Bonus - April

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Je termine de rédiger mon rapport, la boule au ventre, ma jambe tressaute et, quand deux mains se posent énergiquement sur mes épaules, je fais un bond.

- Eh bah, je te fais peur ?

Je me tourne pour faire face à Suzie, une de mes collègues. Je place ma main sur mon cœur et m'oblige à me calmer.

- Non, je suis juste un peu...

- C'est le patron qui te met la pression ?

- Non, c'est...

Mordant ma lèvre, je ne parviens pas à formuler mon inquiétude à voix haute. Suzie n'insiste pas et me rappelle que l'on a prévu de sortir avec d'autres de nos collègues ce soir. Je me raidis et la rappelle avant qu'elle ne quitte mon bureau.

- Désolée, mais je vais devoir annuler.

- Quoi ! Mais c'est bon, les trois sœurs démoniaques peuvent bien se passer de toi une soirée. Je souris en entendant leur surnom et secoue la tête.

- Ce n'est pas ça.

Suzie me fait les gros yeux avant de lancer :

- Ok, m'en dis pas plus, va coucher avec ton beau gosse et demande-lui de me ramener un autographe de Milann.

Je souris et prie pour que le sixième sens de Cassie ne l'ait pas entendu.

- Je vais m'arranger avec lui.

Suzie me remercie et s'en va, pendant que mon stress revient au galop. Si ça continue, je vais vomir.

Mon rapport bouclé, je quitte les locaux sans demander mon reste, le pas rapide, bousculant tout le monde avant de rejoindre ma voiture. Chaque mètre augmente mon stress. Les lèvres rongées jusqu'au sang, je me gare devant la maison, toujours aussi apprêtée, une place de parking toujours vide comme s'il allait revenir.

Ça fait des années que leur père n'est pas venu... En fait, d'après ce que j'en sais, Evan dit qu'il vit ailleurs maintenant. C'est simple : il a tout simplement renié l'existence de ses enfants.

Cette pensée noue ma gorge et la boule dans mon estomac semble s'alourdir. Le cœur au bord des lèvres, je m'avance péniblement jusqu'à la porte d'entrée. J'entre et trouve les filles toutes les trois affalées sur le canapé. Elles ont peut-être vieilli, mais bon sang, elles sont toujours aussi flemmardes. Un sourire me vient, aussitôt aspiré par mon angoisse.

- Salut, April.

Je leur souris, et vu le regard que Livia me lance, elle n'est pas dupe. Aussitôt, elle met sur pause leur série et se redresse, ses sœurs suivant son mouvement.

- Assieds-toi, tu es toute blanche. Ça va ?

J'acquiesce mais m'assois néanmoins, mes jambes ressemblant de plus en plus à de la guimauve.

- Euh, tu fais peur, on dirait Morticia Adams. Je n'arrive pas à sourire aux mots d'Abi.

- Tais-toi, tu vois bien qu'elle ne va pas bien. Tu veux un verre d'eau ? Tu veux que j'appelle un médecin ? Je secoue la tête face à la gentillesse de Sarah.

- Dis-nous.

- Oh non, je ne peux pas vous dire un truc comme ça. Souffle-je en passant une main sur mon front.

- T'as fait une bêtise ? Abi écarquille les yeux :

- Me dis pas que tu as cassé l'appareil photo d'Evan !

- Non, je n'ai pas fait de bêtise.

- Euh, c'est une question ou une affirmation ? Déglutissant, je me tourne vers elle et débite :

Evan & April - RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant