A bord de la voiture de Reid en direction d'un champs dont j'ignore la position, je repense à cette conversation étrange que nous avions eu tous les deux avant le départ. Je ne sais pas si c'est moi qui me fais des idées, mais j'ai l'impression que nous étions en train de flirter tous les deux.
Depuis la semaine dernière, j'ai l'impression que mon corps réclame le siens. Toutes les fibres de mon être avaient envie de quitter la chambre dans laquelle je m'étais enfermée après être allé voir mon fils, et entrer dans la sienne pour me jeter sur lui.
Je ne sais pas si c'est une bonne idée de me rapprocher de lui comme nous l'avons fait il y a une semaine. Certes sur le moment, cette intimité était délicieusement satisfaisante. J'avais besoin d'être rassurée et il était là pour me consoler. Sa chaleur m'avait enveloppée toute entière et je m'étais sentie en sécurité et désirée pour le première fois depuis des mois.
Ai-je tort de me rapprocher de lui ? De me laisser aller au plaisir et peut-être à la joie qu'il nous propose ?
Je l'ignore. Tout ce que je sais, c'est qu'Aaron semble être heureux à chaque fois qu'il voit Reid. Et tout ce que je veux, c'est son bonheur avant tout. Et l'avantage, c'est que Reid n'est pas quelqu'un de connu. Alors aucun risque que mon fils ne fasse à nouveau la une des journaux et aucun risque que qui que ce soit ne s'interroge sur ma personne. Personne ne me reconnaîtra ici. Alors peut-être devrais-je essayer de nous accorder une chance à Reid...— Nous y sommes ! s'exclame Reid en se garant devant un portail en bois, assez grand pour laisser passer un tracteur.
Je regarde autour de nous, et vois de la neige à perte de vue. Heureusement que j'ai été maligne et ai acheté des bottes de pluie pour ne pas mouiller nos chaussettes !
— Mais j'y pense ! Nous n'avons pas de luge Aaron et moi !
— Ne t'en fais pas, m'assure Reid en ouvrant la portière de sa voiture, laissant s'engouffrer le froid dans l'habitacle. J'ai celui de mon neveu et le mien. On aura qu'à en faire chacun notre tour.
Je descends de la voiture, imitée par Reid, et vais ouvrir à mon fils en attendant que l'homme aille chercher les deux luge dont il vient de me parler.
Enthousiaste et impatient, Aaron saute en-dehors du véhicule, à pieds joins dans la neige. Il prend aussitôt la direction du portail en fer vieilli par le temps, et sautille sur place lorsque Reid ferme le coffre arrière de sa voiture et nous rejoint avec les luges sous son bras. Il les passe entre les barreaux du portail et passe à son tour avant d'aider Aaron à l'imiter.
Une fois qu'il en a terminé avec lui, je m'exécute maladroitement et parviens enfin à passer avec l'aide de mon voisin en manquant de peu de le renverser sur mon passage.
Je fais face à Reid qui me sourit en me regardant dans les yeux, et je ressens comme un léger moment de flottement entre nous. Mon cœur rate un battement et je détourne le regard lorsque mon fils attrape la main de Reid pour l'entraîner avec lui. Je l'entends s'éloigner dans la neige et je me tourne vers lui à temps pour le voir attraper les luges et suivre Aaron loin des clôtures du champs.
— Tu viens ? M'invite l'homme en se tournant vers moi.
Je hoche la tête en souriant, et les rejoins jusqu'à quelques mètres plus loin, au bord d'une pente.
— Tu venais souvent ici ?
— Oui, tous les hivers aux premières chutes de neige. J'ai eu une enfance très heureuse. Mais ces moments-là font partis des plus beaux souvenirs que j'ai gardé.
Il installe la plus petite luge au sol et s'accroupit pour inviter Aaron à s'y asseoir. Une fois que mon fils y est installé, Reid lui montre qu'elle position prendre et où mettre ses mains pour se tenir fermement.
— Ecoutes-moi bien Champion. La luge va glisser le long de la pente. Tu verras, ce sera rapide. Ça ne fait pas peur du tout, et la neige te protégera si tu bascules hors de la luge. D'accord ?
Aaron hoche la tête, tout sourire, et suit les ordres de Reid. Ce dernier se lève, avertit mon fils qu'il va le pousser, et c'est avec bonheur que je vois mon fils descendre le long de la pente enneigée. La joie se lit sur son visage d'enfant. Joie que je n'avais que rarement vu ces derniers mois, jusqu'à l'arrivée de Reid dans sa vie.
Mon cœur se comprime de bonheur et je ressens l'envie de sautiller sur place comme une enfant.
— A nous ! m'annonce mon voisin.
Je tourne les yeux vers lui en haussant les sourcils.
— Nous... genre tous les deux ?
— C'est plus fun comme ça !
Je plisse les yeux en tentant de dissimuler un sourire, qui n'a pas grand effet compte tenu du bon moment que je passe.
— S'il te plaît ! Essayes de te laisser aller. Et fais-moi confiance.
— D'accord, accepté-je enfin face à son air suppliant.
Un large sourire victorieux et enfantin se dessine sur son visage et je saisis la main qu'il me tend pour m'installer à l'avant de la luge comme il me l'indique. Lorsqu'il s'installe derrière moi, je retiens mon souffle en sentant la chaleur de son corps contre le mien.
— Je vais pousser cette luge dans cette pente, m'intime Reid contre mon oreille déclenchant la chair de poule sur tout mon épiderme. Tiens-toi bien à cette poignée, et profite de cette descente.
Je hoche la tête silencieusement, essayant de contrôler les frissons qui me parcourent. Je dois faire appel à toute la volonté que j'ai en réserve pour rester concentrer.
Reid pousse la luge vers l'avant et elle se met à descendre rapidement sur la poudreuse. Les bras de mon voisin s'enroulent autour de ma taille et me tiennent contre lui. Mon fils, toujours en bas, joue avec la neige en faisant des boules de neige pour les lancer contre les arbres.
Lorsqu'on arrive enfin en bas de la pente, je perds brusquement l'équilibre et finis par chuter sur le côté, emportant Reid avec moi. Ce dernier me serre contre lui lorsque nous atterrissons dans la neige. À califourchon sur moi, il se met à rire et je l'imite aussitôt, laissant ma tête tomber dans la neige. Les pointes de mes cheveux deviennent vite froides et humide, se collant sur mes joues.
Reid écarte doucement mes mèches de mon visage et cesse de rire en posant sa main tiède sur ma peau gelée. Un silence s'est abattu entre nous deux, tandis que mon cœurse met à battre la chamade. Je sens la chaleur de son corps au-dessus de moi contraster avec la fraîcheur de la neige juste en-dessous de moi. Et lorsqu'un flot de souvenirs de ce moment intime que j'ai partagé avec Reid me revient en mémoire, je sens tout mon corps frissonner tout à coup. Ce n'est plus le froid qui m'envahit, mais cette douce chaleur qui c'était emparée de moi alors que nos mains se caressaient, que nos bouches dansaient l'une contre l'autre.
Du gras du pouce, mon voisin se met à caresser mon visage, réchauffant peu à peu mon épiderme. Je ferme les yeux, profitant de ce moment de douceur que je n'avais pas ressentie depuis de longs mois.
— Si tu savais combien tu es belle à cet instant... chuchote-t-il à quelques centimètres de mes lèvres que je viens d'entrouvrir sans m'en rendre compte.
Je me mords la lèvre inférieure, désirant qu'il m'embrasse. Je ne voulais pas brusquer les choses entre lui et moi. Pourtant, tout me pousse à me rapprocher de lui. L'instant présent, mon corps, et chaque molécule de mon être. Je n'arrive pas à résister à cette attraction qu'il m'attire à lui.
— Je sais qu'il est trop tôt et que l'on se connaît depuis peu tous les deux, mais je crois que je suis en train de tomber amoureux de toi, Clarke.
Surprise par les soudaines paroles de Reid, la bulle qui s'était installée entre nous se brise et me ramène à la réalité. Je tourne les yeux vers Aaron qui nous regarde curieusement à présent. Reid le remarque et se décide à se lever avant de m'aider à me remettre sur mes pieds. Je prends alors une distance raisonnable entre mon voisin et moi.
Mal à l'aise, je souris à mon fils qui recommence à jouer comme si de rien n'était , lorsqu'une pensée me frappe tout à coup. Une légère ride se creuse entre ses sourcils, que Reid remarque aussitôt qu'elle s'est formée. .
— Ça ne va pas ?
— Je me posais une question...
— Bien sûr. Tu sais que tu peux tout me demander.
— Je me demandais... Pourquoi tu n'as jamais eu d'enfant ?
Mon voisin fronce brusquement les sourcils. Je me rends alors compte que ma question est déplacée.
— Je suis désolée, m'excusé-je. Je ne voulais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas.
— Ce n'est pas ça.
Il soupire et s'installe sur la luge pour se tenir au sec.
— Il y a quelques années, je sortais avec une femme. Amanda. Ça faisait déjà plusieurs années que nous étions ensembles elle et moi et elle rêvait de fonder une famille avec moi. Mais moi j'étais jeune et idiot, et je n'avais pas les mêmes rêves qu'elle. Je faisais le métier de mes rêves, je réussissais dans ce que je faisais. Alors il était hors de question que je perde tout ça avec un enfant.
Je fronce les sourcils, curieuse de savoir quel métier il faisait pour que fonder une famille devienne une option qui nuirait à sa carrière. Mais je reste silencieuse, envieuse d'en apprendre plus sur Reid.
— Amanda a baissé les bras au bout de quelques temps. Elle m'a quitté. Et je la comprends, soupire-t-il en regardant mon fils jouer. Qui voudrait vivre avec un homme qui ne veut pas avoir d'enfants, alors que notre rêve est de fonder une famille ? Un an plus tard elle a rencontré un homme. Et il partageait le même rêve qu'elle de fonder une famille. Plus tard, elle a eu un enfant. Elle était heureuse.
Reid plisse les yeux, regardant droit devant lui, comme s'il cherchait les mots adéquats.
— Plus tard j'ai rencontré Erin qui partageait les même objectifs que moi. Pas de famille, juste sa carrière. Mais je ressentais un vide au fond de moi. Et c'est à ce moment-là que j'ai compris que tout ce que je recherchais depuis des années... ce vide que je cherchais à combler avec mon job, n'était autre que cette envie de fonder ma propre famille. Mais Erin ne veut pas avoir d'enfant. J'ai su ce qu'avait ressenti Amanda pendant si longtemps. Mais plus le temps passait, et plus quelque chose gonflait en moi, jusqu'à ce que je vous vois, Aaron et toi, marcher devant chez moi. J'ai compris que je ne voulais plus de cette vie solitaire, plus que jamais. Que Erin et moi n'avions rien en commun et que moi aussi je voulais avoir une famille bien à moi, et une femme que j'aime de tout mon cœur et un petit être à chérir. Il fallait que je connaisse la femme qui m'avait fait prendre conscience que je pouvais l'avoir, si je m'en donnais les moyens.
Il tourne les yeux vers moi, et je me mets aussitôt à rougir.
Est-ce que j'ai rêvé ou bien il est en train de me dire que je suis celle qui lui a ouvert les yeux ?
— Je suis désolée, murmuré-je en tournant les yeux vers lui. J'aimerai te dire que je comprends ce que tu ressens mais ce serait faux. La vérité c'est que je ne peux pas comprendre. Mais je peux t'affirmer que tu rencontreras quelqu'un un jour et qu'elle te donnera ce que tu désires. Ne baisses pas les bras.
Un sourire se dessine au coin des lèvres de Reid.
— Je le sais. Et tu peux me croire, je n'ai pas l'intention de baisser les bras.
Je retiens mon souffle lorsque son regard devient intense. J'ai l'impression de fondre dans ma doudoune, alors que je tremblais presque de froid il y a quelques minutes. C'est incroyable tout ce que je peux ressentir avec lui. Je peux être gênée et bouillir tout à coup de désir l'instant d'après.Brusquement, brisant la tension qui vient de s'installer entre Reid et moi, une boule de neige vient percuter le menton de l'homme. Tout aussi vite, il tourne la tête vers Aaron qui met une main devant sa bouche, le regard espiègle. Si je ne savais pas qu'il n'avait plus prononcé aucun son depuis la mort de mon mari et ma fille, je jurerai qu'il allait rire.
Reid bondit sur ses jambes et se met à courir en direction de mon fils en riant, avant de le prendre en chasse.
— Attends voir, petit garnement !
Et c'est ainsi que Aaron et moi, vivons la plus belle bataille de boules de neige que nous n'ayons réalisés.
VOUS LISEZ
Une voix pour Noël
RomanceCherchant à fuir un événement horrible de son passé, Clarke s'installe en Irlande pour refaire sa vie, seule avec son petit garçon qui ne parle plu suite à un traumatisme. Elle n'avait pas prévu de croiser la route de son beau voisin, Reid. Et sans...