je découvre l'identité de l'un d'entre eux. Et sans grande surprise... Harry Styles, mesdames et messieurs.

Heureusement, je me fais discret et aucun des deux ne me remarque. Pourtant, je continue de les observer parce que c'est plus fort que moi. Je vois les mains d'Harry se frayer un chemin sous le t-shirt du jeune homme qu'il embrasse. La scène me semble si sauvage et fougueuse que j'en perd mon latin. Ses boucles oscillent de droite à gauche tant l'embrassade est torride. Je remarque sa mâchoire se contracter et la ligne de celle-ci se dessine davantage lorsque leurs lèvres se rencontrent, encore et encore. Il attrape ensuite le fessier du jeune homme d'une façon si brutale que je sens la température de mon corps atteindre des sommets en un rien de temps. Mes lèvres s'entrouvrent, mon souffle se coupe et je n'arrive plus à détourner les yeux. Il m'est même impossible de faire abstraction de la chaleur qui envahit mon être. Je suis comme absorbé par la scène qui se joue sous mes yeux, je le suis tellement que sans m'en rendre compte, dans un moment de distraction, l'un des livres sur l'étagère glisse et tombe au sol. Le bruit que fait le livre lorsqu'il se retrouve sur le parquet force les deux hommes à tourner la tête dans ma direction. Mon souffle se coupe instantanément et je me fige sur place, pris sur le fait.