CHAPITRE QUINZE

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 Ma porte d'entrée se referme sur Reid qui descend à présent les marches de mon perron. Je ferme soigneusement à clef et abaisse la poignée pour m'assurer qu'elle est bien verrouillée. J'ai beau habiter dans une propriété sécurisée, je préfère ne pas prendre de risque.
Mon cœur bat la chamade en repensant à la proposition que j'ai faite à Reid de rester dormir chez moi. Sur le moment je ne pensais qu'à sa sécurité en lui proposant de prendre une chambre d'amis. La chute de neige ayant redoublée d'intensité, je trouve dangereux de le laisser prendre la route, même pour rentrer chez lui qui vit en face de chez moi.
Pourtant, lorsqu'il a gentiment refusé, je n'ai pu m'empêcher de ressentir une petite déception. Et cela me perturbe quelque peu, je dois bien l'avouer. J'ai perdue Jackson il n'y a pas très longtemps et voilà que je commence à ressentir des choses envers Reid, que je n'arrive pas à expliquer.
Je m'adosse à la porte d'entrée et regarde le plafond en prenant une grande inspiration. Je crois que j'ai besoin de faire le point. Je crois que je suis perdue. Ce nouveau départ était supposé me faire passer à autre chose, pourtant Jackson est plus présent que jamais.
J'inspire profondément lorsque j'entends le moteur de la voiture de Reid démarrer. Je m'écarte de la porte et lui lance un dernier coup l'œil avant de m'éloigner. Je vais dans la cuisine pour mettre les tasses dans l'évier et éteins la lumière en quittant la pièce et commence à monter à l'étage, lorsqu'on frappe à la porte d'entrée.
Je fronce les sourcils en me retournant.
— Clarke ?
Je soupire en souriant, lorsque je me rends compte qu'il s'agit de la voix de Reid. Je redescends les marches rapidement et déverrouille la porte avant de l'ouvrir. Je fais face à Reid qui me lance un sourire désolé en se frottant la nuque.
— Je suis désolé. J'allais quitter la propriété, mais je ne vois rien du tout. Finalement... si cette proposition tient toujours...
— Bien sûr, souris-je, entre.
Je m'écarte du passage et le laisse entrer dans la maison avant de fermer une nouvelle fois la porte à clef.
— Je suis désolé de t'avoir dérangé, si tu allais te coucher.
— Non, ne t'excuses pas. Suis-moi. Je vais te montrer ta chambre.
— Je te remercie.
Je lui passe à côté avant de le conduire à l'étage. Je m'arrête à la première chambre juste après les escaliers et ouvre la porte avant de lui laisser le passage.
Quelques jours après mon emménagement, Madame O'Rourke a eu la gentillesse de préparer les chambres afin de les rendre utilisables si jamais j'invitais quelqu'un à dormir à la maison. Chose qui ne s'était pas produit une seule fois. Mais j'avais gardé l'idée en tête, si jamais elle choisissait de rester à la maison à cause de la météo. Je n'imaginais pas qu'elle servirait à quelqu'un d'autre qu'elle.
Je le regarde faire quelques pas dans la pièce, mal à l'aise. Je dois avouer que j'ai quelque peu perdue l'habitude de recevoir quelqu'un pour dormir. Encore moins quelqu'un que je ne connais pas depuis très longtemps.
Reid se tourne vers moi et me sourit avant de se frotter une nouvelle fois la nuque.
— Encore une fois merci, Clarke. Je ne voulais pas te déranger, j'ai même pensé dormir dans la voiture et partir une fois que les chutes de neige se seraient calmées.
— Je te l'avais proposé, Reid. Tu n'as pas à être gêné. Et dormir dans la voiture aurait été une mauvaise idée. Tu aurais attrapé froid. Autant dormir dans un lit douillet et une chambre à la bonne température.
Je me racle la gorge quand je me rends compte qu'un silence gênant s'est installé, et recule jusqu'à être dans l'encadrement de la porte.
— Bon... Je vais te laisser dormir à présent. Bonne nuit.
— Bonne nuit Clarke, murmure-t-il en me regardant quitter la chambre.
Avant de refermer, je me rappelle un détail.
— Oh ! Hum... si tu as envie de prendre une douche, la salle de bain des invités est en face de la chambre d'Aaron. Tu trouveras un peignoir à la porte de la salle de bain. N'hésite pas à l'utiliser si tu en as besoin, il n'a jamais servi. Je l'ai acheté au cas où j'inviterais à dormir...
— Un homme ? sourit-il d'un air amusé.
Je pique un fard.
— Au cas où j'inviterai à dormir Madame O'Rourke, terminé-je encore plus mal à l'aise. Tu peux y aller si tu veux, personne n'y va.
— D'accord, merci.
Je hoche la tête en guise de réponse pour éviter de bafouiller ou baragouiner une phrase incompréhensible, et quitte la chambre avant de me précipiter vers la mienne pour ne pas me ridiculiser davantage.
À l'abri dans ma chambre, je pousse un profond soupir de soulagement. Je commençais à vraiment à être gênée, et j'ignore pourquoi d'ailleurs. Parce que j'accueille un homme autre que Jackson chez moi ? Parce que j'accueille un homme tout court chez moi ? Je ne saurais dire, en réalité.
Je ne sais pas ce que je ressens pour Reid. Il est gentil, Aaron l'adore, et j'ai l'impression qu'il y a eu un moment de flottement tout à l'heure. Mais je suis mal à l'aise vis à vis de Jackson. J'ai l'impression de le trahir. De remettre en question les sentiments que j'ai ressentie pour lui. Un an que je l'ai perdu, et je ne suis toujours pas prête à affronter son absence.

Une voix pour NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant