CHAPITRE PREMIER

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    Je quitte l'aéroport de Dublin après deux heures de vol en avion

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    Je quitte l'aéroport de Dublin après deux heures de vol en avion. J'ai hâte d'arriver dans ma nouvelle maison. Une nouvelle vie loin de tout. Loin de mes anciens voisins, de ma famille et de leurs regards empreints de pitié. Je ne voulais plus de tout ça. Tout le monde me connaît en France. Tout le monde sait ce que j'ai traversé. Je n'en pouvais plus. Je voulais mieux. Un endroit où personne ne me reconnaîtrait. Même si je doute que ce soit possible, à moins de décider de m'installer au fin fond du Groenland, dans un igloo.
     Première étape dans mon changement de vie, j'ai changé de nom de famille. J'ai choisi de prendre celui de mon père, que personne ne connaissait puisqu'il a décidé de mettre les voiles lorsque j'avais cinq ans. La seule chose qu'il a fait de bien de toute ma vie... Maintenant changement de pays, et changement de maison.

    Je n'ai plus que quatre-vingts kilomètres de route à faire avant d'arriver à Mullingar dans le comté de Westmeath. Je lance un regard vers mon fils, Aaron, à travers le rétroviseur intérieur.
     — Nous sommes presque arrivé mon petit coeur ! lui annoncé-je en lui souriant.
     Aaron tourne les yeux vers moi, mais reste silencieux.
     — Tu verras, nous allons tout recommencer à zéro tous les deux.
     Je hoche la tête en souriant toujours.
     — Oui... On va tout recommencer à zéro... murmuré-je pour moi-même.
     Je me reporte ma concentration sur la route, silencieusement, avant de traverser un village prudemment sans m'arrêter. Plus vite nous arriverons à la maison, et plus vite de pourrais souffler tranquillement. C'est de ça dont j'ai besoin pour le moment. Avec un bon bain. Et pourquoi pas un bon verre de vin ?

    Une fois que l'on sort du village de Mullingar, nous roulons encore sur un kilomètre environ en passant devant de grands champs enneigés, avec des chevaux. Je note dans un coin de ma tête qu'il y a un centre équestre tout près de chez moi.
     — Tu as vu ? Il y a des chevaux ! annoncé-je à mon fils en montrant des chevaux du doigt, tout en ralentissant. 
     Cette fois il tourne les yeux vers moi en haussant les sourcils, l'air intéressé.
     — On essaiera d'aller les voir plus tard. Ça te dit ?
     Il hoche la tête sans parler. Je soupire tristement, et reprends la route en faisant comme si de rien n'était, et me dirige vers ma nouvelle adresse.  

    Je tourne sur la gauche et avance sur un chemin presque caillouteux en passant devant un grand portail en fer forgé noir. Cette propriété aussi est équipée d'un poste de garde. Je remarque que tout comme chez moi elle s'étend, et est parsemée d'arbres tous recouverts de neige.
     Je termine ma route et m'arrête devant un grand portail en fer forgé blanc quelques mètres plus loin, avec un poste de sécurité. Ayant rencontré beaucoup de succès par le passé, j'ai pu engager deux agents de sécurité et une gouvernante avec l'argent que j'avais amassé.
     Je me gare devant le portail et sors mes papiers, tandis que l'agent de sécurité s'approche de moi.
     — Bonjour Madame. Je suis désolé, ceci est une propriété privée. Je vais donc devoir vous demander de faire demi-tour.
     — Bonjour, je suis la nouvelle propriétaire.
     Je lui tends mes papiers d'identité en tentant d'avoir l'air la plus aimable possible.
     — Mademoiselle Andrews ?
     Il hausse les sourcils de surprise avant de me rendre mes papiers d'identité.
     — Je suis vraiment désolé. Je vais vous ouvrir.
     Je le remercie et le regarde se précipiter dans sa cabine avant que les grilles ne s'ouvrent. Je démarre rapidement et avance le long d'une allée déneigée soigneusement, bordée d'arbres et de neige, jusqu'à ce que j'arrive au pied d'une grande demeure. L'endroit est tel que je l'avais vue sur les photos. N'ayant pas pu me présenter ici pour l'achat, j'ai réussi à trouver un agent immobilier qui a mis les petits plats dans les grands pour me venir en aide.
     Je coupe le moteur et prends une grande inspiration avant de me tourner vers mon fils en forçant un sourire.
     — Nous sommes arrivés. Tu verras. Tu as même un espace de jeu et je te réserve une surprise dans ta chambre. 
     Aaron hausse les épaules silencieusement.
     Je me mords la lèvre inférieure et décide de tenter une nouvelle approche. Je crois que j'aurais plus de chance à parvenir à décrocher une réaction de sa part, si je lui montrais ce que j'ai fait pour lui. Pour qu'il se sente chez lui dans une nouvelle maison.
     Je descends de la voiture et la contourne pour en sortir mon fils. Il descend rapidement en serrant le doudou de sa sœur dans ses bras. Il ne le lâche plus depuis ce jour. Personne ne peut le toucher à part moi.

Une voix pour NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant