— Bonjour, souri-je à l'adresse du vigile qui se tient au chaud dans sa cabine.
— Bonjour madame. Comment allez-vous aujourd'hui ?
— Je vais bien, merci.
Je lui tends alors une boîte hermétique et une tasse isotherme que j'ai pris soin de remplir de café chaud.
— Je me suis dit que vous auriez besoin de quelque chose pour vous réchauffer.
L'homme regarde la boîte, stupéfait, avant de la prendre dans ses mains. Quelque chose me dit qu'il n'a pas l'habitude de ce genre d'attention dans l'exercice de ses fonctions.
— Je ne sais pas quoi dire... souffle-t-il, avec émotion. Merci.
— Vous n'avez pas besoin de dire quoi que ce soit. C'est avec plaisir. Je ne savais pas comment vous aimiez votre café, alors j'ai pris la liberté d'ajouter dans la boite quelques sucrettes et un petit pot de crème, au cas où.
— Noir c'est parfait madame.
Il ouvre la boîte et hausse les sourcils en y découvrant les deux viennoiseries encore chaudes que j'y ai mises.
— Je viens de les préparer avec madame O'Rourke, et je me suis dit que ça vous ferait plaisir.
L'homme hoche la tête à court de mot, et j'en déduis qu'il doit être ému par mon geste. Au moins, je suis soulagée qu'il ne refuse pas.
Il se racle ensuite la gorge en refermant la boîte et la pose à côté de lui sur son bureau.
— Que puis-je vous, aujourd'hui ?
— J'allais seulement regarder si j'ai du courrier. Je n'ai pas pensé à le faire depuis que je suis arrivé.
— Je vous ouvre tout de suite.
Il entre dans sa cabine et appuie sur un bouton, avant que les grilles ne s'ouvrent. Je ponctue mes remerciements d'un sourire avant de passer entre les deux grilles de l'entrée. J'ouvre ma boîte aux lettres, quand une voiture s'approche rapidement des grilles de la maison d'en face avant qu'elle ne passe le portail qui s'ouvre automatiquement. Je soupire avant de me concentrer sur le contenu de ma boîte aux lettres lorsque le véhicule se gare derrière moi.
Intriguée, je me retourne et vois une jolie blonde quitter la voiture d'un pas furieux dans ma direction, perchée sur ses talons aiguilles.
— Vous êtes la voisine ?
— Clarke, souri-je en tendant une main. Enchantée.
— Moi pas ! Tout est votre faute !
Je fronce les sourcils, perdue.
— Je suis désolée, je ne vous suis pas.
— C'est votre faute s'il m'a quitté !
— Qui donc ?
— Reid !
Je comprends alors à quoi j'ai affaire. Une stupide crise de jalousie. Et il faut que je sois au centre de tout ça...
— Qu'avez-vous fait au juste ? Vous lui avez fait des avances ? Vous lui faites du chantage ?
Je retiens mon souffle avant de planter mes poings sur mes hanches. Elle en a un toupet celle-là !
— Je vois... Écoutez... Je n'apprécie pas du tout vos accusations, madame ! Je ne sais même pas qui vous êtes. Mais si vous ne vous calmez pas, je me verrais dans l'obligation de demander à mon garde du corps de vous éloigner de moi. Et ce ne sera pas de manière courtoise. Vous m'entendez ?
Les yeux de la femme se plissent et elle s'approche de moi d'un pas avant de brandir un doigt manucuré dans ma direction.
— Je vous préviens que si vous approchez mon fiancé, je ferais de votre vie un Enfer.
Je hausse un sourcils de surprise, avant de la regarder faire demi-tour en faisant tournoyer sa longue crinière dorée pour retourner derrière son volant.
La voiture démarre en trombe dans un crissement de gravier avant de s'éloigner de moi.
— Si je peux me permettre, Madame, cette femme a des problèmes, intervient mon agent de sécurité depuis la porte de sa cabine.
Je me tourne vers lui en souriant en coin.
— Ce n'est pas exactement ce que j'aurais dit. Mais je suppose que vous êtes mieux éduqué que moi.
Ce dernier me rend mon sourire et me laisse fermer ma boîte aux lettres avant de retourner à l'intérieur de mon terrain.
— Je vous remercie. N'oubliez pas votre déjeuner !
— Aucun risque, Madame.
Je lui adresse un dernier sourire avant de m'éloigner du portail pour retourner à la maison en ressassant la conversation que j'ai eue avec cette femme dont j'ignore le nom. Je n'en reviens pas qu'elle m'accuse d'être responsable de sa rupture avec Reid.
Dès lors que je commence à monter les marches de mon entrée, je prends une grande inspiration pour ramener mon rythme cardiaque à la normale avant d'entrer dans ma maison.
— Pas de courrier ! déclaré-je en fermant la porte d'entrée. Je ne devrais pas être étonnée, personne ne sait que j'ai emménagé ici.
— Je ne reçois pas beaucoup de courrier non plus, me rassure Madame O'Rourke en me souriant. Alexander a apprécié les viennoiseries ?
— Je crois qu'il était content acquiescé-je.
— C'est un si gentil garçon. Je l'ai connu quand il avait dix ans, après que sa mère a emménagé dans le village. Il s'est ensuite engagé dans l'armée et s'est spécialisé dans la sécurité.
Elle pousse un long soupir nostalgique en regardant dans le vague.
— Ce pauvre garçon a perdu sa mère alors qu'il était en mission pour l'armée. Ça l'a beaucoup affecté. Assez pour quitter l'armée et se faire embaucher dans la sécurité. Depuis, il assure la sécurité de ses clients.
Madame O'Rourke se penche au-dessus de l'îlot central et me fait signe de m'approcher d'elle avant de prendre un air conspirateur.
— Mais si tu veux mon avis, je crois qu'il fait ça parce qu'il se sent seul.
Je soupire en pinçant les lèvres avant de contourner l'îlot central pour prendre appui contre l'évier.
— Il devrait se trouver une femme et se marier, suggéré-je en haussant les épaules. Il se sentirait moins seul.
— Je suis du même avis.
Elle m'adresse un sourire détendu et va au frigo pour en sortir un sachet en papier qui contient je ne sais quoi. Elle le pose sur le plan de travail et attrape une poêle au-dessus de nos têtes avant de la poser sur la grille du gaz.
— C'est pour cela que je vais l'aider à rencontrer quelqu'un lors de la soirée de village que la commune organise la semaine prochaine. Son collègue a prévu de le remplacer. Alors je vais présenter une jeune femme à Alexander.
Je ne peux m'empêcher de sourire en coin.
— Si je vous suis bien, vous allez jouer les entremetteuses.
Cette dernière me sourit en coin et ouvre le papier laissant apparaître un gros morceau de viande. Elle allume le feu sous lequel se trouve la poêle et va chercher du beurre dans le frigo. Elle coupe un morceau qu'elle laisse tomber dans la poêle avant de le laisser fondre, puis elle y ajoute le morceau de viande qui se met à crépiter. Elle se met à fredonner et coupe une branche de romarin qui se trouve dans un des pots au bord de la fenêtre de la cuisine et la jette dans la poêle. Elle assaisonne de sel et de poivre et arrose la viande du beurre fondu à l'aide d'une cuillère à soupe.
— Vous êtes bonne cuisinière ? m'interroge tout à coup madame O'Rourke en levant les yeux vers moi.
— J'adorais cuisiner autrefois, avoué-je avant de regarder dans le vague. Mais j'ai l'impression que c'était il y a très très longtemps...
— Peut-être que vous pourriez vous y remettre ?
Je lève les yeux vers Grace et lui souris. Elle a raison. Le but de ma présence ici, c'est de prendre un nouveau départ. De faire en sorte que mon fils et moi-même retrouvions le bonheur. Et par-dessus tout, qu'Aaron se remette à parler. Il a déjà fait un premier pas vers Reid quand il lui a offert un de ses jouets préféré.
— Je crois que c'est une bonne idée, approuvé-je. Je pense que je pourrais m'y remettre le week-end. Comme ça, vous pourrez retrouver votre famille plus tôt et puis ça vous épargnerait de conduire en pleine nuit.
La femme me sourit d'un air reconnaissant.
— C'est mon travail. Et puis j'aime bien cette maison. Elle a du caractère.
— C'est vrai qu'elle est superbe. Je dois avouer que je suis heureuse de l'avoir trouvé.
Je prends une grande inspiration, lorsque mon téléphone sonne.
— Excusez-moi, souri-je à Grace avant de m'éloigner pour décrocher. Clarke Andrews, j'écoute ?
— Excusez-moi mademoiselle Andrews, mais vous avez un visiteur. Il s'agit de votre voisin.
Je retiens mon souffle en fronçant les sourcils. Il ne manquait plus que ça. Après m'être fait incendié par sa copine, voilà qu'il se pointe.
— Très bien. Pourriez-vous lui dire de patienter ? Je vais arriver.
— Bien, Mademoiselle.
Je le remercie avant de raccrocher, puis je retourne au près de ma gouvernante.
— Madame O'Rourke, est-ce que ça vous dérangerait de me surveiller Aaron, s'il vous plaît ? J'ai un visiteur au portail.
— Pas du tout.
— Merci beaucoup.
Je me tourne vers mon fils et lui adresse un sourire rassurant tandis que ses grands yeux se posent sur moi.
— J'aimerai que tu sois sage avec Madame O'Rourke. Je vais au portail, je n'en ai pas pour longtemps.
Il hoche silencieusement la tête avant de se tourner vers notre gouvernante.
— Ne vous en faites pas. Il est entre de bonnes mains.
— Je n'en doute pas. Merci.
Je quitte la cuisine et vais dans l'entrée pour attraper mon manteau accroché au porte manteau que je mets rapidement avant de quitter la maison.
Je longe la longue allée jusqu'à ce que j'atteigne enfin le portail où m'attend mon vigile et Reid.
— Bonjour ! me souhaite-t-il en m'affichant un large sourire.
Je croise les bras sur ma poitrine en restant réticente.
— Bonjour... marmonné-je en forçant un sourire, me rappelant l'altercation que j'ai eu avec sa petite amie.
— Comment allez-vous ?
Je lance un regard en direction de mon garde du corps qui nous regarde tour à tour. Lui non plus n'a rien manqué de l'altercation que j'ai eu avec cette femme.
— J'ai... j'ai eu une conversation avec votre petite amie, annoncé-je sans détour d'une voix plus froide que je ne l'aurais souhaitée.
Reid fronce aussitôt les sourcils.
— Une conversation avec Erin ? Comment ça ?
— Pour la faire courte, elle ne s'est pas privée de me faire comprendre que votre rupture est ma faute.
Reid soupire et laisse tomber sa tête en arrière.
— Écoutez Clarke...
— Je suis vraiment désolée Reid, le coupé-je en secouant la tête, mais je ne me suis pas installée ici pour avoir des problèmes avec qui que ce soit. Aaron et moi nous sommes installés ici pour être tranquille. Je ne veux pas me prendre la tête.
Je soupire et commence à m'éloigner du portail.
— Attendez, Clarke !
— Je suis désolée Reid. Mais j'aimerais que vous me laissiez tranquille. Je ne peux pas laisser les problèmes atteindre mon fils. Autrement, je serais obligée de partir. Je vous souhaite une bonne journée.
Je rentre chez moi à grands pas, me retenant de lancer un regard en arrière. Je m'en veux de tourner le dos à Reid après son accueil chaleureux. Il a été d'une gentillesse dans limite envers mon fils et moi-même. Je ne me suis jamais sentie autant la bienvenue depuis que j'ai perdue la moitié de ma famille.
Une fois à la porte d'entrée de chez moi, je prends une grande inspiration et ouvre la porte en chassant cette conversation de ma tête.
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Une voix pour Noël
RomanceCherchant à fuir un événement horrible de son passé, Clarke s'installe en Irlande pour refaire sa vie, seule avec son petit garçon qui ne parle plu suite à un traumatisme. Elle n'avait pas prévu de croiser la route de son beau voisin, Reid. Et sans...