28 - April

22 2 0
                                    

Les filles sont bizarres ce matin. Pas bizarre dans le sens : elles viennent d'apprendre que leur mère allait mourir. Mais bizarre dans le sens : elles préparent un truc et dès que j'arrive, elles arrêtent tout. Je trouve Evan dans la cuisine, il pianote sur son portable les sourcils froncés.

- Dis-moi, tes sœurs sont en train de cacher un cadavre à l'étage ou quoi ? Evan rigole et range son portable.

- Ne t'occupe pas de ça. Je fronce les sourcils, suspicieuse.

- Alors toi aussi, tu es dans le coup ? Il sourit et s'approche de moi m'obligeant à lever la tête pour continuer de voir ses yeux verts.

- Peut-être ou peut-être pas... Tout dépend de toi et de ta robe. Je me redresse et laisse mes mains glisser sur son torse caché par un pull marron.

- Dites donc joli cœur la patience c'est pas ton truc ? Il lèche ses lèvres et je suis incapable de regarder ailleurs que ses lèvres légèrement abîmées que je rêve de sentir à nouveau contre moi.

Hier, dans les magasins, ses sœurs l'ont foutu dehors sans ménagement et elles m'ont aidé à choisir une robe sans qu'il n'en voit la couleur et depuis, il essaie d'acheter ses sœurs ou moi pour savoir à quoi elle ressemble.

- Pas quand il s'agit de toi. Mon cœur rate un battement avant de s'emballer méchamment dans ma poitrine.

- Ah bon ? Alors qu'est-ce que ton impatience te dit de faire là tout de suite ? Il sourit et je ne peux m'empêcher de l'imiter. Sa main glisse contre ma joue dessinant ma fossette.

- Je... Son portable sonne, éclatant la bulle de tension que nous avions créée. Bon sang, j'ai chaud. Il s'écarte et décroche, son sourire s'évanouit et ses sourcils se froncent encore. Quand il raccroche, je l'interroge silencieusement.

- Mon père qui me rappelle que je dois faire passer des entretiens d'embauche.

- Quoi ? La veille de Thanksgiving ?

- Ouais, c'est pour l'entreprise de mon père. Je n'aime pas ce que je lis dans ses yeux, cette espèce de tristesse ou résignation qu'il a dès qu' Evan évoque ses parents.

- Je peux t'accompagner ? Il mord sa lèvre et je m'efforce de continuer à fixer ses yeux.

- Pourquoi tu ferais ça ? J'hausse les épaules. À vrai dire, j'en sais rien, mais ça a l'air... divertissant.

- Allez Evan continue dans ta lancer d'étudiant dévergondé et fait le choix qui serait le plus à même d'énerver ton père. Il secoue la tête en souriant devant mon air plus que sérieux.

- Enfile ton manteau et tes chaussures, on y va. Je souris victorieuse et pars m'habiller, Evan en fait de même avant d'appeler les filles et de leur expliquer notre absence. Bizarrement, elles ont l'air soulagées de savoir que je ne serais pas dans le coin. Elles sont en train de préparer une connerie à coup sûr. Rosa acquiesce et promet à Evan qu'elle l'appellera s'il se passe quoi que ce soit.

L'agence de son père est un bâtiment moderne. L'accueil est composé de jolis sièges blancs d'un bureau tout en marbre et de tout un tas de documents. Tous les murs sont entièrement recouverts de baies vitrées sauf derrière le bureau dont le mur est recouvert de superbes photos. On ne peut pas nier que son père a du talent, seulement, c'est aussi un connard en puissance.

À côté du bureau, il y a un couloir avec trois portes. Les toilettes, et deux salles photos. Evan me fait entrer dans l'une d'elles. La pièce est pleine de matériel photo, de tissu, de vêtement. Je tourne sur moi-même comme une gamine découvrant un nouvel univers.

Evan & April - RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant