CHAPITRE SEIZE

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  Je me pince la lèvre entre mes doigts, écoutant les pas précipités de Clarke monter les escaliers

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 Je me pince la lèvre entre mes doigts, écoutant les pas précipités de Clarke monter les escaliers.
Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête pour faire une chose pareille. Elle était tellement désespérée et moi perdu, que je n'ai pas réfléchi à ce que je faisais lorsque je l'ai pris dans mes bras pour la consoler, avant de l'embrasser.

Je me lève lentement et vais chercher la tasse qu'elle a laissé sur le rebord de la fenêtre, et l'apporte à la cuisine avec mon verre d'eau. Je dépose la vaisselle dans l'évier et éteins toutes les lumières avant de monter à l'étage. Je tourne les yeux vers la chambre de ma voisine et m'aperçois que celle de Reid est grande ouverte. J'en déduis qu'elle a dû emmener son fils dans sa chambre.
J'entre dans la mienne et me laisse tomber sur le matelas en fermant les yeux. Mon esprit est assailli par un flot d'image érotique de ma belle voisine et moi, dans le salon. Ce qui aurait pu arriver si Aaron n'avait pas fait son cauchemar. Je suis malgré tout soulagé qu'il soit intervenu, même si je suis désolé qu'il ait fait un cauchemar.
Je prends une grande inspiration et ferme les yeux. Il faut que je dorme un peu. Je ne sais pas ce sera demain après ce qui vient de se passer entre Clarke et moi.
Je ne peux m'empêcher de repenser à la douceur de ses lèvres sur les miennes, au goût du tilleul sur sa langue et à la chaleur de son corps contre le mien. J'espérais découvrir ce que ça faisait de l'embrasser lorsqu'elle m'a montré sa chambre d'amis, mais je n'imaginais pas que j'allais y penser encore et encore après ça.
Je devrais me sentir coupable pour ce qui s'est passé et d'avoir ce que je pense être des sentiments pour Clarke. Elle était la femme de mon mentor. Pourtant je n'arrive pas à m'en vouloir pour ce que j'ai fait. Après tout, cela fait un an maintenant, et nous sommes deux adultes responsables et consentant ? Je me doute qu'elle regrettera probablement demain ou qu'elle ne saura pas où se mettre. Et je le comprendrai. Tout ce que j'espère, c'est que sur le long terme elle acceptera ce rapprochement qu'il y a entre elle et moi.

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Le lendemain, c'est à la lumière d'un rayon de soleil que je me réveille. N'ayant pas dormi plus de la moitié de la nuit à cause de mes pensées lubriques, j'y suis enfin parvenu aux alentours de quatre heures du matin.
Je m'étire paresseusement dans les couvertures, lorsque j'entends du bruit provenant du rez-de-chaussée. Je m'étends sur le matelas pour attraper mon téléphone et vois qu'il est presque neuf heures trente. Je n'en reviens pas d'avoir autant dormi. Ce n'est pas si étonnant que ça, compte tenu du fait que j'ai mis du temps à m'endormir. Mais je pensais que mon horloge biologique me rattraperait et me réveillerait à la même heure que d'habitude.
Je me lève, attrape mes vêtements d'hier, et quitte la chambre avant de descendre jusqu'à la cuisine. Clarke s'y trouve en compagnie de Aaron qui déguste un grand bol de céréales. Sa mère, quant à elle, me tourne le dos et déguste une tasse de café en regardant par la fenêtre donnant sur l'extérieur.
— Bonjour, murmuré-je pour ne pas lui faire peur.
Elle se tourne rapidement, et m'adresse un doux sourire.
— Bonjour. Tu veux que je te prépare une tasse de thé ?
— Avec plaisir.
Elle s'attelle aussitôt à la préparation de mon déjeuner et j'en profite pour aller voir le jeune garçon qui a tourné sa tête vers moi.
— Salut Champion. Tu as bien dormi ?
Il hoche la tête en souriant de toutes ses dents.
— Il n'a pas refait de cauchemars après que je sois allé le voir, m'informe Clarke en adressant un sourire à son fils.
Elle semble fière de lui. J'imagine qu'elle peut l'être compte tenu du fait qu'il a subi un sacré traumatisme.
— Et toi ?
Elle détourne le regard et pince les lèvres avant de me tourner le dos pour me préparer un café.
— Eh bien... murmure-t-elle. On va dire que ça aurait pu être pire... Et toi ?
Je souris en coin en repensant au fait que j'ai mis beaucoup de temps à m'endormir, puis finis par hausser les épaules.
— J'imagine qu'on peut dire que j'ai bien dormi, même s'il m'a fallu pas mal de temps pour y parvenir.
Tournée de profil, je peux l'apercevoir rougir. Je dois avouer que ça ne me déplaît pas. Cela veut dire que ça ne la laisse pas indifférente.
Aaron se lève et prend son bol dans ses mains avant de l'emporter avec lui pour le donner à sa mère. Elle prend la vaisselle dans ses mains et la met dans l'évier avant de lui caresser la joue avec tendresse. Qu'est-ce que j'aimerai faire une chose pareille avec mon propre enfant, si j'en avais un...
— Et si tu allais jouer dans le salon ?
Il hoche la tête avec un large sourire, et quitte la cuisine en courant, nous laissant seuls Clarke et moi.
Je me penche pour m'assurer que le garçon est loin de notre portée, et tourne la tête vers sa mère.
— On peut parler ?
Elle se tourne vers moi avec ma tasse de café dans ses mains et me rejoint à table avant de déposer la tasse devant moi.
— Bien sûr.
Je la remercie et prends la tasse dans mes mains.
— Tu veux parler d'hier soir ?
— Exact. Je veux que tu saches que si tu le souhaites, on peut faire comme rien ne s'était passé.
Elle hausse les sourcils de surprise et me regarde dans les yeux.
— Quoi ?
— Je sais que les choses sont compliquées pour toi. Et je veux que tu saches que si tu veux faire comme si de rien n'était, je ne t'en voudrais pas.
Elle baisse les yeux sur sa propre tasse et reste silencieuse quelques secondes, comme si elle réfléchissait.
— Et... supposons que je ne veuille pas oublier ?
Je tente de ne pas jouer la surprise, mais je dois avouer que cette question me désarçonne. Est-elle sérieuse ?
— Tu le penses vraiment ?
Elle prend une grande inspiration et détourne le regard.
— En toute honnêteté, je ne sais pas. Je... j'ai peur que si je n'oubliais pas, j'oublierai toutes ses années avec...
— Jackson ?
Elle tourne son regard vers moi et me regarde dans les yeux fixement.
— Oui.
Je me sens mal pour elle. Mais en parallèle, j'aimerais qu'elle n'oublie pas ce moment que nous avons partagés elle et moi.
Je soupire et pose ma tasse avant de lui prendre une de ses mains libres dans la mienne pour attirer son attention.
— Et si on laissait ça de côté pour le moment ? On n'oublie pas, mais on n'y repense pas tant que tu n'es pas prête. Ça te va ?
Elle prend une grande inspiration et hoche la tête en souriant.
— Merci de te montrer aussi compréhensif Reid.
— C'est normal.
Un silence s'installe entre nous. J'aimerai savoir à quoi elle pense à cet instant. Pense-t-elle à lui ? Pense-t-elle à hier soir ?
— Finalement... Si tu es toujours d'accord, j'aimerais bien qu'on fasse de la luge tous les trois.
Je hausse les sourcils de surprise, ne m'attendant pas à ce qu'elle me donne une réponse aussi rapidement. Je pensais même qu'elle avait oublié ou laissé ça de côté pour ne plus y penser.
— Sauf si tu as changé d'avis, bien sûr.
— Non ! m'écrie-je tout à coup, trop heureux qu'elle accepte de passer du temps avec moi. Je m'organiserai pour qu'on passe toute une journée tous ensembles.
Elle soupire l'air de se descendre un peu, avant de se mordre la lèvre inférieure.
— Est-ce que je peux abuser un petit peu ?
Je fronce les sourcils, me demandant à quoi elle peut bien avoir en tête pour avoir l'impression d'abuser.
— Dis-moi ?
— Accepterais-tu de m'aider à trouver un sapin pour décorer cette maison ?
Je ne peux m'empêcher de retenir un sourire victorieux. Trouver un sapin me permettrait de passer d'avantage de temps avec cette femme et son petit garçon.
— Bien sûr. Ce sera avec plaisir, Clarke.
Elle sourit timidement en baissant les yeux sur son café, et je peux voir le haut de ses pommettes se teinter d'un rose léger. Mon cœur rate alors un battement de la voir ainsi rougir pour si peu. Surtout quand on pense à ce qui s'est passé la veille dans la pièce d'à côté. J'ai tout à coup hâte d'être à la semaine prochaine, afin de passer une journée entière avec elle.

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La semaine s'est écoulée au cour de laquelle j'ai passé une bonne partie de mon temps à chercher une forêt de sapin où je pourrais emmener Clarke et Aaron, tout en restant dans le respect de la nature. Et c'est ainsi que j'ai trouvé une sorte de pépinière qui cultive une forêt de sapin qui offre la possibilité de choisir son propre sapin et le couper soi-même, avant de pouvoir en replanter un pour favoriser la reforestation. Je suis certains que cette perspective ravira cette femme et son petit garçon.
Le reste de la semaine, je l'ai passé à terminer de composer les dernières chanson de mon nouvel album, au plus grand bonheur de mon agent qui a adoré les écouter et s'est empressé d'appeler la maison de disque pour annoncer que tout était terminé. Après ça, j'ai enchaîné les heures d'enregistrement dans mon studio au fond de mon jardin, même si la fatigue s'accumulait et que le jour-J approchait à grand pas. Mais je voulais que tout soit parfait pour Clarke et Aaron, et que rien ne nous interrompe. Je voulais pouvoir consacrer absolument tout mon week-end à ces deux personnes qui commençaient à prendre la plus grande place dans mon cœur.
Je n'avais jamais rien senti de tel, depuis Darina. Pour moi, nous avions toute la vie devant nous, jusqu'à ce jour fatidique qui a brisé mon cœur pour — je le pensais — toujours. Elle était tout pour moi. On avait l'intention de fonder une famille tous les deux, jusqu'au jour où on a découvert qu'un monstre habitait son corps, anéantissant nos rêves et notre avenir.

Il est dix heures du matin lorsque je frappe à la porte de la maison de Clarke, après qu'elle a été prévenue par l'agent de sécurité de mon arrivée. Grace n'étant pas là pour le week-end, nous aurons tout le temps qu'il nous faudra pour nous amuser sans se soucier de laisser Grace toute seule.
Clarke m'ouvre et m'offre un sourire resplendissant auquel je réponds joyeusement. La voir me sourire ainsi me donne du baume au cœur, et je sais que je vais une des plus belles journée de toute ma vie avec eux.
Aaron se jette à mes jambes sans ménagement, les serrant dans ses petits bras. En veillant à faire attention, je me mets genoux et prends le petit garçon dans mes bras.
— Salut Champion. Tu es prêts à t'amuser ?
Aaron s'écarte de moi et hoche la tête avec des étoiles pleins les yeux.
— Super ! m'enthousiasme-je avant de me redresser après qu'il m'ait lâché.
Je fais face à Clarke qui regarde Aaron trépigner d'impatience, avant qu'elle ne tourne les yeux vers moi.
— Quel est le programme de la journée ?
— Nous allons monter dans ma voiture et aller dans le champs qui appartient à un ami de maman. Il nous le prête tout le temps pour faire des descentes en luge. Il a un accord avec maman. Il nous laisse faire, à condition qu'elle lui prépare des tartes aux pommes et des crumbles au pêches.
— L'ami à ta mère à bon goût.
— Tout à fait, souri-je. À l'occasion, je lui demanderait d'en faire une pour que tu la goûtes.
— Et si je te faisais goûter ma tarte aux pommes ?
Mon estomac se réveille aussitôt, en pensant au régal que ça pourrait être.
— Tu me prends par les sentiments.
Elle rit doucement, et rougit.
— Dans ce cas, tu es invité demain à déguster une bonne tarte aux pommes. Recette familiale.
Mon cœur bondit de joie à l'idée de passer une journée de plus en compagnie de Clarke.
— Tu as prononcé les mots magiques !
— Oh ! Aurais-je trouvé la formule magique pour vous contrôler monsieur Reid ?
Elle noue ses mains dans son dos en prenant un air espiègle et conspirateur. Ses yeux brillent de malice et mon cœur rate un battement en la voyant se pencher vers moi avec amusement.
— Prononcez-la et je serais à votre merci pour l'éternité, murmuré-je sur le ton de la confidence.
Je sais que je prends un risque en évoquant l'avenir. Après ce qu'elle a vécue, parler d'avenir pourrait lui faire prendre ses distances avec moi. Mais à ma grande surprise, c'est l'effet contraire que j'obtiens.
— Méfie-toi que je ne te prenne pas au mot...
Sur ses paroles, elle me contourne et enfile son manteau avant de me contourner en prenant la main de son fils dans la sienne. Malgré mon étonnement, je chasse ses mots de ma tête et reprends contenance avent de me tourner vers elle pour la laisser fermer la porte d'entrée. Je me tourne enfin vers elle et la suis sur le chemin en direction du portail. En direction pour cette journée de rêve. 

Une voix pour NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant